«La Tunisie a tout intérêt à revoir sa politique de compensation et à mettre en place un programme de subvention ciblé, destiné essentiellement aux catégories défavorisées», a avancé Mme Gita Subrahmanyam, consultante de la Banque africaine de développement(BAD) et professeur à London School of Economics. Dans une interview accordée à la TAP, l'experte estime que la politique de subvention actuelle adoptée par la Tunisie profite plus aux riches qu'aux pauvres et que son coût pèse de plus en plus sur le budget de l'Etat en raison, notamment, de l'augmentation des cours des hydrocarbures sur le marché international. D'après les dernières statistiques du ministère des Finances, les dépenses de subvention s'élèvent, actuellement, à 4.000 millions de dinars contre 1.500 millions de dinars avant la révolution. Ce type de programme a donné ses fruits, dans plusieurs pays, a-t-elle dit, citant l'exemple de l'Argentine, pays qui a vécu les mêmes circonstances que la Tunisie, voire pire (fuite du président en 2001, dépréciation de la monnaie locale, économie en berne). A travers ce programme lancé en 2003, l'Argentine est parvenue à relancer son économie en réalisant des taux de croissance avoisinant les 9% au cours de la période (2003-2007) et à réduire son taux de chômage à 10% en 2006, alors qu'il était de l'ordre de 25% en 2001. «Si la Tunisie opte pour une subvention ciblée, elle pourrait non seulement améliorer les conditions de vie des populations pauvres mais aussi épargner de l'argent, en raison de son faible coût (le programme), soit 1% du PIB», a encore indiqué Mme Subrahmanyam. Agir dans les plus brefs délais D'après les estimations du ministère argentin de l'Emploi, la contribution des subventions ciblées au PIB est de l'ordre de 2 à 2,5%. Cette mesure doit être accompagnée, a indiqué l'experte, par d'autres réformes afin de réaliser les objectifs de développement souhaités. Elle a recommandé à ce propos d'améliorer le climat d'investissement, de développer le cadre réglementaire, de simplifier les procédures administratives et de faciliter l'accès au financement des micro-projets. L'experte a préconisé en outre de renforcer le programme d'assistance aux PME et d'engager des réformes dans le système d'éducation de manière à adapter les programmes de formation académique aux besoins du marché de l'emploi. «La Tunisie, a-t-elle conclu, doit tirer profit de ce qu'elle a appelé ‘‘the revolution premimum'' ou ‘‘couronnement de la révolution'' et agir dans les plus brefs délais, tant que les projecteurs sont encore braqués sur ce pays berceau du printemps arabe». Mme Gita Subrahmanyam est en Tunisie pour présenter son article scientifique intitulé «Promouvoir une croissance résiliente aux crises en Afrique du Nord», et proposer d'autres options pour minimiser les effets des crises sur les économies de la région.