Sous le slogan «Le luth dans tous ses éclats», l'Institut du monde arabe à Paris organise du 10 au 19 juin la 11e édition de son festival de la musique qui, vu la programmation, semble bien porter son nom. En effet, avec le luth comme principal argument, seize musiciens, du Machrek et du Maghreb, maîtres confirmés ou jeunes talents prometteurs, feront naître sous leurs doigts des rythmes que nul cœur ne peut ignorer, quelle que soit son origine. Pour l'Institut du monde arabe, il est tout aussi essentiel avant d'entamer ce festival de présenter son instrument d'honneur. Ainsi, dit-on : «Parti de l'Orient arabe, le luth a suivi divers itinéraires pour parvenir en Italie et en Andalousie musulmane, devenant l'un des instruments essentiels de la musique arabo-andalouse. Les Cantigas de Santa Maria (milieu du XIIIe siècle) présentent l'une des premières manifestations du luth dans la culture européenne. Avec l'essor du jeu polyphonique, il devint ensuite un instrument majeur, grâce à l'adjonction des frettes sur le manche. Bien qu'il soit l'instrument du soliste, le luth a toujours accompagné les orchestres. Il fallut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour voir l'éminent musicien irakien Mounir Bashir le libérer de l'hégémonie de la sonorité vocale et l'imposer sur scène comme seul instrument de concert. Depuis lors, nombreux sont les luthistes de qualité, tels l'Irakien Naseer Shamma, le Syrien Kadri Dalal, le Marocain Saïd Chraïbi et le Tunisien Anouar Brahem, qui brillent en solo en faisant chanter leur luth». Une présence tunisienne de qualité Parmi les artistes invités, trois Tunisiens meubleront deux des soirées du festival. Il s'agit d'abord du jeune Bacem Ala Yousfi qui jouera le vendredi 11 juin, suivi de Farid Bensarsa et Nacereddine Benmrabet d'Algérie et Mohamed Abozekry d'Egypte. «Diplômé du Conservatoire national de Tunis en musique orientale, ce passionné de oud a poursuivi sa formation musicale à la Maison du luth arabe, au Caire. Il a rejoint récemment l'Oud Jam Trio, en compagnie du batteur Arnaud Ehrlich». Et, dans la soirée du 18 juin, un duo tunisien baptisé «Luths Associés» réunira Béchir Gharbi et Malek Ellouze. Béchir Gharbi, «né en 1982 à Bizerte, a entamé l'apprentissage du luth à l'âge de 12 ans ; et à 16 ans, il a été le plus jeune soliste à être accompagné par l'Orchestre symphonique tunisien. Actuellement, il se consacre à la création musicale en duo avec son frère jumeau Mohamed, virtuose du violon. Ils ont produit leur premier CD, intitulé Khawater, inspiré de courants musicaux divers : classique arabe, turc, indien, jazz...» Quant à Malek Ellouze, «élève du grand maître Ali Sriti, il a obtenu son diplôme de musique arabe en 1981, à l'âge de 16 ans. Membre du Club El Farabi de musique arabe depuis 1986, il se consacre à la recherche des trésors de l'époque de la Nahdha (musique arabe des années 1850-1950)». L'association de ces deux luthistes à l'occasion du Festival a pour but de rapprocher deux styles de jeu différents, mais complémentaires. Le programme présenté est composé essentiellement de morceaux de leurs compositions, ainsi que de certaines réinterprétations du répertoire classique arabe. La Tunisie devra donc gagner avec aisance le pari de sa représentation lors de ce festival, avec différentes générations qui y participent, tout en faisant connaître à un large public, des artistes selectS. Un arc-en-ciel musical Cet arc-en-ciel qui commence du Machrek et qui va jusqu'au Maghreb est dans le même temps porteur de l'universalité de la musique. Nous y retrouvons les couleurs de la Syrie avec Feda Majd Shaer, Kadri Dalal et Khaled Al-Jaramani, de l'Algérie avec Mehdi Haddab, Lotfi Attar, Farid Bensarsa et Nacereddine Benmrabet, du Maroc avec Azzeddine Montassere, Karim Tadlaoui et Driss El Maloumi, de l'Irak avec Saâd Mahmoud Jamal et puis de la Palestine avec Ahmed Al-Khatib, Iyad Haimour et le fameux Trio Joubran qui a été invité à deux reprises au festival de Hammamet (2008 et 2009). «Samir Joubran, l'âme de ce trio fondé en 2004, est né en 1973 à Nazareth, en Galilée. Son père l'initie au oud dès l'âge de cinq ans. En 1995, il achève ses études au prestigieux Conservatoire du Caire. Son premier album, Taqaseem, sort en 1996, suivi de Sou'fahm en 2001. Il arpente alors toutes les scènes du Moyen-Orient puis celles d'Europe. Partout célébré pour la virtuosité de son jeu, il est très rapidement sollicité pour de nombreuses collaborations, notamment avec de grands poètes tels que Mahmoud Darwish, à qui le trio rendra hommage dans un album particulier, et ses titres sont également repris dans plusieurs films dont Le dernier vol de Karim Dridi. C'est avec la Palestine au cœur et une volonté insatiable de faire parler le oud que Samir Joubran parcourt le monde avec ses frères, Wissam, né en 1983, à la fois virtuose et facteur des luths de la formation, et Adnan, né en 1985. Le quatrième mousquetaire, Youssef Hbeisch est un grand maître des percussions». Une programmation digne de faire tourner la tête des plus amoureux du luth et de ceux qui désirent le découvrir, sous ses meilleures facettes : Le programme Jeudi 10 juin 2010 Syrie : Feda Majd Shaer Palestine : Ahmed Al-Khatib Algérie : Mehdi Haddab et Lotfi Attar Vendredi 11 juin 2010 Tunisie : Bacem Yousfi Algérie : Farid Bensarsa et Nacereddine Benmrabet Egypte : Mohamed Abozekry Samedi 12 juin 2010 Maroc : Azzeddine Montassere Palestine : Le Trio Joubran Jeudi 17 juin 2010 Maroc : Karim Tadlaoui Syrie : Kadri Dalal Vendredi 18 juin 2010 Syrie : Khaled Al-Jaramani Tunisie :Duo Malek Ellouze et Béchir Gharbi Palestine : Iyad Haimour Samedi 19 juin 2010 Irak : Saâd Mahmoud Jamal Maroc : Driss El Maloumi