Par Zoubeïda KHALDI «Quiconque aura tué un être humain sans que celui-ci ait commis un homicide ou semé le désordre sur terre sera censé avoir tué l'humanité entière». (Le Coran - La Table servie - Sourate 5, V32) Pourquoi cette guerre ? Oui, une drôle de guerre sans cause ni pause, sans but et sans victoire. La guerre des routes. Sans casque, ni masque, ni abri. Sur les routes, le diable danse et bat la cadence et tous foncent avec impatience. A tombeau ouvert. Les bicyclettes traquent les camions. Les motocyclettes dament le pion aux autres «champions» de la route. Les taxis, les voitures de location et celles des administrations qui n'acceptent pas la frustration sont prêts aux pires infractions. Les bus et les camions estiment qu'ils sont les rois de la route et entendent se surpasser. Emouvant le spectacle de ces engins obèses qui se doublent sans arrêt. Les camions-citernes et autres myriapodes enflés juchés sur des milliers de pneus occupent la file de gauche. Ils sont pressés. Qui peut les en empêcher ? Dans ce morbide ballet, les particuliers, vexés, stressés, ne veulent pas se laisser doubler. Pourquoi alors avoir une Mercedes ou une BMW? Tous sont sur le point d'exploser. Tous en danger. Les piétons eux, tête baissée, ne peuvent s'empêcher de se jeter dans la mêlée. Ils traversent les routes et même les autoroutes quand ils veulent, là où ils veulent et sans regarder. Les ponts pour piétons sont hors sujet. Chats et chiens sont moins écervelés et font attention avant de traverser. Les femmes, elles aussi, traversent et conduisent avec une insoutenable légèreté. Egalité des sexes oblige. Et il arrive aux donneuses de vie d'ôter la vie...sans trop faire exprès... Une fois au volant, beaucoup se rappellent qu'ils doivent téléphoner à leurs amis, à leurs ennemis et à n'importe qui, histoire de plaisanter. Les signalisations n'ont rien d'impératif, d'indicatif ou même de décoratif puisque personne ne leur prête attention. Les ceintures de sécurité sont faites pour les angoissés. Ni code ! Ni civisme ! Ni respect ! Le spectacle est assuré. Ollé ! Ollé ! On zigzague, on double à droite, surtout dans les tournants, on s'engouffre allègrement dans les sens interdits, on «grille» les feux, on ignore les stops et on sait se fâcher quand on bute sur quelqu'un ou quelque chose. «Je transgresse donc je suis». Voilà le cogito des cascadeurs rodés. Ces rodéos, corridas ou courses poursuites laissent bouche bée. Les bilans sont ceux d'une guerre quotidienne et sans pitié. Des crimes sans mobile commis par des automobilistes juste pour «frimer» ou en état d'ébriété... Des familles entières sont ainsi décimées. Que de mamans meurent quand leurs enfants sont ravis à jamais... Que d'orphelins égarés ! Que de vies gâchées ! Une prise de conscience est vivement souhaitée. Des lois sévères doivent être imposées. En attendant de meilleurs jours, en attendant que la guerre soit terminée, ne faut-il pas chaque jour, avant de s'aventurer sur les routes, faire son testament, faire son lit et faire ses adieux aux bien-aimés, le retour étant peu assuré. Ainsi faute de savoir-vivre, le savoir-mourir prend le relais. Bonne chance !