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Est-elle pleinement émancipée ?
La femme tunisienne s'est affranchie depuis 52 ans
Publié dans Le Temps le 13 - 08 - 2008

Saloua Charfi, universitaire : « Quelques articles de loi différencient encore entre l'homme et la femme »
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Saida Rahmouni, Directrice Générale du CREDIF : « La femme, c'est l'école de base »
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Arbia Ben Ammar, membre du bureau politique du PUP : « Le code du statut personnel est un projet de société »
La législation tunisienne a été, certes, pionnière dans le monde arabo-musulman en matière de droits de la Femme.
Le Code de Statut Personnel, promulgué le 13 août 1956, a engendré une transformation radicale de la situation de la femme. Ce texte constitutionnel a donné à la femme tunisienne l'occasion de s'insérer dans le tissu social en prenant son destin en main. Ainsi, une promenade du côté des cafés branchés de Carthage, des Marinas de Sidi-Bou-Saïd ou de Hammamet, sur les Berges du Lac et surtout, le long des célèbres boulevards qui longent toutes les grandes avenues des villes tunisiennes, fait facilement remarquer que le principe de l'égalité entre l'homme et la femme en Tunisie est une vérité notable. Cette égalité ne se limite pas aux textes constitutionnels et législatifs. C'est une réalité palpable et la femme tunisienne ne se limite pas à être électrice et éligible, elle est parvenue à occuper tous les postes de responsabilité allant jusqu'à être ministre ou premier responsable d'un parti politique. Donc, l'égalité entre l'homme et la femme est un fait en Tunisie. Par ailleurs, les filles constituent actuellement plus de 56 % du nombre d'étudiants à l'université (360.000 étudiants) et représentent près de 40 % du corps des enseignants universitaires. C'est dire que la gente féminine occupe le haut du palier du savoir et de la recherche. Il n'empêche que si la femme tunisienne occupe le haut de la marche dans le monde arabe en matière législative, ses consœurs algérienne et marocaine ont réalisé des percées sur le chemin de leur libéralisation. Ainsi, le Maroc arrive en tête des pays arabes comptant des ministres femmes.
Avec cinq ministres femmes, soit 19,2% des postes ministériels, le Maroc occupe la 39e place devant la Jordanie (52e), la Mauritanie (61e) et l'Algérie (66e).
Ce classement démontre clairement que la question du statut juridique et de la condition de la femme ne va pas nécessairement de pair avec sa représentation aux plus hautes sphères de l'Etat.
L'exemple marocain illustre ainsi que, malgré une posture sociale et juridique moins avantageuse que sa "soeur" tunisienne, elle a mieux gravi les échelons des postes politiques.
"Le Maroc héritait ainsi d'un Code de la famille "modernisé" » (Al Moudawana). Toutefois, sans être négligeables, les apports du texte restent en deça des acquis des Tunisiennes. La question de l'héritage est également soulevée par les différentes sphères féministes qui trouvent qu'il est temps de légiférer sur l'égalité parfaite surtout que le commun des Tunisiens ne sait pas que la législation n'accorde pas les mêmes droits aux deux sexes. Pourtant, il y a encore à baliser de ce côté et si le CSP a osé s'attaquer à la polygamie et l'a prohibée bien qu'elle appartienne aux règles religieuses, les législateurs contemporains en Tunisie et au monde arabo-musulman pensent comme le Roi Mohamed VI qui se prévalait du fait qu'il « ne pouvait autoriser ce qu'interdit l'islam, ni prohiber ce qu'il permet". Donc, ce 13 août rappelle à toutes les Tunisiennes l'étendue des acquis réalisés durant ces 52 années d'émancipation. Il appelle à la poursuite du chemin entamé par la promulgation du CSP en 1956 et renforcé par les législations qui ont accordé à la femme ce statut de partenaire dans la société.
Mourad SELLAMI
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Saloua Charfi, universitaire : « Quelques articles de loi différencient encore entre l'homme et la femme »
Pour cette universitaire, militante convaincue des droits de la femme, il est grand temps de couper court avec les slogans et d'attaquer de front la pensée obscurantiste qui gagne du terrain et fait déjà mal : « Il suffit de voir l'influence grandissante des chaînes obscurantistes émettant à partir des pays du Golfe sur nos foyers. Elles interviennent malicieusement à travers des recommandations touchant les petites choses de la vie courante et agissant progressivement sur le mental des familles. En face de cette razzia bien orchestrée, nos médias et, principalement, notre télévision sont dans un sommeil profond et ne sont pas conscients des dangers encourus par les acquis de la femme en Tunisie. En effet, il ne suffit pas que les textes de loi soient progressistes en matière de droits de la femme. Encore faut-il les compléter, d'une part, par l'égalité dans l'héritage. Car il n'est pas admissible que, plus de 50 ans après la promulgation du Code du Statut Personnel, l'égalité de l'héritage ne soit pas encore instituée. Ceci dénote que les forces rétrogrades de la société sont parvenues à freiner l'institution de l'égalité parfaite dans les droits de l'Homme et de la Femme qui aurait été l'aboutissement logique de nos diverses législations en matière d'émancipation de la femme tunisienne. D'autre part, il est impératif que nos médias, et notamment notre télévision, véhiculent des valeurs et des messages prônant l'égalité parfaite et sans ambiguïté entre l'homme et la femme surtout que le mental des Tunisiens paraît admettre cette égalité. La majorité des Tunisiens ne savent même pas que la loi tunisienne différencie encore entre l'homme et la femme. Donc, il est grand temps de palier ce manquement. Un événement comme le 13 août nous rappelle ce qui nous reste à faire pour parvenir à l'égalité et éviter un retournement de la situation. »
M.S.
