• Aucune décision concrète concernant la Constitution, les élections et les instances nationales La Troïka a tenté hier de reprendre la main et d'envoyer des messages rassurants en affichant une image soudée à l'occasion de la célébration de la fête de la République. Les trois dirigeants ont présidé une réunion plénière solennelle spécialement organisée au siège de l'ANC. Mais l'exercice était difficile et l'ambiance tiède. Dans l'hémicycle, plusieurs ténors de l'opposition avaient préféré boycotter la cérémonie. Il a été remarqué la présence de plusieurs chefs de missions diplomatiques, des membres du gouvernement, et de quelques grandes figures du pays et de la société civile. Des échanges en aparté ont eu lieu, à l'instar de celui engagé avant la cérémonie entre Houssine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt et Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, où le premier parlait avec verve et le deuxième écoutait. Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et Hamadi Jebali avaient tous trois un exercice difficile devant eux après les agitations institutionnelles et somme toute personnelles des dernières semaines. Ce jour, cependant, est un jour où les valeurs républicaines se devaient d'être invoquées et mises à l'honneur : égalité, démocratie, Constitution, élections. Tel fut le cas. Déroulé du catalogue des promesses Le président de l'ANC, en maître des lieux, a donné le coup d'envoi par une allocution qui s'est voulue consistante et conciliante. En martelant des évidences, comme la symbolique des lieux, la nation est au dessus de tous, la consécration des revendications de la révolution et des valeurs des droits de l'Homme. Toujours selon le président de l'ANC, l'heure est à l'élaboration de la Constitution et l'avènement d'une deuxième République. Le président provisoire de la République, Mohamed Marzouki, deuxième à avoir pris la parole, a pris soin de lancer dans un message clair que la révolution a été apportée par le peuple et que nul ne peut prétendre en être le pourvoyeur. Il a alerté contre les propensions naturelles de l'individu à monopoliser le pouvoir, et cité à ce titre le poète El Moutanabi. Dans un sursaut de regret tardif et vain, le président a insisté sur la nécessité d'une répartition judicieuse entre les attributions des deux présidents de l'exécutif. La création d'une cour constitutionnelle a été une revendication commune des deux orateurs. Le chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali, a invité, dans son discours, toutes les parties à instaurer un climat politique serein. Il a demandé à ce que « le combat stérile» entre deux pôles et la polarisation de la société cessent, pour créer un modèle unique pour la Tunisie. Il a insisté sur l'élaboration d'une Constitution de concorde et réitéré ses promesses pour la tenue des élections promises à la date du 20 mars. Mais, comme les partis d'opposition et Kamel Jendoubi président de feu l'Isie n'ont cessé de le répéter, les délais ne seront vraisemblablement pas suffisants pour tenir cette promesse, sachant que l'instance électorale ne fonctionne toujours pas. Car plusieurs piliers de la démocratie ne sont toujours pas en place: la rédaction de la Constitution est en retard, et les projets de loi sur les médias, la magistrature et les élections sont toujours annoncés sans le moindre début de discussion. Cette fête de la République représente beaucoup pour l'ensemble des Tunisiens qu'ils soient politisés ou pas. Et, justement, beaucoup d'entre eux se sont demandés pourquoi aucune manifestation festive ni autres spectacles de rue n'avaient été prévus pour célébrer cette fête nationale, et pourquoi donc, les drapeaux étaient curieusement absents des grandes artères et places de la ville. 1.300 détenus bénéficient d'une grâce présidentielle La Présidence de la République a annoncé, hier, sa décision de gracier quelque 1.300 détenus, à l'occasion du 55e anniversaire de la proclamation de la République. Selon un communiqué rendu public par la Présidence de la République, l'annonce de cette décision intervient à l'issue de la rencontre que le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a eue, ce matin, au Palais de Carthage, avec le ministre de la Justice, Noureddine B'hiri.