La commémoration de la promulgation du CSP est une opportunité renouvelée pour réaliser d'autres acquis pour les femmes et faire face aux propositions rétrogrades et passéistes présentées par certains courants politiques «Alors que nous nous apprêtons à fêter le 56e anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel (CSP), nous sommes surprises par les débats et les positions prises au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui ont pour but de remettre en cause le principe de l'égalité entre les sexes et de refuser la reconnaissance des droits humains des femmes. Ces positions frappent de plein fouet la citoyenneté et la dignité des femmes», tels sont les propos des membres fondatrices de l'Association tunisienne des femmes démocrates, prononcés à l'occasion de la commémoration de la promulgation du Code du statut personnel (CSP) et de la fête nationale de la femme. Mécontentes, les membres de l'Association considèrent que la célébration, cette année, de la fête de la femme se tient dans des conditions difficiles et critiques, «qui constituent un tournant décisif dans l'histoire du pays, qui sera doté prochainement d'une nouvelle constitution. La proposition faite par certains membres de la commission des droits et des libertés qui dit que la femme est complémentaire de l'homme au sein de la famille, est un revirement total par rapport aux promesses faites au cours de la campagne électorale par tous les courants politiques qui avaient affirmé leur attachement aux droits des femmes, et leur volonté de les faire évoluer. Nous saisissons cette opportunité commémorative de la promulgation du CSP pour enregistrer d'autres acquis pour les femmes», a précisé Mme Ahlem Belhaj, présidente de l'Aftd, lors d'une conférence de presse, tenue hier à Tunis. Au moment où plusieurs voix s'élèvent pour la consolidation des droits des femmes et leur constitutionnalisation, «cette position menace et fragilise les acquis et permet de consacrer un système patriarcal qui donne tout le pouvoir aux hommes et prive les femmes de leurs moindres droits. Cette position, nie leur citoyenneté et leur indépendance en tant qu'êtres humains à part entière, égaux aux hommes à même de jouir de leurs droits humains au même titre que les hommes», affirment les membres de l'Atfd. Ces dernières protestent contre les propositions rétrogrades et passéistes, et les arguments non-fondés de certains courants politiques. Elles ont exprimé leur refus catégorique de ce qui a été proposé par la commission des droits et des libertés affirmant que «la femme est la complémentaire de l'homme au sein de la famille, appelant toutefois les membres de l'ANC à adhérer au principe de l'égalité totale et effective entre les hommes et les femmes. Comme toutes les composantes de la société civile et des courants progressistes, les membres de l'Atfd tiennent, à l'occasion de la célébration de la fête nationale de la femme, le 13 août, à réaffirmer leur attachement aux acquis du CSP tout en renouvelant leur revendication en ce qui concerne la constitutionnalisation des droits humains des femmes. « Nous saluons les composantes de la société civile pour leur éveil citoyen , nous les appelons à continuer la lutte jusqu'à l'obtention d'une constitution qui consacre et garantit les objectifs de la Révolution, à savoir la liberté, la dignité, l'égalité et la justice sociale », ajoutent-elles. Dans le même ordre d'idées, Mme Belhaj a dû préciser que l'Aftd ainsi que les représentants de la société civile s'attachent à l'organisation, le 13 août, d'une marche qui s'ébranlera probablement de l'avenue Habib-Bourguiba à la Place des Droits de l'Homme. «Les négociations se poursuivent avec le ministère de l'Intérieur pour maintenir la marche à l'endroit que nous voulons et non dans celui qu'il a fixé, de la place du 14-janvier à l'avenue Mohamed-V », précise Mme Belhaj. D'un autre côté, elle a présenté le calendrier des actions de l'Associations tunisienne des femmes démocrates avec le concours d'autres organisations nationales (Destourouna, l'Association Bizerte Cinéma, l'Association tunisienne pour le droit à la différence, l'Association tunisienne de la citoyenneté, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme...) qui renferme l'organisation de plusieurs manifestations régionales, dont une table ronde à Bizerte ayant pour thème « Le Code du statut personnel, réalité et perspectives », à Kairouan sur « Les droits des femmes, défis et perspectives», outre un séminaire à Tunis sur « la lecture du projet de la commission des droits et des libertés de l'Assemblée constituante ».