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Saida Rahmouni, Directrice Générale du CREDIF : « La femme, c'est l'école de base »
« La femme tunisienne représente le tiers de la population active, elle est un acteur dynamique dans le paysage socioéconomique.
Par ailleurs, la famille vit une mutation à plusieurs niveaux. En tant que centre de recherche sur la femme le CREDIF s'adapte avec ce changement et cette mutation, tout en se complétant avec les autres structures qui œuvrent au profit de la femme.
Le centre a un rôle scientifique et met l'accent sur la recherche afin de promouvoir la culture de la femme à un niveau très large et varié. Il contribue par conséquent, -et en collaboration avec les autres institutions et structures gouvernementales et de la société civile- à l'élargissement de la culture de la femme. Nous œuvrons à enraciner ce concept aussi bien dans les zones urbaines que celles rurales, dans les villes à haute densité démographique que dans celles à moindre concentration... Le CREDIF s'intéresse à toutes les franges de la société à travers les études réalisées dans ce sens ou, en organisant des sessions de formation offertes aux compétences féminines dans toutes les régions. D'ailleurs nous travaillons en parfaite concordance avec les différents acteurs qui mettent l'accent sur la femme. Car, ses droits sont fondamentaux en Tunisie. C'est ainsi que la famille pourra vivre en nette stabilité, ce qui permettra d'ailleurs de faire avancer la société vers les premiers rangs du progrès et assurer l'équilibre et le confort de toute la famille. Tout cela ne pourra avoir lieu sans le rôle et l'implication de la femme dans ce processus. Elle est la première école pour assurer le développement de la société tunisienne ».
Sana FARHAT
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Arbia Ben Ammar, membre du bureau politique du PUP : « Le code du statut personnel est un projet de société »
La commémoration du 13 août revêt une signification particulière pour les Tunisiennes, toutes générations confondues. Mme Arbia Ben Ammar nous présente ses impressions en cette date en tant que militante des droits de l'Homme et membre du bureau politique du PUP :
« Je tiens au début de cette contribution à remercier " le Temps" pour l'effort qu'elle ne cesse de fournir pour l'élaboration d'une information moderne et crédible, je voudrais aussi saisir cet occasion pour féliciter la femme Tunisienne à l'occasion de sa fête et exprimer ma fierté, en tant que militante et Tunisienne, pour les acquis qu'on a réussi à avoir, et qu'il nous incombe la tâche de les préserver.
Le code du statut personnel est, à mon sens, un projet de société puisqu'il a permis à la femme d'aspirer à un statut qui est en contradiction totale avec le statut que lui a réservé la société traditionnelle. Le code promulgué le 13-08-1956 a libéré la femme Tunisienne et a eu des effets positifs sur l'homme puisqu'il a permis d'édifier le socle pour des relations égalitaires entre les deux sexes et il a remodelé les relations au sein de la famille. Les amendements que ne cesse d'introduire le Président Ben Ali sur le C.S.P depuis 1992 ont permis de percer d'autres tabous et de réaliser d'autres acquis que nous signalons positivement.
Quant à notre parti, le Parti de l'Unité Populaire, nous considérons que ces acquis sont de nature à aspirer à d'autres acquis qui ne touchent pas uniquement l'aspect juridique puisque nous croyons que le changement de la situation de femme passe par le changement des mentalités et par la prise d'autres décisions qui permettent de consolider la présence de la femme au sein des institutions et qui favorisent davantage son implication dans la vie active d'une façon générale et dans la vie politique en particulier. Nous militons, au sein du Parti de l'Unité Populaire, pour asseoir une égalité juridique totale entre les deux sexes et nous sommes actuellement en train d'élaborer des propositions concrètes qui permettent de concrétiser cette option. Les instances du parti abritent un débat riche qui a pour objet la discrimination positive en faveur de la femme et je suis persuadée que l'échéance électorale de 2009 sera l'occasion propice pour nous pour confirmer une autre fois la place qu'occupe la femme dans nos programmes et dans leParti de l'Unité Populaire.
Concernant mon rôle au sein du bureau politique, j'aimerais signaler que je conçois ma présence comme un couronnement logique à un engagement indéfectible qui date de plusieurs années et surtout comme un moyen qui me permet de contribuer dans la démocratisation et la modernisation de notre société.
Je suis chargée de la formation politique et cette mission me permet d'être en contact avec les militants et de travailler avec eux pour changer leur perception et permettre au parti de mettre en synergie leurs efforts et capacités et de se renouveler, et je suis satisfaite quant à l'action que je mène puisque je contribue à l'épanouissement des jeunes militants et militantes.
Pour conclure, je suis optimiste quant à l'avenir de la jeunesse tunisienne et à sa contribution pour hisser la société tunisienne sens à la modernité et la démocratie. »


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