EKATERINBURG, Russie (Reuters) — Le Président russe Dmitri Medvedev a déclaré hier qu'il souhaitait des explications de Téhéran sur les "éléments militaires" du programme nucléaire iranien. La Russie a développé d'importantes relations commerciales avec l'Iran au cours des deux dernières décennies, mais sous la présidence de Medvedev, le Kremlin a exprimé une préoccupation croissante quant à la menace potentielle que représenterait un Iran doté de l'arme atomique. "Je tiens à dire que l'Iran est pour nous un partenaire commercial assez actif et qui a passé l'épreuve du temps, mais cela ne signifie pas que nous soyons indifférents à la façon dont l'Iran développe son programme nucléaire, et nous ne sommes pas indifférents à la physionomie des éléments militaires de ce programme", a-t-il dit. "Nous attendons les explications appropriées de l'Iran à cet égard", a ajouté Medvedev lors d'une conférence de presse donnée avec la Chancelière allemande Angela Merkel à Ekaterinburg, dans l'Oural. Le Président américain Barack Obama cherche à obtenir le soutien de Moscou à un durcissement d'attitude envers Téhéran. En juin, la Russie s'est ralliée à une quatrième série de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran. Les pays occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir acquérir l'arme nucléaire, ce que nient les dirigeants iraniens. Dans un discours prononcé lundi, Medvedev soulignait pour la première fois que les Iraniens étaient en voie d'acquérir des armes nucléaires, ce qui constitue la déclaration la plus "franche" d'un chef du Kremlin sur le programme nucléaire iranien depuis au moins dix ans. "La Russie se montre encore plus directe dans l'expression de ses préoccupations (...) mais j'ignore si une information particulière en est la cause", a déclaré un diplomate occidental demandant à garder l'anonymat. Le Président russe a dit que des informations de différentes sources, notamment des services secrets, montraient que l'Iran développait son programme nucléaire militaire. "L'Iran doit trouver le courage d'engager une coopération pleine et entière avec la communauté internationale", a-t-il ajouté. Des diplomates notent que Moscou émet des avis variables sur la question du nucléaire iranien, poursuivant une coopération économique lucrative avec Téhéran tout en appuyant des sanctions de l'ONU contre l'Iran après avoir arraché des concessions aux Occidentaux. La Russie se prépare à mettre en service les réacteurs de la première centrale nucléaire iranienne, qui doit ouvrir avant la fin de l'année, et Moscou a pris soin mercredi d'apaiser les inquiétudes de Téhéran au sujet des sanctions en signant une "feuille de route" sur leur coopération énergétique à long terme.