Sa carrière de basketteur a été stoppée tout net au lycée. Malvoyant, il a fait de son handicap sa raison de vivre. Il nous raconte son histoire. Comment avez-vous atterri dans les sports pour handicapés ? J'ai commencé ma carrière dans les sports scolaires. Je faisais partie de l'équipe de basket-ball de mon lycée. Mais je n'ai pas pu percer dans ce sport que j'aimais, à cause de mon handicap. Au fait, je suis un malvoyant et mon entraîneur de l'époque m'a fait comprendre qu'il était impossible de continuer à jouer au basket-ball à cause de la déficience de ma vue. Cela a dû être un choc pour vous... Ça c'est sûr. Apprendre qu'on est malvoyant et de surcroît handicapé : ça brouille forcément la vue pendant un bon bout de temps. A un moment donné, tout s'est écroulé autour moi et j'ai pensé que mon rêve de devenir un sportif professionnel s'est évaporé à jamais. Heureusement que mon calvaire n'a pas trop duré. Mon entraîneur de l'époque, monsieur Najeh, m'a orienté vers l'athlétisme. Il m'a fait intégrer à l'Association de locale de Gabès pour sportifs handicapés. C'était en 1998, l'année où tout a commencé. Au départ, j'ai eu du mal à abandonner mon rêve de faire une carrière de basket-ball, encore plus de devenir sportif handicapé. Maintenant, je vis un conte de fées. C'est le cas de toutes les personnes à besoins spécifiques qui, à travers le sport, ont fait de leur handicap leur raison de vivre. Comme tout citoyen ordinaire, je portais une idée reçue péjorative sur les personnes à besoins spécifiques. Maintenant, je me suis complètement métamorphosé. Je ne fais aucune comparaison entre une personne valide et un handicapé. D'ailleurs, je ne me vois pas faire une autre carrière. Et puis, il m'arrive de participer avec les valides dans des compétitions en Tunisie. Je suis un bon concurrent et j'arrive même à les battre. C'est une sorte d'assurance personnelle. Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes un sportif professionnel ? Je me suis discipliné. Comme tout sportif professionnel qui se respecte, je fais très attention à mon hygiène de vie. Je mange sain et équilibré. Je dors suffisamment d'heures afin de me réveiller en forme pour les entraînements. Tout est réglé comme une montre suisse, ou presque. J'essaye de profiter pleinement de ma vie de sportif professionnel. Finalement, avez-vous eu la carrière de sportif de haut niveau dont vous rêviez au départ ? Comme je vous l'ai dit, je voulais percer dans le basket-ball. Je concevais une carrière de sportif valide. Mais maintenant que je suis parvenu à devenir champion paralympique à 27 ans et je m'apprête à remporter des médailles aux jeux de Londres, je me dis que j'ai une chance énorme qu'on m'ait orienté vers l'athlétisme. A propos, je suis un sprinter. Je suis né pour être compétiteur. Je me suis spécialisé dans les courses de 800 m , 1.500m, 5.000m et marathon. Le sport pour handicapés m'a permis de m'accepter en tant que personne à besoins spécifiques. J'ai réussi à prendre ma vie en charge. Et ce n'est pas rien. Une fois ma carrière de sportif professionnel achevée, je m'orienterai vers l'encadrement. Je veux devenir entraîneur et à mon tour, ouvrir la voie à d'autres handicapés pour qu'ils réussissent à s'intégrer dans la société à travers le sport au lieu de sombrer dans la dépression.