11 à 12.000 heures de cours durant toute la scolarité 58 % des apprentissages sont réservés aux langues Comment parvenir à nous situer par rapport aux autres dans le domaine de l'éducation ? Quels seraient les critères plus ou moins objectifs pour nous évaluer et connaître l'efficacité de notre système ? A ces deux questions et à d'autres, une étude menée avant d'appliquer le système en cours a montré les points forts et les faiblesses du modèle tunisien. Parmi les aspects analysés, on note le rythme scolaire. La majorité des gens pensent que nos élèves ne travaillent pas assez et que nous avons beaucoup de vacances et de congés. D'autres aussi croient que nos enfants plient sous le poids des cartables et des heures de cours interminables. L'éclairage apporté par ce travail statistique précise que la Tunisie n'est pas si mal lotie sur ces points. La comparaison avec l'espace géographique limitrophe (à savoir l'Europe) permet de se faire une idée plus exacte de la réalité. Il y a, certes, des écarts et des différences dans le nombre d'heures hebdomadaires ou annuelles ou dans la répartition de cet horaire sur les disciplines enseignées. Mais, en gros, les grandes lignes sont respectées. On constate même que dans certains cas, la situation en Tunisie est plus excessive. Durée des études L'âge légal pour intégrer une école est fixé à 6 ans, actuellement. Dans des pays européens il est ramené même à trois ans. Cette dernière mesure est en voie d'être généralisée. Ceci veut dire que la durée des études est de 13 ans. Un élève passe dans le supérieur à 19 ans. Après, les voies se séparent avec les filières courtes ou longues. Ainsi, durant cette période, l'élève suit un apprentissage de base qui formera le futur homme du pays. Ce dernier engrangera plus de 11.000 à 12.000 heures de cours. Cela est-il suffisant ? Qu'on en juge ! En Europe (plus exactement dans l'Union européenne), la moyenne annuelle varie entre 760 et 830 heures dans ce qui ressemble à notre premier cycle de l'enseignement de base. En Tunisie, il est plus élevé: entre 735 et 980 heures. Dans le second cycle de base, ce sont les Européens qui nous dépassent avec 910 heures contre nos 840 heures. En revanche, l'équilibre est presque parfait entre eux et nous dans le secondaire. Soit une moyenne de 910 heures. Il est de 650 heures en section lettres, mais de 910 heures dans les sections techniques chez nous. Les disparités sont, par contre, notoires dans la répartition des horaires en lien avec les matières. Tous les établissements du pays appliquent les mêmes règles et les mêmes normes. Dans la majorité des pays de l'Union européenne, les autorités centrales fixent les grands axes et chaque région ou, parfois, établissement fait le reste en tenant compte de certaines spécificités. Actuellement, notre système n'est pas arrivé à se libérer de cette centralisation. Malgré la création récente des commissariats de l'enseignement, l'autonomie escomptée ne s'est pas encore concrétisée. Il faudrait sûrement encore un peu plus de temps pour qu'une stratégie au niveau des régions puisse naître. En outre, l'initiative personnelle est quasiment au point mort. Les enseignants n'ont pas les mains libres pour intervenir et lancer des méthodes individuelles ou collectives. Modernisation Ainsi, donc, la comparaison peut faire apparaître non seulement des points positifs, mais également des carences qui peuvent être corrigées. L'étude en question établit une comparaison avec l'horaire pratiqué dans les pays européens. Cette comparaison fait ressortir dans le premier cycle de l'enseignement de base une différence importante aussi bien au niveau du nombre d'heures de classe hebdomadaires qu'au niveau de la répartition de ces heures sur les disciplines et/ou domaines d'apprentissage. L'horaire hebdomadaire moyen dans les pays de l'Union européenne est de 21 heures environ dans les premières années de l'enseignement primaire (15 heures au Danemark, horaire minimum) et (27 heures en Italie, horaire maximum). Dans les dernières années de l'enseignement primaire, l'horaire hebdomadaire moyen atteint plus de 22 heures et demie, avec également un seuil minimum (18 heures au Danemark) et un seuil maximum (27 heures en Italie). Dans le système scolaire tunisien, l'horaire est de 22 heures et demie par semaine au cours des deux premières années de l'enseignement de base, et de 30 heures durant les quatre années qui suivent. Ainsi, l'horaire hebdomadaire tunisien dans le premier cycle de l'enseignement de base dépasse, dans tous les cas de figure, l'horaire moyen en vigueur dans les pays de l'Union européenne ; il avoisine le seuil maximum appliqué dans certains de ces pays. Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention, justement, dans les disciplines enseignées et leurs taux horaire, c'est l'importance grandissante des langues (58 % en Tunisie contre 30 % dans l'Union européenne –U.E). Pour la langue «maternelle», notre pays consacre 30 % et pour les langues étrangères 20 %. Par contre, 13.5 % de l'horaire est imparti aux maths (contre 20 % dans l'U.E), aux sciences c'est 7.5% (contre 20 % dans l'U.E) et les activités artistiques bénéficient de 5 % (contre 15 % dans l'U.E). Ce ne sont, là, que quelques paramètres utilisés pour essayer de cerner les contours et parvenir à garder ce qui est positif et à supprimer ce qui entrave la bonne marche du système. Pour pallier ce qui semble être des lacunes, les observateurs des faits pédagogiques et de l'évolution des méthodes soutiennent la nécessité de mettre en place une vraie réforme qui prenne en compte les véritables enjeux du pays et qui apportent des réponses concrètes aux nombreuses questions restées en suspens. Cela passe par une modernisation des outils de travail, par la rénovation des méthodes, par la mise à niveau des enseignants et par l'« arrimage » de la machine éducative à son environnement immédiat (culturel, social, économique, associatif...).