La direction du festival international de Sousse a vu juste en programmant trois soirées de suite (31 juillet-2 août) au musée de la ville, consacrées toutes au malouf. Ce fut une autre occasion pour célébrer ce genre musical traditionnel qui avait fleuri et s'était enrichi en Andalousie médiévale, dans les cours royales et les jardins des Délices des villes espagnoles de Cordoue, de Séville et de Grenade. Certes, les trois spectacles programmés, animés respectivement par la «Troupe du malouf maghrébin de la ville de Sousse», la «Troupe de la jeunesse Maloufna de la ville de Monastir» et par la «Troupe du Tarab arabe de la ville de Sfax», n'ont pas suscité d'engouement particulier du large public, mais les rares connaisseurs qui ont garni l'espace du musée se sont vraiment régalés avec ce patrimoine musical et cette synthèse du brassage des civilisations arabo-andalouses. Comme son nom l'indique, le malouf rime avec fidélité à la tradition. Et c'est dans cet esprit que les trois troupes ont rendu hommage à cet héritage musical qui avait essaimé sur tout le pourtour méditerranéen. Le public restreint a pu ainsi apprécier la profondeur, la saveur et la variété de cette musique apportée par les immigrants andalous chassés par la Reconquista espagnole. Tour à tour, ces troupes se sont évertuées à remonter le temps et à éveiller les belles nostalgies avec ce trésor de la Rachidia tunisienne et ce patrimoine constantinois de l'Algérie voisine. Toutes les formes de ce chant traditionnel, mêlant pièces instrumentales et vocales, ont été brillamment reprises au grand bonheur des quelques mordus présents. Du «muwashah» au «qacid» et de la «nouba» à la «wasla», en passant par le «zajal» en finissant par le «chghol» et les chansons dans les modes typiquement tunisiens, tout a été passé en revue durant ces trois soirées nostalgiques et de qualité. On a eu également droit à des morceaux du répertoire soufi et liturgique, tout autant que les «nouba», pièce maîtresse de cette musique andalouse. Instruments à cordes et à vent (naï), ainsi que les percussions étaient bel et bien présents pour alterner les rythmes lents et allègres de cette musique si suave et si agréable. La troupe du «Tarab arabe de la ville de Sfax», qui a clôturé les soirées de fidélité au malouf tunisien, a mis la cerise sur le gâteau en rendant un vibrant hommage au grand musicien feu Mohamed Jamoussi, par un tour de chant qui a ravi toute l'assistance. Peut-on, en conclusion, ne pas relever la rareté des vrais mélomanes et des fans de musique classique tunisienne? La preuve, c'est que les trois soirées réservées au malouf, un genre supérieur, ont drainé à peine une centaine de spectateurs. Désolant...