Par Taoufik ELIAS * La rentrée scolaire et universitaire de cette année doit s'accompagner d'une réflexion sérieuse et d'une évaluation de tous les paliers de la formation, depuis l'école primaire jusqu'à l'université. Notre niveau d'enseignement est sujet à caution. La formation pèche par un manque de rigueur qui se répercute sur les résultats des élèves et, partant, des étudiants. Le résultat du Bac sans les 25% auraient été catastrophiques. Face à cette réalité, il est nécessaire de s'interroger sur les causes et les facteurs qui freinent la qualité de notre enseignement. Commençons par l'école primaire qui a connu une série de réformes dont notamment les compétences de base. Un véritable fiasco car on n'applique pas une méthode calquée de toutes pièces sur une réalité anglo-saxonne. Un budget énorme gaspillé dans une expérience qui, d'emblée, ne correspond nullement au profil de nos classes surchargées et d'une infrastructure qui laisse à désirer. On ne peut demander à un enseignant de pratiquer une pédagogie différenciée et des méthodes d'avant-garde dans des écoles qui souffrent d'un manque flagrant du juste nécessaire (des robinets et des toilettes en bon état, des murs et des façades qui ont besoin d'être retapés, blanchis et réparés). L'école doit être désormais l'affaire de la commune. Elle est un centre névralgique du savoir. Il ne suffit pas de favoriser une salle de classe et un maître pour espérer améliorer le niveau des élèves. Il est nécessaire que le travail de l'enseignant soit secondé par des travailleurs sociaux et des psychologues qui accompagnent les jeunes dans leur cursus scolaire. Les enfants, dès leur bas âge, apprendront à assumer la responsabilité des affaires de l'école, d'où l'objectif fondamental de les impliquer et de les responsabiliser. Cette initiation se poursuivra plus tard et préparera le jeune à ses rôles d'adulte citoyen, responsable et conscient de son rôle dans la cité. Par ailleurs, le déplacement des jeunes occasionne des retards répétitifs et des absences qui, de toute évidence, ont un impact sur leur formation. A ce propos, une révision du temps scolaire propre à chaque commune pourrait apporter une solution à ce problème. La délégation régionale doit trouver toute seule les solutions spécifiques aux institutions scolaires de la région. Une décentralisation relative ne pourrait que faciliter le travail et donner plus d'efficacité à la bonne marche des études. Dans le même ordre d'idées, le bus scolaire est une urgence dans les régions déshéritées. Pour ce qui est des programmes scolaires, jusqu'à quand va-t-on continuer à privilégier une tête bien pleine à une tête bien faite ? Il est aberrant de voir un élève ayant des difficultés d'écriture consacrer son temps à apprendre par cœur des inepties. Ne serait-il pas judicieux de consacrer plus de temps à pallier cette difficulté qui va l'accompagner tout au long de sa scolarité et même quand il sera adulte ? A ce propos, la réduction du nombre des livres scolaires va, sans doute, décongestionner les programmes et favoriser un apprentissage de base de l'expression orale et écrite. Aussi doit-on chercher, très tôt, à motiver les jeunes à la lecture car c'est à ce stade que se développe cette passion. La récitation, la dictée et l'autodictée, le calcul mental et l'écriture ainsi que le jeu théâtral sont des exercices de premier plan. Leur efficacité est prouvée. Ainsi se développent la mémorisation, la locution et l'expression, tous susceptibles de préparer l'élève au palier du collège. Le passage de l'école au collège doit obligatoirement s'accompagner d'un examen national (le retour à l'examen de la 6e année) qui va départager les élèves, ceux dont les compétences discursives et communicationnelles sont attestées et ceux qui ont des difficultés à ce niveau mais qui sont, en contrepartie, plus portés sur les activités manuelles. L'orientation pourrait démarrer à ce palier vers un collège général ou un collège professionnel. L'entrée au lycée est sanctionnée par un examen national qui confirmera les acquis des uns et des autres. Certains poursuivront leurs études dans un lycée général, les autres intégreront un lycée professionnel, compte tenu de leurs compétences. Après une première année de tronc commun, les élèves des lycées d'enseignement général et professionnel choisiront leur orientation. Les options doivent désormais occuper une grande place. L'élève pourrait choisir trois options aussi variées que possible afin de l'initier à des activités qui ne concernent pas directement sa section mais qui pourraient lui ouvrir de nouveaux horizons à l'université. Quant aux élèves des collèges professionnels, ils peuvent poursuivre leurs études dans un lycée professionnel ou intégrer le monde du travail avec un CAP. A l'université, la réforme doit toucher le système LMD qui ne semble pas donner beaucoup de satisfaction. Le retour à la maîtrise permettra de consolider les acquis et éviter un arrêt des études qui ne répond pas aux attentes des professionnels. Ces différents dossiers méritent qu'on s'y attarde. Le débat est ouvert pour assurer à notre enseignement plus d'efficacité et une meilleure qualité. * (Conseiller en IOSU)