Opposition et pouvoir se parlent. C'est déjà ça. L'initiative est venue d'El Massar, du Joumhouri et de Nida Tounès. Les choses se passent dans la plus grande discrétion. L'objectif est de trouver un accord, un consensus minimum, d'achever la transition d'une manière consensuelle sur les points les plus importants: régime parlementaire, calendrier politique, date des élections, et quelques points essentiels dans la Constitution. Arrivera-t-on à trouver ce consensus si convoité, et arrivera-t-on à convaincre la base de la nécessité de cette concorde? Toute l'affaire est là. Lotfi Zitoun : Nous allons élargir le dialogue Si les sujets de divergence persistent à l'intérieur comme à l'extérieur des partis au pouvoir, le ministre conseiller auprès du Premier ministre précise pour sa part qu'il y a une volonté d'ouvrir le dialogue. Aujourd'hui, une réunion de la Troïka se tient, nous apprend-il et «rien n'empêche dans peu de temps que ces réunions s'élargissent». Il faut dire que des rencontres de conciliation s'imposent, les sujets qui fâchent étant nombreux : la légitimité au delà du 23 octobre, le choix du régime politique, la loi électorale, la référence au sacré dans la constitution, et le fameux article 28. A ce titre, M.Zitoun reprend et insiste, apaisant : «Nous sommes appelés à ce que la Constitution recueille le maximum d'adhésion, nous devons nous réunir pour traiter des grands points de divergence, tels le régime politique, et faire accélérer le rythme des travaux de l'ANC». Quant à la question du gouvernement d'union nationale, selon le ministre, elle n'est pas d'actualité, même si «il n'y a pas de véto». Ce qui importe pour l'heure, selon M. Zitoun qui s'exprime au nom de son parti «c'est que l'esprit du 15 octobre guide les initiatives», il considère en outre que le calendrier d'ici les élections du 20 mars, la création de l'instance des élections, celle des médias, la loi électorale sont autant de priorités à traiter. Des dialogues seront ouverts en marge des débats de l'ANC rassure avant de conclure M.Zitoun. Yassine Brahim : On tend la perche mais le consensus est loin Tout en essayant de rester positif, M.Yassine Brahim, directeur exécutif du parti coalisé El Joumhouri, reconnaît que la rentrée politique s'annonce très compliquée, c'est pourquoi les politiques sont appelés à oublier l'esprit partisan pour trouver des consensus, «et nous en sommes loin», déplore-t-il. La volonté de tous est de trouver un consensus national avant la date du 23 octobre autour des questions décisives, tel le régime politique, annonce-t-il, l'instance supérieure des élections, la loi électorale et tous les sujets sur lesquels «Ennahdha essaye de glisser des références religieuses». Avec tous ces défis qui s'annoncent rudes à relever, le dirigeant Joumhouri met en avant la tension dans le pays et dans les régions due selon lui à une mauvaise gestion de responsables «qui ne sont pas à la hauteur ou qui n'ont pas la culture démocratique». Le pays est à un tournant politique important, insiste encore M.Brahim et «les politiques que nous sommes devons prendre nos responsabilités dans ces moments clefs, on tend la perche», conclut-il, pragmatique. Mohsen Marzouk : Il faut faire des dead line précis Dirigeant au parti Nida Tounès, Mohsen Marzouk rappelle que le premier à avoir appelé à arrêter une feuille de route, c'est bien Béji Caïed Essebssi, le 26 janvier. Il faut sortir de cet inconnu, fait valoir M. Marzouk avec des dead line définissant les modalités de création de l'instance des élections, la date des élections. Il faut savoir qu'il y a déjà 11 partis signataires d'un pacte auquel il faut se tenir. Le dirigeant de Nida Tounès précise en outre que s'il y a des concertations avec El Massar et El Joumhouri, d'autres rencontres sont en cours avec d'autres partis. Les initiatives d'ouvrir un dialogue national sont bonnes et il faut à ce titre «intégrer celle de l'Ugtt». Nous approchons d'une date importante qui soulève la question de la légitimité selon M.Marzouk, il faut à ce titre élargir les concertations, «auxquelles Nida Tounès reste ouvert», en prenant soin d'ajouter que les concertations avec El Masser et El Joumhouri sont sur la bonne voie pour construire un front, fait-il valoir en guise de conclusion. Si les politiques sont convaincus de la nécessité de trouver une concorde nationale, in fine, pour relever les défis plus difficiles les uns que les autres, la question est : arrivera-t-on à convaincre les militants de l'utilité de cette ouverture ? Les tergiversations des chefs de partis, comme des politiques jettent une lumière crue sur les réticences de cette base de droite comme de gauche ou encore du centre, à la voix si précieuse, à tendre la main aux adversaires d'hier et d'aujourd'hui.