Remplaçants, blessés perpétuels ou joueurs surcotés, ils touchent plus d'un million d'euros par an en tapant dans un ballon. Voilà pourquoi le foot est fou, et auquel il faut appliquer les 75%. C'est un des grands sujets du moment, une proposition qui polarise vraiment le débat présidentiel. On ne parle pas bien sûr de la viande halal, mais de la taxe Hollande à 75% pour les revenus à partir d'un million d'euros annuels. Pour faire court, les “pour" mettent en avant le besoin de solidarité financière face à la crise. On trouve certains de ces dangereux partageux dans le sport de haut niveau, à l'image du sélectionneur de l'équipe de France de hand Claude Onesta, ou de notre bien- aimé “cap'tain whisky-coca", Sidney Govou. Les “contre" dénoncent une mesure confiscatoire qui fera fuir les riches et les talents à l'étranger. En figure de proue de ces indignés, le président de la LFP Frédéric Thiriez et quelques joueurs de foot, qui s'inquiètent de payer trop d'impôts et théorisent la mort de notre championnat. Pierre Menès peut continuer de s'indigner, on leur rappellera gentiment qu'ils pronostiquaient déjà la fuite des gros salaires en 2009 à l'abrogation du Droit à l'image collectif, mécanisme qui permettait de faire des économies de charges salariales. En première division, le salaire moyen est de 45.000 euros par mois. Un quart des pros dépasseraient le million annuel. Parmi eux, Christophe Jallet est devenu la tête de gondole des footeux-contribuables contre Hollande: «On en a parlé entre nous les joueurs, je ne vous le cache pas. On verra s'il passe mais je doute que cette proposition soit la bonne. Si on était soumis à ce régime, on aurait forcément l'impression de travailler pour pas grand-chose (...) Tous les joueurs de football donnent beaucoup de leur temps et de leur argent. S'il y a besoin de taxes supplémentaires, il faut que cela reste dans une certaine mesure. Moi, je n'ai braqué personne pour avoir ce que j'ai.» Donner 100.000 euros par mois à Jallet, c'est bien la preuve que le foot marche sur la tête. On en a donc fait notre capitaine d'un onze de lofteurs, de remplaçants et de footballers surcotés aux poches trop pleines pour être honnêtes. (NB: sauf mention contraire, le salaire est donné en net mensuel et ressort d'indications de presse. Ce sont donc des estimations). Pour info, on joue en 4-4-2. Gardien Nicolas Douchez (PSG): 120.000 euros A Rennes, Douchez tutoyait l'équipe de France. A Paris, il est remplaçant. Son bilan cette saison ? Aucune rencontre de Ligue 1, un match de Coupe de la Ligue, un autre en Coupe de France, et quatre en Europa League pour une élimination piteuse. Joli. Défenseurs Christophe Jallet (PSG) : 100.000 euros Il assume la garde du flanc droit de cette équipe. Et aussi le capitanat pour sa verve. «Si on était soumis à ce régime, on aurait forcément l'impression de travailler pour pas grand-chose», a-t-il osé dire. Trop dure ta vie chouchou. Seize matches comme titulaire en Ligue 1, un crâne de plus en plus dégarni depuis son transfert de Lorient. Le merlu ne se paye pas au poids, mais au mois, et c'est 100.000 euros Mickael Ciani (Bordeaux) : 120.000 euros Alias “Raymond D. m'a tuer". Une sélection, une leçon de football reçue par l'Espagne, une descente aux enfers continue. Amortie tout de même par son salaire à Bordeaux: 120.000 euros par mois. De quoi boire quelques grands crus pour oublier. Diego Lugano (PSG) : 330.000 euros Neuf titularisations en Ligue 1 et de quoi payer les asados de sa famille pour plusieurs générations. On vous laisse faire le ratio de son coût à la minute... Zoumana Camara (PSG) : 140 000 euros Papus est l'ambianceur officiel du vestiaire du PSG. Et de son banc de touche qu'il fréquente assidûment depuis plusieurs saisons déjà. On le décale à gauche pour le bien de la cause. Avec un tel salaire, Patrick Sébastien peut aller se coucher. Sinon, Papus, c'est douze titularisations en L1. Milieux Charles Kaboré (OM) : 150.000 euros Pour pas se