Par Tijani BEN JEMAA(*) Nul ne doute que l'Internet est devenu un élément essentiel de notre vie quotidienne : qui pourrait se passer de son ordinateur au boulot pour écrire et échanger des documents de travail, envoyer et recevoir les e-mails devenus le moyen de communication presque instantané le plus facile et aussi le plus fiable, ou encore pour faire des réunions virtuelles avec des collègues ou des partenaires professionnels aussi éloignés qu'ils soient ? Et qui pourrait s'en passer à la maison pour vérifier par exemple si l'avion qu'il prendra partira bien à l'heure, pour s'assurer que la Cnam lui a bien remboursé ses frais de soins, ou pour communiquer par Skype avec son enfant parti faire des études à l'étranger ? Internet, cet outil magique est aujourd'hui en pleine métamorphose. Le nombre des domaines génériques de premier niveau comme .com, .org, etc. va passer de 17 actuellement à 500 l'an prochain, et environ 2.000 aux alentours de 2017. Cela veut dire que chacun pourrait avoir son propre domaine sous lequel il peut vendre ou distribuer gratuitement des noms de domaines. Chaque communauté ethnique, linguistique, culturelle ou autres, chaque société, chaque marque commerciale, chaque club sportif, chaque parti politique, etc. aurait la possibilité d'avoir son identité sur la Toile par un domaine générique de premier niveau. Aussi, les utilisateurs ne seront pas contraints d'acheter des noms de domaine trop longs, puisqu'ils auront l'embarras du choix des domaines alors que jusqu'à maintenant, la plupart des noms de domaine à 3, 4 ou même 5 caractères sont épuisés. Jusqu'en 2009, tous les domaines Internet de premier niveau et même de niveaux inférieurs étaient exclusivement en caractères latins. Les premiers noms de domaine internationalisés (IDN), en caractères non latins, ont vu le jour début 2010. Ils concernaient seulement les domaines codes de pays (comme .tn, .ru, etc.). Aujourd'hui, on peut avoir un nom de domaine générique ou code de pays entièrement écrit dans la langue que l'on veut, ce qui permet aux communautés qui ne comprennent pas une langue latine de faire des recherches de contenu, moyennant les noms de domaine internationalisés, et donc un accès à l'information et au savoir plus démocratique. Le 6 juin 2012 était la Journée mondiale du lancement du déploiement de la version 6 du protocole de l'Internet (IPV6). La version 4 (IPV4) permettait un peu plus de 4 milliards d'adresses IP. L'an dernier, toutes ces adresses avaient été épuisées, et les nouvelles demandes ne pouvaient être satisfaites que par l'IPV6. Cette nouvelle génération du protocole fournit un nombre presque illimité d'adresses, plus précisément 340 trillions de trillion de trillion d'adresses, soit environ 667 millions de milliards d'adresses IP disponibles par mm2 de la surface de la terre !!! Avec IPV6, on va pouvoir connecter non seulement plus d'utilisateurs, mais aussi plus d'objets, ce qui permettra un environnement intelligent, facilement contrôlable à distance. Internet de 2020 ne ressemblera pas à celui de 2009. Il sera multilingue aussi bien au niveau du contenu qu'à celui du système de nommage. Il permettra à tout un chacun d'avoir sa propre identité sur le Net à la condition d'en avoir les moyens, et il permettra la connexion d'un nombre quasi illimité de personnes et d'objets. L'Internet de demain sera entièrement multilingue, avec une abondance de connexions et de domaines. Mais serait-il un Internet au service du développement, capable de réduire la fameuse fracture numérique que nous voyons toujours béante ? *(Directeur exécutif de la Fédération méditerranéenne des associations d'Internet)