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Ce sont ceux qui nous gouvernent qui représentent l'opposition!
Entretien avec : Mohsen Marzouk, membre fondateur de Nida Tounès
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 09 - 2012

● La liste des personnalités ayant rejoint le parti sera dévoilée au plus tard le 15 septembre 2012.
● Ce gouvernement a peur d'organiser des élections au plus vite car il sait que, pour lui, l'échec sera cuisant.
Spécialiste en transition démocratique sur laquelle il a travaillé de nombreuses années au sein d'ONG telles que Freedom House et la fondation Kawakbi, et ancien membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, Mohsen Marzouk parle aujourd'hui en tant que membre fondateur et un des principaux dirigeants de Nida Tounès.
Il ne cache pas sa totale divergence avec la Troïka, une divergence qui se cristallise principalement autour du parti majoritaire qu'il accuse de tous les maux en estimant que le processus démocratique s'est arrêté en raison des tendances hégémoniques d'Ennahdha.
La parole acerbe, voire véhémente, Mohsen Marzouk nous livre ses visions ainsi que celle de son parti en ce qui concerne la situation générale du pays et sur les ambitions de Nida Tounès.
L'opinion publique confond Nida Tounès à la personne de B.C.E. La mode politique est-elle encore aux zaïms, à supposer que B.C.E en soit un ?
B.C.E a joué un rôle central et important dans la fondation de Nida Tounès, de plus il représente un symbole historique, car il existe une passerelle au sein de Nida Tounès entre la génération qui a bâti l'Etat moderne (droits des femmes, santé, éducation...) et la génération qui a milité pour les droits et les libertés.
B.C.E représente bien cette passerelle, car il a contribué à la fondation de l'Etat moderne et a milité pour les droits, le leadership de B.C.E est donc un leadership politique et historique.
Nida Tounès est une continuité du mouvement national, auquel la révolution a donné ce qui lui manquait, à savoir la question de la liberté et un recentrage de la question de la justice sociale.
Cette formation est accusée d'être une arrière-boutique des courants dits destouriens et Rcdistes. Qu'en dites-vous ?
Ce genre de propos sont propagés par des parties qui craignent Nida Tounès.
Quand vous voyez des figures comme Taïeb Baccouche qui est un opposant historique, qui a milité pour les droits de l'Homme et les droits syndicaux et qui a été emprisonné pour cela, ou bien Boujemaâ Remili qui a longtemps milité dans des mouvances de gauche, ou quand vous me voyez moi, qui ai payé le prix de mon militantisme, alors on se rend bien compte que les gens qui diffusent ces discours sont des menteurs et des hypocrites (dans le sens religieux et politique).
Ceux qui fabriquent ce genre d'accusations sont connus et c'est eux qui se font épauler par des RCDistes et je crois que le peuple tunisien n'est pas dupe.
La nomination imposée de Chedly Ayary comme gouverneur de la Banque centrale, pour qui, par ailleurs, j'ai beaucoup de respect pour sa compétence, qui a un passé connu, est venue sous prétexte que le pays a besoin de lui. Par contre, quand il y a d'autres figures compétentes qui ont eu un certain passé et qui sont prêtes à mettre leurs expériences au service du pays alors on crie au scandale.
Le Tunisien est intelligent et sait très bien qu'aujourd'hui on jette cette accusation à tort et à travers. Et d'abord, ne parlons plus de RCD car ce parti a été démantelé.
Cette chasse aux sorcières est lancée pour des buts purement électoraux, alors moi je leur dis cherchez autre chose, venez débattre d'un programme, venez débattre de la façon avec laquelle nous ferons avancer le pays et faire réussir la transition démocratique, venez débattre de la manière avec laquelle nous pouvons résoudre les problèmes des régions, qui tour à tour se révoltent, venez débattre de la situation de la justice.
A mon avis, ce gouvernement, qui se présente comme le meilleur gouvernement de l'histoire de la Tunisie, est à mon sens le meilleur gouvernement des guignols de l'histoire de la Tunisie, pour preuve, un chef de gouvernement qui se demande «où est le gouvernement ?».
B.C.E, dans son dernier fameux discours au Palais des congrès, a affirmé que Nida Tounès est un parti de soutien (Mouaâdhda). Pouvez-vous nous expliquer ce concept qui reste ambigu pour l'opinion ?
Certains nous voient aujourd'hui comme des opposants, à mon avis, ce sont ceux qui nous gouvernent qui représentent l'opposition.
