Des moments agréables, voire uniques, que nous a offerts le grand artiste militant, auteur-compositeur et interprète libanais Marcel Khalifa, lors de son concert donné à l'amphithéâtre d'El Jem mardi dernier. Accompagné de son instrument fétiche et arme de combat, le luth, le chanteur a enflammé un public présent en force. Un public, venu en masse, savourer ses chansons à textes engagés des années 70, gravés dans les mémoires des grands et des jeunes. Avec beaucoup d'enthousiasme, le chanteur, accompagné par sa troupe Mayadine et la charmante chanteuse à la voix angélique Oumayma Khalil débuta son concert avec un premier titre intitulé Hiloua, en duo avec la voix sublime, forte et puissante de Oumayma; ils nous ont offert un morceau joyeux aux rythmes colorés accentués par le mariage fantastique entre le son des instruments à percussions et celui des cordes créant un métissage homogène célébrant la joie de vivre et les notions universelles de l'amour, de la passion et du bonheur. Changement de registre ensuite avec bayni w baynek, al kamanja tabki , des chansons à thème, joués et chantés dans un style engagé et qui traduisent la souffrance des peuples arabes, et la nostalgie d'une patrie perdue allant de la Palestine, en passant par la Syrie, jusqu'à l'Iraq. Ces titres aux tonalités graves et tristes accentuées par les notes du piano et du violon et qui décrivaient à merveille la douleur, la lutte et le combat éternel pour la liberté, ont clairement apporté de l'émotion auprès de l'auditoire. Dans le même sillage, la cantatrice Oumayma Khalil a interprété, en solo, son tout dernier titre en hommage aux enfants martyrs du monde arabes «Mohamed Yaaich».Accompagnée du luth, elle lance un cri contre toute forme d'injustice et revendique les droits des enfants. Rien ne peut décrire l'admiration du public, lorsque Marcel Khalifa a joué les premières notes de Mountassiba Alkamati amchi, le titre tant attendu par l'auditoire qui s'est mis aussitôt à chanter avec lui, savourant les paroles de style littéraire très recherché et qui expriment la notion de la dignité et le combat pour la paix. La voix et la magie du texte ont transposé l'assistance pendant un moment vers un autre monde qui célèbre l'amour de la patrie, l'amour de la femme, et les valeurs universelles en l'interpellant à réfléchir sur ces notions avec Rita et Asfour tal mni chobak. Ce grand artiste, toujours fidèle à son style engagé, a salué ensuite chaleureusement le public tunisien révolutionnaire en lui dédiant une chanson intitulée Inhath ya thèyir. Le luth, les instruments à percussions qui se sont mariés à merveille créant une sorte de brassage musicale de tous les genres, se sont parfaitement fusionnés, offrant une mélodie à la fois harmonieuse et révolutionnaire. Le chanteur enchaîna ensuite par un titre hommage à tous les prisonniers d'opinion dans un style purement déchainé mis en relief par des notes de luth, du piano tantôt fortes et aigues et d'une rythmique accentuée. Le poète palestinien Mahmoud Darwich, disparu il y a quelques années, a été présent dans la soirée avec son poème Aynani talentueusement et tendrement chanté par notre artiste. Le spectacle s'acheva avec Ya bahria, merveilleusement exécuté par toute la troupe qui, créant un dialogue entre les différents instruments, a mis en relief l'adresse et la virtuosité des musiciens. Ce fut une soirée mémorable.