Voilà un genre d'événement que l'on voudrait voir, sous nos cieux, plus souvent, où l'art est vulgarisé et ramené dans la rue pour être accessible à tous. Street photos («tsawar echeraâ»), plus qu'un événement, est un rendez-vous que l'on a fixé, dans la rue, avec la photographie et ses amateurs. Initiée par un groupe d'internautes et de blogueurs, à l'instar de Sofiane Chourabi, cette exposition, à l'allure d'une installation photographique collective, a pour objectifs, au dire de ce dernier, de promouvoir la culture de l'image en Tunisie, d'initier les gens à la photographie, mais surtout de conquérir, artistiquement, la rue et l'espace urbain. «Le principe est simple, les présents ont amené une ou plusieurs photos qu'ils ont exposées en pleine rue sous les regards des Tunisiens présents», nous affirme encore Sofiane. L'après-14 janvier 2011 a vu l'émergence d'un certain engouement général pour la photographie. Cela a commencé par des genres de photos de presse ou photo-reportages, surtout pour revêtir par la suite d'autres formes. C'est ainsi qu'une vague de photographes en devenir a déferlé, surtout sur les réseaux sociaux. Que de photos ont, depuis, été prises et partagées virtuellement sans avoir l'opportunité d'aller à la rencontre d'un public plus large, car tout le monde n'a pas la chance d'exposer dans une galerie. Street photos est une alternative réelle à la diffusion (non commerciale, certes) de toute cette matière, avec une grande part accordée à l'humain, car c'est aussi une belle occasion d'échange et de partage entre ces différents faiseurs et passionnés d'images. Et ils étaient, vendredi dernier à la Place Pasteur, pour ce premier rendez vous, préparé minutieusement, des semaines auparavant. Ils étaient donc là, photos, ficelles, cordes et pinces à linge en main, chacun sur place pour accrocher lui-même ses oeuvres sous les regards des curieux et autres fortuits passants qui se sont arrêtés pour visiter l'exposition. En fait, la Place Pasteur n'en est pas à son premier événement, puisqu'elle a déjà été investie par la manifestation culturelle «Klèm echeraâ» (paroles de la rue) qui a suggéré à Sofiane et à ses amis cette exposition. Ce lieu a ainsi vibré de nouveau, grâce à cette manifestation, où jeunes ou moins jeunes se sont réunis autour de la photographie. L'on a chanté, joué de la musique et surtout tissé de nouveaux liens. Et quand le soleil a faussé compagnie, l'on n'a pas rechigné à cause du manque d'éclairage, car la photographie est surtout un rendez-vous que l'on saisit fortuitement pour éterniser sa résonance. Ce fut le cas vendredi dernier. Ce premier essai s'est très bien déroulé, dans la bonne humeur et la détente, sans soucis de sécurité. Une belle manière pour tâter le terrain, voir ce qu'il faut prévoir dans le futur, côté organisation (les problèmes d'éclairage, surtout). En effet, Street photos compte devenir un rendez-vous mensuel avec, à chaque fois, de nouveaux thèmes à traiter en photos. «Nous ambitionnons d'en faire un événement itinérant. La prochaine escale sera normalement à la Place de Bab Souika et par la suite, nous exposerons dans des quartiers populaires avec l'introduction de thèmes tels que les gares de transport public, les cafés, etc.», nous annonce Sofiane Chourabi. Bon vent.