Ils sont trois artistes-photographes tunisiens qui exposent leurs nouvelles œuvres depuis le 05 janvier courant et jusqu'au 28, à la galerie Yahia au Palmarium. Chacun a sa propre vision artistique de la Révolution et essaie de la présenter sous un aspect différent. Les trois artistes se sont intéressés surtout sur l'après-Révolution, sur ce qui a ou n'a pas changé ! Il s'agit d'abord de Marwen Trabelsi, artiste photographe. Ayant une formation en arts et communication, il a exposé et participé à plusieurs festivals photographiques et cinématographiques en Tunisie, en Allemagne, en France, en Italie, au Cameroun, au Nigéria et au Maroc... il participe à cette exposition avec dix ouvrages où l'on peut voir que l'appareil photo de l'artiste a privilégié des scènes de rue en mettant l'accent sur le mouvement des gens, à pied ou à vélo. Des photos qui illustrent une sorte d'évasion, une ruée sur le chemin de la liberté. Cependant, ces gens qui marchent ou qui roulent donnent l'impression qu'ils n'avancent pas : ils essaient d'aller de l'avant, mais ils ont l'air d'être entravés dans leur course vers la liberté, vers des horizons meilleurs qu'ils veulent atteindre coûte que coûte. Seraient-ils victimes d'une certaine illusion ? Ensuite, il y a Haïthem Chebbi, qui est un artiste photographe tunisien. C'est un jeune chercheur universitaire et doctorant. Après avoir suivi une formation en arts graphiques, il a étudié la photographie publicitaire et a partagé avec générosité son savoir-faire au niveau national et international. Il a représenté la Tunisie dans différents pays comme: La France, La Belgique, l'Allemagne, le Maroc...notamment en tant que membre du collectif de photographes tunisiens "Dégage". Il participe à cette exposition avec 8 photos, intitulées respectivement : « F4 », « Fenêtre », Hiver », « Carrefour », « Amour », « Médina », « Tunis » et « Colère ». L'accent est mis sur les vieilles maisons aux murs délabrés qui attendent d'être restaurées, allusion faite à la situation précaire par laquelle passe actuellement le pays et qui suppose des solutions immédiates. Enfin, Emir Ben Ayed, le plus jeune de tous les trois, qui a représenté la Tunisie au niveau international à plusieurs reprises, notamment à Paris, Bruxelles, Arles, Québec. D'après lui, « la photo est avant tout une histoire, un destin, une route que le regard de l'artiste trace pour guider le regard de son prochain. » Il participe à cette exposition avec 9 photos, dont huit doivent se lire à deux et la 9è toute seule. C'est que l'artiste a accroché cette série de photos intitulées respectivement « Recto » et « Verso », de telle manière qu'elles constituent une suite de scènes ou de phénomènes existant dans la Tunisie de l'après-Révolution. C'est ainsi que la première photo intitulée « Recto 1 » représentant une mendiante sur le trottoir trouve sa réponse dans la deuxième photo intitulée « Verso 1 » ; il en est de même pour la photo suivante « Recto 2 » qui combine avec celle qui la suit « Verso 2 » et ainsi de suite jusqu'à la 8è photo. C'est que la photo « Verso » répond à la question « pourquoi ? » que pose la photo « Recto ». En arrivant à la 9è photo, celle intitulée « Recto/ Verso » représentant une femme SDF assise sur un banc public, il est inutile de poser la question : « pourquoi, elle est là ? », car la réponse est claire : « car, elle n'a pas d'abri !» Ces neuf photos constituent ainsi une suite de stimulus-réponse, dans la mesure où la photo « Verso » est la réponse à la question posée dans la photo « Recto ».