• L'Association de Mégrine pour l'innovation et la sauvegarde : une jeune association qui se veut protectrice du patrimoine culturel et environnemental Ça fait un bout de temps qu'on n'a pas vu de voitures de collection faire une parade, depuis le temps des grands prix historiques de la ville de Tunis dont les anciennes voitures tunisiennes se faisaient rares. Hier, on a vécu une première dans la ville de Mégrine, dont la création date du début du siècle écoulé : une douzaine de voitures de collection, appartenant à des Mégrinois et autres amis de l'ancienne automobile provenant de Grombalia, Tunis et d'Hammam-Lif, ont sillonné les grands axes de la ville. Une parade dans les différentes localités de Mégrine, outre l'exposition des bolides devant la maison des jeunes de Mégrine-Côteau, siège d'une jeune association qui a organisé ce sympathique événement venant adoucir l'ambiance d'une matinée chaude de la banlieue sud de Tunis. En effet, c'est à l'occasion de son premier anniversaire que l'Association de Mégrine pour l'innovation et la sauvegarde (Amis) a programmé cette quatrième édition. Une année marquée par une grave atteinte au patrimoine de la ville, en l'occurrence la destruction d'une partie des historiques escaliers qui relient les deux côtés de la colline mégrinoise. Histoire à suivre... Une passion, des contraintes Pour revenir à la parade des anciennes voitures remontant à plus de 40 ans d'ancienneté, elle a connu la participation de coccinelles, Peugeots 404, 403, et 203, ainsi qu'une mini, une Renaut 4L et une 4CV. Les organisateurs de cet événement ont choisi comme thème pour la parade «Kharjet l'antika» (la parade de l'antique), comme message de promotion d'un certain patrimoine dont la colline de Mégrine dispose d'une importante richesse mais qui reste dans les garages des riverains. «Nous avons une centaine de collectionneurs tunisiens qui ont deux ou trois voitures de collection chacun et certains ont un nombre important de ce genre de bolides. Cependant, les collectionneurs ne trouvent pas d'encouragements de la part de l'Etat. Les pièces de rechange sont introuvables, ce qui rend la réparation de ces voitures difficile. De même, on n'a pas le droit d'importer des voitures de collection, ainsi ce genre de parc reste restreint en Tunisie. En outre, les problèmes de taxes et d'assurances dont les montants sont exagérés pour les collectionneurs qui n'utilisent leurs voitures que trois ou quatre fois par an. Les jeunes ne sont pas, ainsi, motivés pour acquérir d'anciennes voitures. Je pense qu'en facilitant un peu les formalités administratives, ce patrimoine sera plus important...», a enchaîné l'un des plus anciens et reconnus collectionneurs tunisiens, M. Ezzeddine Ben Amor, qui vient porter soutien à l'équipe de l'Amis. De son côté, Daoud Gharbi, participant à l'événement avec une coccinelle 1300 datant de 1969, a affirmé que le fait de ne pas avoir un statut pour les voitures de collection rend les choses difficiles quant à la visite technique et aux taxes à payer. «C'est une passion qui coûte cher et qui prend du temps pour intégrer les circuits des passionnés. C'est une passion de jeunesse dont j'ai attrapé le virus en 1988 alors que j'assistais à un grand meeting international des coccinelles en Belgique. Il y avait plus de 1.200 coccinelles à cet événement, ce qui était phénoménal et m'a donné l'envie de m'en procurer une. A cause des contraintes matérielles, il m'a fallu du temps pour avoir ma coccinelle et c'était en 2010 grâce à un ami collectionneur. D'ailleurs, ma voiture est plus âgée que moi de quelques mois ! Je me demande pourquoi ne pas recenser tous les collectionneurs tunisiens d'anciennes voitures ? Ça peut aider à trouver des idées innovantes pour promouvoir ce patrimoine», a-t-il ajouté. La coccinelle 1300 de Daoud a été bien modifiée, ou tunisifiée, par le team AM Tuning avec une teinture bleu roi, dotée de flammes blanches. Le bas de caisse, l'avant et l'arrière sont modifiés en fibre de verre avec des courbes bien bombées. La coccinelle est devenue plutôt sportive avec deux sièges pilote Sparco, un levier de vitesse à rapports courts et un volant sport en cuir et aluminium. Daoud a ajouté à la petite coccinelle des options de confort dont les vitres électriques mais elle reste tout de même une coccinelle. D'ailleurs, essayant de la redémarrer pour partir après la parade, elle n'a pas voulu démarrer. Signe de vieillesse ou juste pour rappeler à son proprio qu'elle a besoin d'entretien ? Plus qu'un bolide... une histoire La voiture peut être aussi un membre d'une famille. C'est le cas de la Renault 4L (vert pâle) âgée de 30 ans, de Salem et Béatrice Fkih. Le couple affirme que cette voiture a une valeur sentimentale pour eux avant tout. «D'ailleurs, nos enfants, assez âgés maintenant, refusent de la vendre...», remarque Béatrice, alors que Salem, son mari, souligne qu'ils utilisent quasi quotidiennement leur «4L»... Pour Bessem Ariguib, président fondateur de Amis, et Mohamed Haykel Khomsi, chargé de la communication, cette association œuvre sur plusieurs axes dont la préservation de l'environnement, la promotion des activités socioéconomiques, culturelles et sportives, outre la restauration et l'innovation du patrimoine architectural de la ville de Mégrine. L'une des actions en cours de l'association est la restauration des escaliers de Mégrine dont les monuments historiques vont être répertoriés par Amis. Bonne continuation...