L'arbitrage est soumis à toutes les pressions et à toutes les violences. Saura-t-il résister ? La dernière rencontre de Ligue africaine disputée en Tunisie ESS-EST a démontré que la violence est au détour de chaque match, même s'il faut admettre que le championnat national a repris à huis clos, alors que les rendez-vous continentaux sont ouverts devant des milliers de supporters. En effet, le laxisme démontré dans l'application du huis clos (au lieu de la trentaine de personnes admises par club, on se retrouve régulièrement en face de centaines de supporters sur les gradins) amène les inévitables menaces, violences et débordements dans un contexte peu sécurisé.Combien d'hommes en noir ont été malmenés, agressés et humiliés dans les stades du pays, en rendant leur exercice un morceau de bravoure répété chaque dimanche ? La saison dernière, il y eut prise de conscience chez les referees qui, excédés, haussèrent le ton par le biais d'une action sans précédent.Cela se traduisit par la fameuse grève des sifflets décidée le 27 avril 2011 (17e journée en L1,18e en L2) qui paralysa l'ensemble du football d'élite. De graves incidents dans certains stades du pays ont créé un climat d'insécurité dans les enceintes sportives qui a conduit à cette décision extrême, car on ne boycotte pas de gaieté de cœur la direction des rencontres au risque de se mettre sur le dos l'ensemble des acteurs sportifs (joueurs, dirigeants, spectateurs...). Le plus intrigant, c'est que les stadiers engagés par les clubs pour aider à installer la sécurité furent les premiers à participer aux agressions après s'être débarrassés de leurs dossards distinctifs. D'ailleurs, dans un contexte de huis clos, leur présence était tout simplement superflue, voire suspecte. Depuis, la sécurité s'est-elle réinstallée ? La première partie de l'exercice 2011-2012 a démontré que peu de choses ont changé et que l'étincelle peut à chaque instant s'allumer. Pourtant, cette question essentielle de la sécurité sur les terrains relègue au final au second plan d'autres doléances récurrentes des arbitres : revalorisation des primes d'arbitrage,une assurance solide,une protection contre les fameuses listes noires des clubs dont chacun récuse tel ou tel homme en noir... Restructuration de la DNA Le seul point positif dont peut se vanter le secteur arbitral depuis deux saisons consiste en cette rupture quasi-institutionnalisée avec le recours aux arbitres étrangers.Accessoirement, cela a permis de faire l'économie de près de 300 mille dinars qui allaient jusque-là chaque année dans les poches des arbitres étrangers convoqués. Mais cela a surtout eu le mérite de réhabiliter les arbitres tunisiens auprès de la Confédération africaine.On se rappelle qu'à un certain moment, l'instance continentale ne désignait plus de sifflets tunisiens pour ses différentes compétitions au motif qu'ils ne bénéficiaient pas de la confiance de leur propre fédération et étaient pour ainsi dire fragilisés et décrédibilisés,notamment dans les rencontres chocs et aux gros enjeux desquels ils étaient régulièrement écartés. Aujourd'hui, la longue trêve de deux mois a permis d'apaiser les tensions.Pourtant, au début de l'été, on était resté sur une volonté de mettre de l'ordre dans la direction nationale d'arbitrage.Abderrazak Zdiri et son équipe eurent certes beaucoup à faire dans le contexte incandescent de l'approche de la fin de saison avec son cortège de la montée d'adrénaline et des tensions.La commission de suivi a eu beau multiplier les décisions de gel des activités des arbitres défaillants. Mais, de la sorte, a-t-on trouvé la parade aux multiples tiraillements qui traversent cette instance depuis la nuit des temps et aux jeux d'influence qui s'y exercent ? Mais il n'y a pas que cela. Face aux enjeux (titre et rélégations), aux équilibres (ou plutôt déséquilibres) en place, la toute puissance de l'argent et de certains clubs, l'arbitre a-t-il le moyen de résister à la pression ou à la... tentation, sachant, qu'à l'arrivée, c'est un homme seul. Les réponses à toutes ces questions, nous ne tarderons pas à le savoir.