Remis d'une maladie à la thyroïde, l'ex-milieu offensif de l'Inter Milan veut rebondir à l'Union Berlin. Son club reçoit Cologne vendredi prochain, en D2 allemande (6e journée). Le parcours de Tijani Belaïd, né à Paris de parents tunisiens, requiert un solide sens de l'orientation. Presque autant que pour se débrouiller à Berlin avec un plan du métro. Désormais âgé de 25 ans, l'ancien grand espoir du football tunisien s'épanouit depuis le début de l'année dans « ce petit New York », comme il dit. Nous l'avons rencontré cet été au siège de son club, l'Union Berlin (D2 allemande), à la sortie d'un entraînement. « Là, j'aimerais enchaîner le plus de matches possible pour prendre un nouveau départ, j'en ai besoin, parce que, dans ma carrière, j'ai eu un vide », résume-t-il, assis sur un banc, à l'ombre d'un arbre imposant. Belaïd a comme une furieuse envie d'oublier, une bonne fois pour toutes, cette fichue maladie à la thyroïde, révélée en avril 2010. A l'époque, le joueur formé à l'Inter Milan évoluait au Slavia Prague, en République tchèque, et allait sur ses 23 ans. « Cette maladie hormonale m'a obligé à arrêter le foot pendant plusieurs mois. J'ai mis du temps, mais j'ai réussi à guérir. Et à aucun moment, je n'ai pensé prendre ma retraite, contrairement à ce que certaines rumeurs ont laissé croire. » Une fois rétabli, le talentueux milieu de terrain offensif a d'abord essayé de se relancer en 2011. A Hull City: huit matches de D2 anglaise. Ensuite, à l'APOEL Nicosie : huit matches de D1 chypriote et une courte apparition en Ligue des champions. Deux transferts peu concluants. Aujourd'hui, il se retrouve donc à l'Union Berlin, club familial créé au temps de la RDA, en Allemagne de l'Est, réputé pour son fidèle public. « J'ai débarqué en février 2012 pour un prêt d'une demi-saison, j'ai joué treize matches de championnat la saison dernière. Comme ça s'est plutôt bien passé, le club a levé l'option d'achat cet été, et j'ai signé un contrat d'un an jusqu'en 2013. » En concurrence avec le capitaine de l'Union Berlin Malgré « des offres très intéressantes » du Club africain et de l'Espérance Sportive de Tunis, Tijani Belaïd désire s'imposer en D2 allemande. Le nouveau championnat a démarré en août. Au bout de cinq journées, Belaïd compte seulement deux titularisations. Une situation délicate à admettre. D'autant qu'il y a un mois, contre Kaiserslautern (3-3), ses deux passes décisives ont marqué les esprits. « D'après les discours, le coach compte sur moi. Le problème, c'est qu'à mon poste, je suis en concurrence avec Torsten Mattuschka, le capitaine de l'équipe. Il joue à l'Union Berlin depuis sept ans, il y a gravi tous les échelons et les fans l'apprécient. » Encore battu vendredi, à Ingolstadt (2-1), le club végète à l'avant-dernière place du classement, avec toujours pas la moindre victoire. Le rival de la ville, le Hertha Berlin (7e de D2) et ses internationaux tunisiens Sami Allagui et Anis Ben Hatira, doit bien rigoler. «L'Union Berlin a de l'ambition, pourtant. La direction vient de recruter six ou sept nouveaux joueurs et, pour notre stade, la reconstruction de la tribune principale coûtera quinze millions d'euros », rappelle Tijani Belaïd, bien informé. A deux pas de la maisonnette où travaillent les dirigeants, juste à côté des vestiaires préfabriqués d'où sortent les joueurs, se dresse, en effet, au pied d'une grue, un stade de 19 000 places en pleine rénovation. Vu le contexte, Belaïd préfère la prudence au moment d'évoquer des projets personnels. « Bien sûr, j'aimerais monter en D1 allemande, anglaise, espagnole, dans un championnat majeur... » L'international tunisien (18 sélections, 3 buts), jamais plus appelé depuis 2010, rêverait aussi de retrouver l'équipe nationale. Son frère Aymen (23 ans) vient d'ailleurs de fêter sa première convocation lors du déplacement en Sierra Leone, le 8 septembre. « Je suis très content, j'ai toujours cru en lui, il a eu raison de signer en Tunisie, à l'Etoile du Sahel. Quand tu penses qu'il y un an, son club de Grenoble avait été placé en faillite judiciaire... De mon côté, je souhaiterais vraiment participer à une Coupe d'Afrique des nations. En 2008, je l'ai manquée à cause d'un grave accident de voiture, sur la route de Sousse. » Du Paris FC à l'Inter Milan, un rêve d'adolescent survenu le jour de l'An, cet accident a coûté la vie à trois personnes. Une rude épreuve pour Tijani, alors tout juste majeur, blessé, placé en garde à vue, puis libéré... Mais revenons au moment présent. Cet après-midi d'été, au fil de notre conversation, on parle, on parle, et pendant ce temps, tous les membres de l'Union Berlin quittent peu à peu les vestiaires. Ils nous saluent au passage. Dans la vie de tous les jours, le Franco-Tunisien communique avec eux en anglais. « Même si tout le monde me comprend comme ça, à la demande de mon club, je reçois des cours d'allemand depuis la rentrée. C'est une langue très compliquée, alors qu'à l'Inter Milan, en trois semaines je maîtrisais déjà couramment italien. » Ah, l'Inter ! Tijani Belaïd a commencé à se faire un nom lorsqu'il a débarqué au centre de formation de ce prestigieux club, encore adolescent, en 2004. Il arrivait en provenance du Paris FC, un très bon club de région parisienne, et a vite gagné le droit, à 17 ans, de s'entraîner avec l'effectif professionnel, aux côtés de stars comme Adriano, Juan Sebastian Verón ou Obafemi Martins (« un ami »). « Je ne mesurais pas ma chance, je me reposais peut-être sur mes acquis techniques, c'était une erreur de jeunesse. » Au bout du compte, son unique présence en match officiel avec les pros de l'Inter se résume à une dizaine de minutes contre la Reggina, à la fin de la saison 2004-2005. Pour s'aguerrir au plus haut niveau, Tijani aura, en fait, dû migrer au Slavia Prague (2007-2010). Prêté auparavant au PSV Eindhoven (0 match en équipe première), le globe-trotteur a inscrit 15 buts en 64 matches de D1 tchèque. Double vainqueur du championnat en 2008 et 2009, il s'est aussi distingué en 2007 comme le premier Tunisien à marquer en Ligue des champions, face au Steaua Bucarest. « A Prague, tout se passait si facilement, en Ligue des champions, en Coupe de l'Uefa...», raconte Belaïd. Jusqu'à présent, ce séjour praguois reste son meilleur souvenir en club. Et en ce qui concerne la sélection tunisienne ? « Le match amical contre l'équipe de France, en 2008, à Saint-Denis ! Je représentais la Tunisie, près du quartier parisien où j'avais grandi, devant 80.000 spectateurs, sous les yeux de ma famille. Magnifique. »