Contre toute attente, le rap n'a pas bien fonctionné ce coup-ci sur la scène de Hammamet, malgré la programmation de deux grands noms de la scène. Delahoja, groupe de rap espagnol, accompagné de Férid Extranjero, n'avaient pas déja drainé la foule. Idem pour Balti and friends qui se produisaient, avant-hier soir, sur la même scène. Qui aurait pu soupçonner que Balti ne ferait pas le plein et que les gradins du théâtre de Hammamet resteraient à moitié vides. Il ne s'agit pas de manque ou d'absence de promotion. Delahoja remplit des stades de 100.000 spectateurs et Balti faisait jusque-là salle comble. Et pourtant... Les jeunes qui appréciaient tant ce genre de musique, s'en sont-ils lassés ? On est tenté de croire que le rap est passé de mode et qu'il ne draine plus que quelques fervents amateurs. Mais au-delà du nombre de spectateurs, ceux qui ont assisté à la prestation du rappeur ont été ravis par sa prestation. A la fin du spectacle, plusieurs fans se sont précipités dans sa loge pour prendre des photos-souvenirs avec lui. Qu'est-ce qui fait que de tous les rappeurs de la place, Balti soit le plus apprécié ? Est-ce son charisme ou la langue de la rue qu'il utilise pour ses chansons dont il écrit les paroles et compose la musique ? Son rap, s'il est proche des gens parce qu'il traite de problèmes sociaux et politiques, certains adeptes de ce genre estiment que le rap de Balti est devenu plus commercial, avis qui ne gênent pas du tout le rappeur qui pense que le rap, même s'il est dans l'engagement, n'est pas incompatible avec l'argent. Le jeune rappeur de Sidi Hassine, où il est né, a galéré durant des années pour rencontrer le succès et la reconnaissance. Il est l'un des premiers à monter sur scène à l'époque de la dictature de Ben Ali. Il a drainé derrière lui plusieurs autres jeunes rappeurs assoiffés d'expression. Grâce à leur rap politiquement incorrect, ils ont participé activement à dénoncer la corruption, à révéler les misères, le chômage, l'immigration clandestine et bien d'autres injustices et de souffrance subis par le peuple. Une année après la révolution, le public commence vraisemblablement à se lasser de cette musique redondante et aux textes pas toujours innovateurs. Balti sait y faire pour tenir en laisse son public conquis toujours d'avance. Il laisse patienter longtemps ses fans pour se faire mieux désirer et donne l'opportunité à des révélations comme Omar et Chayma, déjà présents dans le show de Delahoja, puis OJ avant de faire une entrée fracassante sur scène en chantant ses succès que l'assistance connaît par cœur. Et comme toutes les vedettes, Balti a laissé ses fans chanter à sa place ou à lui servir de chorale. Puis il cède la place à Zied et Omar et ensuite à Mustapha, tous des potes qu'il veut lancer sur la scène du rap. Et lorsqu'on approche vers la fin du spectacle, la chanson tant attendue «Jay min rif lil assima» d'après une idée d'un jeune du Sud, est la cerise sur le gâteau que tous attendent avec impatience et désir. Exalté, le public de Balti, hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes, lui a réservé une belle ovation qui a traversé la rue d'où il est issu.