Le musée des Arts islamiques de Rakkada abrite une des plus belles collections d'art arabo-musulman en Tunisie. Ainsi, parmi les salles qui attirent la curiosité des chercheurs, figure celle consacrée à des échantillons précieux de manuscrits anciens de la mosquée Okba et du Coran sur parchemin bleu, en écriture dorée et qui nous permet de suivre les techniques de dorure, d'enluminure et de reliure pendant trois siècles. En outre, les visiteurs admirent de beaux feuillets de plusieurs Corans légués à la Grande mosquée par le souverain ziride et certains membres de sa famille, tels le Coran d'Al Mu'izz Ibn Badis, le Coran de Fatima Al Hadhina, gouvernante de Badis, qui date de 410H/1020 J.C. et des princesses Um Malal et Um Allulu, respectivement tante et sœur d'Al Mu'izz. Par la diversité de la forme, l'élégance de l'écriture et l'extrême richesse de leur ornementation, ces Corans illustrent encore une fois le degré d'évolution et de prospérité de cet art des manuscrits et du parchemin à Kairouan. Dans d'autres salles du musée, on peut admirer des spécimens de céramique kairouanaise, des objets en verre et en bronze, des carreaux de faïence et des lustres. En 2009, ce musée a fait l'objet de vol de manuscrits du IIe siècle de l'Hégire et les enquêtes ont permis d'arrêter le magasinier du musée qui a été condamné à 66 ans de prison. Cela sans oublier les vols des feuillets du Coran bleu au début et au milieu du XXe siècle. Et c'est ce qui explique l'existence de plusieurs dizaines de pages de ce Coran dans différents musées internationaux, sans que les responsables des institutions du patrimoine tunisien ne réussissent à récupérer ce précieux héritage.