Je vais vous dire pourquoi : ce gouvernement s'oppose à la logique de la révolution tunisienne, il s'oppose à la logique de la transition démocratique (aucune feuille de route dans ce sens), il s'oppose aux libertés, il s'oppose aux médias, il s'oppose aux juges et il s'oppose aux régions. D'autres part, à chaque fois qu'on demande l'avis d'un responsable du gouvernement on obtient des réponses d'opposants telles que «où est le gouvernement» ou bien «nous condamnons la violence» (comme si c'était une composante de la société civile et non pas le gouvernement en place)
Nida Tounès prône le soutien car nous sommes persuadés que la situation actuelle du pays ne supporte pas la logique gouvernement-opposition.
Nous sommes une force de soutien à la transition démocratique, une force de soutien aux régions et aux objectifs de la révolution.
A l'issue des prochaines élections qui assoieront les pouvoirs permanents sur la base d'un programme économique et social alors à ce moment-là, nous allons pouvoir parler de gouvernement et d'opposition.
J'espère qu'au terme des prochaines élections, ce gouvernement opposant reviendra à l'opposition réelle et apprendra à s'opposer d'une manière civilisée et nous, de notre côté, nous leur présenterons une autre manière de gouverner un pays.
Je note au passage que ce gouvernement a peur d'organiser des élections au plus vite car il sait que pour lui, l'échec sera cuisant.
On dit que des islamistes modérés se sont ralliés à Nida Tounès, qui sont-ils ?
Nous sommes en train de parler avec certains d'entre eux effectivement, mais tout d'abord, vous devez savoir que nous sommes tous musulmans au sein de Nida Tounès et surtout nous sommes tous des musulmans modérés.
Mais notre parti n'est pas un parti idéologique, notre seule idéologie si j'ose dire c'est la Tunisie.
Bien évidemment, il existe au sein de Nida Tounès des tendances modernistes ayant des valeurs universelles et d'autres tendances qui estiment que l'Islam présente une partie des solutions pour la société tunisienne mais sans faire de mélange entre politique et religion.
Vous avez annoncé la publication imminente de la liste de personnalités, constituants et autres figures éminentes, qui auraient rejoint Nida Tounès, pouvez-vous nous donner des noms ?
Actuellement je ne peux pas vous donner des noms, mais nous avons une longue liste sur laquelle figurent 350 personnalités que nous allons dévoiler par étapes selon nos besoins.
Des dizaines de milliers de personnes ont exprimé leur ralliement à Nida Tounès, nous sommes vraiment dans la gestion de l'abondance et non celle de la pénurie.
Nous voulons donc avancer à pas sûrs conformément à nos besoins et nos moyens.
La liste des personnalités ayant rejoint le parti sera dévoilée au plus tard le 15 septembre.
En cherchant des partenaires à gauche, au centre, auprès des courants destouriens et islamistes, Nida Tounès semble braconner sur tous les territoires. Est-ce que ce patchwork est viable politiquement ?
Entendons-nous tout d'abord sur une chose, la phase que traverse aujourd'hui la Tunisie n'est pas une phase qui tolère une carte politique classique avec une droite, une gauche et un centre à l'instar de certains pays européens. Nous sommes dans une phase de construction démocratique.
Et de toutes les manières, les grands partis nationaux regroupent les différents courants politiques. Fini le temps où les partis avaient une seule couleur idéologique.
Dans ce sens, Nida Tounès regroupe tout naturellement la première et la deuxième génération du mouvement national en plus d'une autre génération démocratique, celle des droits et des libertés et des mouvances de gauche pour constituer au final un large mouvement démocratique qui représente la moyenne des aspirations populaires, les grands partis ratissent large tandis que les petits partis ne représentent qu'un segment de la population.
La structure du parti sur laquelle nous nous penchons actuellement permettra d'accueillir toutes les tendances politiques en leur permettant de s'exprimer en interne.
Nous nous penchons actuellement sur un règlement intérieur et la proportionnelle sera probablement retenue pour représenter les différents partis ayant rejoint Nida Tounès.
Mais il est vrai qu'il nous faut un peu de temps pour que la sauce puisse prendre.
Une des principales revendications de la révolution est sans doute l'emploi. La Tunisie compte aujourd'hui près de 1 million de chômeurs, pensez-vous que c'est résorbable ? Quel est le programme de Nida Tounès dans ce domaine?
Aucun gouvernement n'est capable aujourd'hui de solutionner le problème du chômage de façon immédiate, c'est pour cette raison que nous n'avons jamais demandé à ce gouvernement de trouver de l'emploi pour tout le monde.
