Ce n'est pas la peine de vous donner une comparaison entre les chiffres des clubs européens et ceux tunisiens en matière de billeterie. L'écart se mesure en années-lumière ! La vente des billets et les abonnements des stades représentent 30% pratiquement des budgets blindés des clubs européens. Ils n'ont même pas besoin d'attendre les recettes de la vente des billets pour renflouer les caisses. Plus de 80% de la population des supporteurs des grands clubs achètent leurs abonnements à l'intersaison. Les dirigeants de ces clubs peuvent équilibrer leurs budgets dès le mois d'août. S'ils veulent acheter des joueurs ou investir dans n'importe quel domaine, ils ont la possibilité de le faire. Le fonds de roulement issu de la billetterie puis des droits de retransmission télévisée est si conséquent qu'il permet d'avoir une marge de sécurité assez importante. Ça, c'est brièvement ce qui se passe en Europe (on reviendra vous expliquer au détail comment fonctionne l'opération billetterie et l'écoulement des abonnements). Par analogie, le constat est amer pour le championnat tunisien. Et ça, c'est la faute d'abord à ce système-bidon qui régit le football tunisien. Malheureusement, ce huis clos imposé par le ministère de l'Intérieur et celui des Sports étouffe tout le monde. Essentiellement ces clubs qui n'ont plus cette petite mais précieuse rentrée de fonds issue de la vente des billets. Pour un club moyen de la Nationale A, et en dépit des fuites et des gens qui rentrent sans payer leur ticket, la billetterie peut atteindre entre 250.000 et 600.000D au moins. Jouer contre l'EST, le CA ou l'ESS permet d'assurer les fins de mois. Maintenant, il n'y a plus de rentrée de fonds, aucun sou ni des billets vendus, ni des abonnements. Les budgets sont donc réduits pour soi-disant limiter la casse, mais où va-t-on chercher ces méga-salaires de joueurs et d'entraîneurs à la fin de chaque mois ? Comment payer et s'acquitter des charges salariales des administratifs ? Comment honorer les dettes des fournisseurs d'équipements ? Comment avancer l'argent pour acquérir des joueurs (rares sont ceux qui payent cash les transferts effectués) ? On n'aimerait pas être à la place d'un dirigeant ou d'un trésorier pour le moment. Quand les revenus font défaut, essentiellement la billeterie et le sponsoring et la publicité (liés à la présence du public), il ne reste que la méthode classique : attendre la générosité du président du club et son humeur. S'il est en forme et que personne ne l'agace, il mettra la main à la poche. Vive le professionnalisme.