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Aux racines de la musique et du chant tunisiens
Nostalgie, nostalgie…
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 08 - 2010

La mémoire est courte, dit-on. Celle du public des mélomanes l'est d'autant plus qu'une couche épaisse d'oubli enveloppe de grandes figures malheureusement insuffisamment médiatisées en leur temps. Il en est ainsi de feu Abdelaziz Jemayel, une incontournable référence en matière de maâlouf et de chant andalou et maître de grandes lignées de musiciens émérites.
Le club du maâlouf
De par son métier de fabricant de luths, il a été happé très vite par la passion de la musique. Son petit atelier a été tenu par la suite par ses propres enfants. En fait, dans un coin de cet atelier se trouve une petite pièce appelée El Khalwia d'où sortirent des générations d'artistes dont le plus grand d'entre tous, Ali Riahi.
Un coin doré, assurément. Né rue Gharnouta, à Tunis, en 1895, Abdelaziz Jemayel a poursuivi ses études à l'école Sadiki. D'origine kélibienne, son père était notaire à Rahbet Sidi Jebali. Il n'allait pas pousser plus loin sa scolarité, puisqu'il préfèra se consacrer à la fabrication des chéchias.
Avant de pratiquer la menuiserie, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Si Abdelaziz fréquentait avec ses amis un club situé près du café Sidi Amara, à Halfaouine. C'est là qu'il apprit quatre noubet du Maâlouf des mains de Mohamed Mayel :El maya, Edhil, Al Irak, et Al aspahan.
Un an durant, lui et Mohamed Dérouiche, Béchir Jouini, Azouz Galalou et bien d'autres ont puisé aux sources de la musique authentique.
L'année suivante, ils suivirent les cours de cheïkh Ouerdiane, un érudit des arts tunisiens qu'il a eu le mérite de mettre en relief à travers le pays.
Des menuisiers musiciens !
Le hasard a voulu que la plupart de nos grands artistes aient pratiqué la menuiserie. Parmi ceux-là se trouve Mohamed Boudaya, défenseur jaloux d'un maâlouf pur et dur et lui aussi, grande référence pour tout ce qui touche aux mouachahat en Tunisie.
Menuisier de son état, il eut la bonne idée de fabriquer une flute dans laquelle il s'amusait à souffler à ses heures perdues. Il apprendra par la suite à jouer de la zokra.
Boudaya maîtrisera également 13 noubas de feu Sidi El Karray et fréquentera assidûment l'atelier de Abdelaziz Jemayel et sa fameuse El Khalwia aux côtés de Khemaïes Ternane. Il fit la connaissance de Fadhila Khetmi qui apprenait des bacharifs turcs des mains de Farouz El Ahfadh. Cet enseignement touchait au Rast, Essika, El Jaharka, El Hijaz, Enaoua, El Hosseïn, El Irak, El Orj, El ochak, Echourk et Essaba.
Mais Mohamed Boudaya avait un faible pour naoubet eddhil.
Le plus grand gala
L'un des plus beaux souvenirs concernant feu Boudaya se rapporte au plus grand gala organisé à Sfax. C'était le gala de mariage de l'un des enfants de l'artiste Mohamed El Euch.
En 1923, Boudaya conduisait ce soir-là une troupe composée des plus grandes figures de la musique tunisienne dont Khemaïes Ternane et Mohamed Kadri.
Au cours de ce méga-gala furent égorgés 40 moutons, 17 bœufs et 100 poulets !
Fattouma El Kerkennia, la pionnière
Il faut rappeler qu'à Sfax, la première femme à avoir épousé une carrière artistique fut Fattouma El Kerkennia qui, comme son nom l'indique, est née à l'Ile de Kerkennah, mais pratiquait ce métier dans la capitale du Sud.
En 1906, elle présentait des concerts au Fondouk, c'est-à-dire dans une écurie pour les bêtes‑! Chose impensable, néanmoins attestée par Mohamed Boudaya lui-même.
A côté de Fattouma s'exhibaient dans ces concerts sa sœur Aziza, et une certaine Aziza Ettounsia.
Tout y passait, chant, danse, mouachahat andalous… Fattouma reprenait aussi des airs d'Oum Kalthoum. En 1912, la première fanfare a vu le jour à Sfax en même temps qu'une troupe théâtrale sur initiative de Hédi Chennoufi (l'oncle du musicien Naceur Zghonda).
Revenons à feu Mohamed Boudaya pour raconter cette anecdote. En 1922, un citoyen allemand en visite dans notre pays rencontra le baron d'Erlanger à Sidi Bou Saïd.
Le baron est lui aussi allemand, mais né à Londres le 15 mars 1866. Il débarqua à Tunis, au début du siècle dernier, et tomba sous le charme de la cité «Sidibou» où il construisit le fameux palais portant son nom.
Le baron d'Erlanger s'y installa jusqu'à sa mort le 29 octobre 1932. L'amoureux transi du charme secret de Sidi Bou Saïd s'est intéressé à la musique arabe, consacrant un quart de siècle de son existence à en étudier les origines et les techniques.
Il s'intéressa plus particulièrement aux airs du chant tunisien.
Le baron rassembla ainsi une équipe des plus grands artistes et chercheurs en matière musicale qui travaillèrent sous sa conduite dans le cadre de son palais des Mille et Une Nuit. Ont fait partie de cette équipe cheïkh Ahmed El Ouafi, Mohamed Ghanem, Ali Dérouiche, invité d'Alep, en Syrie pour enseigner et jouer de la flute (naï)… Et c'était là le noyau de ce qui allait devenir la Rachidia en 1934. Khemaïes Ternane rejoindra ce groupe pour enseigner le luth.
Le baron et son hôte allemand
Autre œuvre colossale que nous devons au baron Rudolf d'Erlanger‑: un recueil en six tomes consacrés aux fondements de la musique arabe et rédigé avec l'assistance de Manoubi Senoussi (1901-1967).
Donc, cet Allemand qui rencontra en 1922 le baron se déplaça ensuite à Sfax pour enseigner le maâlouf. A Jebeniana, il fit la connaissance de Mohamed Ben Othmane.
Mohamed Boudaya, accompagné de sa troupe, se fit présenter au citoyen allemand. Un gala a été organisé à son intention où on joua l'art andalou et des airs tunisiens.
Quelle ne fut la surprise du cheïkh Boudaya en voyant son hôte sauter de son banc pour se mettre à danser sur des airs qu'il connaissait parfaitement. Eh bien, l'Allemand lui raconta qu'il était tombé amoureux de cet art andalou et tunisien en écoutant des prisonniers de guerre tunisiens, tous originaires du Cap-Bon (Nabeul, Soliman, Béni Khiar, Korba…) et qui combattaient sous les couleurs de la France. Ces prisonniers furent capturés en France par son père, un officier de l'armée allemande.
Il les écoutait religieusement chanter Nawbet Edhil, Chghol fah el ward, Yaâ zamane el inchirah. Il apprit vite ces mouachahat venus d'Andalousie. Et c'est peut-être là le secret de la grande maîtrise de la musique tunisienne, notamment de ses dérivés venus d'Espagne du temps des splendeurs andalouses.


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