Lors de la dernière campagne électorale, Ennahdha avait promis la création de 400.000 emplois, et nous disions à l'époque que c'était du populisme et que ce n'est pas réaliste et que ce genre de promesses va engendrer une situation critique au sein de la société qui s'attend à ce que ces promesses se réalisent.
Le gouvernant doit avant toute chose dire la vérité au Tunisien sur la réelle situation du pays.
La solution passe par un programme à court terme, à moyen terme et à long terme, qui consiste tout d'abord à un sauvetage de l'économie nationale, puis une réanimation de l'économie nationale et enfin l'étape de stabilisation de l'économie nationale.
Le peuple tunisien souffre des annonces contradictoires qui lui viennent de tous les côtés.
Le gouvernement actuel souffre de l'incompétence non seulement à la tête du ministère de l'Emploi mais à la tête de tous les ministères, et ce, en raison des nominations partisanes qui ignorent toute compétence.
Le problème de ce gouvernement est qu'il est en train de poursuivre une campagne électorale en perpétuant un discours populiste ce qui approfondit les réels problèmes de la Tunisie.
De plus lorsque le gouvernement ne bouge pas pour stabiliser la situation sécuritaire du pays et au contraire attise les tensions, c'est tout naturellement que les investissements soient en berne.
Il existe des modèles internationaux tout prêts pour agir sur l'emploi, et le génie du gouvernement consiste à savoir adapter ces modèles à la réalité tunisienne.
Les meilleurs gouvernements de l'histoire ont produit des résultats ils ne se sont pas contentés de le dire.
Si, dans le cadre d'un remaniement, le chef du gouvernement demandait à Nida Tounès de faire partie du gouvernement. Ce parti accepterait-il la proposition ?
La question ne se pose pas en ces termes, car ce n'est pas une affaire de simple remaniement ministériel.
Aujourd'hui, il est question d'un compromis autour de toute une approche relative à la gestion de la deuxième phase de transition démocratique.
Nous devons nous entendre sur une feuille de route indiquant la date des prochaines élections et les modalités d'organisation d'élections démocratiques et transparentes.
Malheureusement, tous les indicateurs prouvent que le gouvernement actuel ne veut pas d'une élection démocratique et transparente, ce n'est pas moi qui le dit, c'est le constat d'un certain nombre d'ONG internationales spécialisées en matière de droits de l'Homme et de transition démocratique (rappelez-vous le rapport du Centre Carter qui a émis des doutes sur la volonté du gouvernement à assurer une vraie transition démocratique).
Ce gouvernement doit être composé à mon sens de quatre blocs essentiels, à savoir un bloc emploi, un bloc de redressement économique, un bloc responsable de la sécurité et un pôle qui se charge des élections et des institutions permanentes, et peu importe le parti qui s'en chargera.
La création de pôles électoraux permettra aussi de faciliter le choix pour l'électeur et aussi pourra enrichir le processus de transition démocratique s'il y a encore lieu de parler de transition car je pense que le processus s'est arrêté et que nous sommes face à un processus d'hégémonie et d'usurpation du pouvoir de l'Etat qui ressemble pratiquement à un coup d'Etat silencieux.
Donc la question de rejoindre le gouvernement ne se pose pas, à quoi servirait d'ajouter une personne dans un navire qui coule.
Nous sommes en revanche ouverts à tout dialogue national.
Quel est votre avis général sur la première mouture de la Constitution, fruit des travaux des différentes commissions chargées de rédiger la constitution ?
Les experts juridiques comme Iyadh Ben Achour et Ghazi Gheraïri ont convenu que le résultat est décevant et écrit de manière non juridique.
Cette médiocrité du texte est due au choix qu'a fait la Troïka qui a choisi de commencer à partir d'une feuille blanche.
Le plus judicieux c'était soit de commencer à partir de la Constitution de 1959 en la révisant, soit de commencer à partir du texte du comité d'experts de Iyadh Ben Achour en l'enrichissant. On aurait ainsi gagné du temps.
Le résultat est donc un texte ridicule qui n'est pas digne de la Tunisie qui a écrit la première Constitution du monde arabe.
Quand des gens insistent à user du populisme même dans l'écriture de la Constitution, alors nous sommes en présence d'un gros mensonge.
Je sens personnellement un nivellement vers le bas au niveau des élites, à coup de populisme les moins compétents se sont retrouvés au pouvoir tandis que l'élite expérimentée a été écartée du processus de construction d'une nouvelle Tunisie.


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