faire taxer d'anti-parisianisme primaire, on est allé voir à Marseille où on aime bien payer (aussi) des mecs pour pas grand-chose. Une petite mention pour Charles Kaboré. Un physique de champion du monde associé à une technique de CFA. Il est le joueur burkinabè le mieux payé, voire le Burkinabè le mieux payé tout court. Stéphane Dalmat (Rennes) : 100.000 euros A Rennes, il existe un salary cap officieux: 100.000 euros par mois. Apparemment, seuls quatre joueurs l'atteignent. La nouvelle star Yann M'Vila, le capitaine boucher en chef Kader Mangane , Mevlüt Erding, et le cireur de banc Stéphane Dalmat... Cherchez l'erreur. Temps de jeu cette saison en Ligue 1: quarante-neuf minutes. Dimitri Payet (Lille) : 200 000 euros (bruts) En passant de Sainté à Lille, Payet a doublé son salaire. En passant de Sainté à Lille, Payet a divisé par deux son temps de jeu. En passant de Sainté à Lille, Payet a fait une croix sur l'Euro. Dure loi du sport. Ederson (OL) : 230.000 euros (bruts) 5 fois titulaire en Ligue 1... plus deux matchs de coupe. Brillante saison pour cet ex-grand espoir qui passe maintenant derrière Jérémy Pied dans la hiérarchie lyonnaise. Moche et en fin de contrat au mois de juin. Attaquants Peguy Luyindula (PSG) : 100.000 euros C'est le grand gagnant: 100.000 euros tombent chaque mois sur son compte en banque, pour aucun match disputé sous le maillot parisien. Et pour cause, Peguy était black-listé par sa direction. Mais n'a rien lâché, comme le prouve son interview dans le So Foot de février. Au Qatar, même les morpions coûtent un bras. Dédé Gignac (OM) : 320 000 euros On ne va pas se repasser les exploits d'APG à l'OM cette saison. 320.000 euros, ça fait de quoi s'offrir beaucoup, beaucoup de pizzas. Et il n'a même pas payé sa cure à Merano. Le banc Stéphane Ruffier (Saint-Etienne). Entre 90.000 et 120.000 euros par mois, selon les sources. C'est ce qu'il faut pour survivre à la vie dans le Forez. Marcos Ceara (PSG) : 125.000 euros Pour se plaindre d'Ancelotti et sauver ses fesses contre Montpellier. Prières non incluses. Jérémy Morel (OM) : 120.000 euros A récupéré une partie du salaire de Taiwo, et puis c'est tout. Cris (OL) : 350.000 euros (bruts) Face à Lugano, gagne à l'ancienneté. Et ne paye pas le coiffeur. Christian Poulsen (Evian) et Joe Cole (Lille): 310.000+380.000 euros Mais ça c'est à Liverpool. En France où ils sont prêtés, c'est 70.000 pour Danone + 120.000 pour Pathé. Beaucoup plus raisonnable. Yohann Gourcuff (Lyon) : 380.000 euros (bruts) Au vu de ses performances, sans doute le salaire le plus scandaleux, et il ne serait même pas titulaire dans cette équipe fictive. Un des rares néanmoins pour qui il reste un espoir, qu'il redevienne un jour ce bon joueur beau gosse sur lequel les journalistes s'enflammaient. Ireneuz Jelen (Lille) : avec 90.000 euros par mois, il paiera plus d'impôts en France que tous les Français n'en paieront en Pologne. Problème de plomberie fiscale. Emmanuel Rivière (Toulouse): 130.000 euros De quoi avoir les dreads les plus soignées du championnat. Florent Sinama Pongolle (Saint-Etienne) : 100.000 euros Le prix du survivor de la génération 84. Coach Carlo Ancelotti, ça vaut six millions par an. “Ça fait cher, même pour Ancelotti", a soufflé François Hollande, en fan de foot averti. Mais le mieux loti reste son adjoint. Selon le Parisien, Claude Makelele engrange 190.000 euros par mois, ce qui en fait l'entraîneur français le mieux payé derrière Deschamps. Bonus Deux joueurs licenciés récemment par leurs clubs auraient pu aspirer à être présents sur la feuille de match. Rendons hommage à Julien Rodriguez, licencié le 9 décembre 2011 par Marseille, où il touchait 140.000 euros par mois et n'avait pas joué depuis un amical en juillet 2010. Autre artiste: Boubacar Sanogo, viré de Saint-Etienne, où ses 130.000 euros mensuels s'additionnaient aux salaires des autres lofteurs Monsoreau (90.000 euros, toujours dans la place) et Bayal Sall (130.000 euros, prêté à Nancy).