Outre les entraves à l'économie, les opérateurs du marché noir contribuent directement à la dégradation du climat socioéconomique. En ces temps de fête, le marché parallèle bat son plein. Des jouets aux articles de prêt-à-porter en passant par les accessoires, les produits cosmétiques et les outils ménagers, l'offre est à la fois complète et à bon marché. Une offre bien étudiée et adaptée aux ménages tunisiens, soucieux de préserver leurs budgets. Et ce, malgré les risques inhérents à l'utilisation de ces produits. Sur un autre plan, l'origine lointaine de ces marchandises, l'ampleur des quantités présentées sur le marché et l'alignement des prix de ces biens sur tout le territoire national témoignent pertinemment que le phénomène des étalages anarchiques n'est pas aussi anarchique qu'il le paraît. Il convient, alors, de se demander si le départ des vieux démons de la contrebande et du commerce illicite est suffisant pour assainir le marché domestique. La réponse est négative. Car, force est de constater que les commerçants ambulants ont transformé plusieurs artères de la capitale ainsi que plusieurs rues des principales villes en étalage des produits contrefaits d'origine douteuse. Par ailleurs, il est à signaler que ce phénomène n'est pas spécifique à la Tunisie. D'ailleurs, le volume des ventes des produits contrefaits représente près de 10% du commerce mondial. Mais lutter contre ce fléau, visiblement plus intense sous nos cieux, passe par la sensibilisation de toutes les parties prenantes des dangers de ce commerce, à commencer par les clients, ainsi que le renforcement des services de contrôle des frontières jusqu'aux lieux de commercialisation. Les dangers de la contrefaçon Bien qu'il assure une forte rentabilité pour les contrevenants, ce fléau international porte des dangers bien réels à tous les acteurs de l'économie. Au niveau du tissu industriel, la contrefaçon est de nature à limiter l'innovation et le progrès technique. Ainsi les activités économiques, qui accumulent les pertes de leurs parts de marché et qui ne peuvent améliorer leurs processus de fabrication, perdent vraisemblablement de compétitivité et de leur valeur ajoutée. Par la suite, les investisseurs seront naturellement peu tentés de mobiliser leurs fonds dans de telles exploitations. Par effet cumulatif, c'est un frein à toute l'activité économique. Au niveau de l'Etat, les recettes budgétaires seront révisées à la baisse suite à l'évasion fiscale de ces contrevenants. Ces opérateurs développent des techniques très élaborées pour enfreindre la loi en général et les exigences fiscales en particulier. Les consommateurs, pour leur part, seront exposés à plusieurs effets néfastes. Les produits contrefaits sont dans la majorité des produits de faible qualité et ne répondent ni aux attentes des consommateurs ni aux normes de sécurité. Outre la qualité, les produits contrefaits sont généralement exposés à des prix dérisoires. En optant pour ces produits, le consommateur autodétruit son pouvoir d'achat puisque il sera contraint de renouveler ses achats vu la courte durée d'utilisation et la non-performance de ces objets imités. Outre les entraves à l'économie, les opérateurs du marché noir contribuent directement à la dégradation du climat socioéconomique. D'ailleurs, le chômage sera renforcé suite au licenciement généré par la baisse de l'activité du secteur formel, et éventuellement la fermeture de quelques sites de production. Du coup, les contrevenants trouveront, suite à cette affluence de main-d'oeuvre sur le marché, une nouvelle opportunité pour marginaliser davantage les conditions de travail. A ce titre, on rappelle que le travail des enfants, des femmes et des handicapés dans des conditions alarmantes est la règle dans ces activités. Pis encore, ces marchés non régulés favorisent la propagation de plusieurs problèmes sociaux tels que le banditisme, la criminalité... Compte tenu de tous ces dangers, toutes les parties prenantes, Etat, producteurs, consommateurs et société civile doivent s'investir dans une guerre de longue haleine pour contenir ce fléau. Les producteurs sont appelés à investir davantage dans la protection de leurs marques et modèles par les enregistrements nécessaires, l'administration est appelée à l'actualisation de la réglementation et de veiller à son respect et le consommateur est invité à boycotter tout produit suspect.