• Artistes précoces et exceptionnels, Dame Nature n'a pas été avare avec les frères Gharbi pour leur prodiguer bienfaits et faveurs. Avec des doigts qui flirtent voluptueusement avec les cordes et l'archet, ils ont le don de faire jaillir la limpidité cristalline des sons et le sortilège magique des notes. L'esprit de sérieux par lequel les jumeaux Gharbi, Béchir et Mohamed, font tout avec application et gravité et loin de toute prétention contre-productive, est une de leurs particularités. Le désir d'aller toujours de l'avant est à la hauteur de leur ambition et à l'échelle de leur projet. Il est donc légitime qu'avec ce mental de gagneur ils aient pu faire tout ce chemin. Voilà qu'après mûres réflexions, ils viennent de poser le premier jalon dans ce qui sera, on n'en doute pas, l'édifice d'une carrière fort prometteuse. Tout nous porte à croire qu'il en sera ainsi. L'unanimité qui se dégage autour de leur nom, les témoignages d'admiration rendus en leur honneur et les signes d'encouragement prodigués à leur encontre par des sommités en matière de référence musicale ne laissent plus de place au doute. De Mourad Sakli à Mohamed Mejri, de Mohamed Zinelabidine à Malek Ellouze, leur mentor et pygmalion, puissants manitous de la musique savante, dont l'avis fait autorité, ne jurent que par les Gharbi. Il en va de même dans les pays d'Orient où leur passage au Caire et aux Emirats a laissé des traces. En 2008, la télévision iranienne était à Tunis pour un reportage sur ces nouveaux génies de la musique qui ont ébloui les membres du consortium de musique arabe ainsi que Ratiba Hefni, directrice de l'Opéra du Caire, lors du concert donné en leur honneur par Mourad Sakli au Palais du Baron d'Erlanger, à Sidi Bou Saïd, en avril 2007. A propos de leur talent, Mohamed Mejri nous a révélé qu'un éminent professeur de l'ISM de Tunis s'est écrié en les écoutant jouer pour la première fois à l'institut : «Que peut-on vous apprendre que vous ne saviez déjà!». De Ennejma Ezzahra à l'IMA Dernièrement, Béchir, le luthiste, et Mohamed, le violoniste, ont produit leur premier album qu'ils ont intitulé Khawater (Feeling). Il comporte sept titres, un condensé intégral du programme qu'ils ont présenté en mai 2009 à Kairouan à l'occasion de la désignation de cette ville comme capitale de la culture islamique, et le 19 octobre 2009 au Palais Ennejma Ezzahra. Le 10 avril 2010, ils se sont produits à Sousse avec le grand virtuose du qanoun, le Turc Göksel Baktagir. Subjugué par l'impressionnante habileté technique et artistique et par l'expressivité et la mélancolie de ce «feeling», ce dernier leur a carrément proposé de collaborer avec lui. Ce qui en soi est un témoignage de reconnaissance qui vaut son pesant d'or. En attendant, Béchir aura l'insigne honneur d'étaler toute l'étendue de son savoir-faire de magnifique luthiste prochainement, en juin 2010, à l'Institut du monde arabe, à Paris, au cours d'une manifestation intitulée «La Journée du oud» qui réunira la fine fleur, l'élite de la pratique du oud dans le monde arabe, en Turquie et en Iran. Toujours empreint de sensibilité et d'émotion, le jeu de Béchir Gharbi se distingue par un regain de vitalité, d'entrain et de souffle créateur, indispensable pour parsemer et saupoudrer de notes bleues les différentes modalités et techniques instrumentales du oud.