MOSCOU (Reuters) — Moscou a déploré hier le rejet apparent par les Iraniens du compromis sur l'enrichissement d'uranium présenté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et destiné à dissiper les craintes suscitées par le programme nucléaire de Téhéran. Interrogé sur l'éventualité de nouvelles sanctions contre l'Iran, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souhaité la poursuite des efforts diplomatiques en vue de régler ce dossier. "Nous regrettons que l'Iran, selon toute apparence, ne juge pas possible d'accepter la formule qui lui a été présentée pour la production de combustible nucléaire destiné à son réacteur de recherches de Téhéran", a-t-il dit aux journalistes. "Nous sommes persuadés qu'il est impératif de faire des efforts supplémentaires, à la fois sur ce dossier précis et, plus largement, sur la question de la reprise des discussions en vue de résoudre tous les aspects du programme nucléaire iranien", a ajouté le chef de la diplomatie russe. Il a précisé que le Conseil de sécurité des Nations unies pouvait "bien sûr" discuter d'un nouveau train de sanctions contre Téhéran, tout en plaidant pour la retenue et la réflexion. "Si notre logique est de punir l'Iran ou si nous adoptons la posture de l'offensé (...), ce ne sera pas une approche réfléchie". "La situation n'est pas simple et le contexte politique intérieur en Iran ne facilite pas les choses", a poursuivi le chef de la diplomatie russe, invitant les puissances occidentales à ne pas mettre en péril le travail des inspecteurs de l'Aiea. L'agence viennoise propose de transférer 75% de l'uranium iranien faiblement enrichi en Russie puis en France pour en faire du combustible utilisable à des fins scientifiques, ce qui réduirait considérablement la marge de manœuvre de la République islamique dans le domaine militaire. Après en avoir accepté le principe, le 1er octobre dernier à Genève, Téhéran a émis des réserves et réclamé de plus amples discussions. Brandissant la menace de nouvelles sanctions, les Etats-Unis et leurs alliés européens attendaient une réponse formelle avant la fin de l'année 2009. Cette réponse écrite, qui aurait été remise ce mois-ci à l'Aiea, aux Etats-Unis, à la France et à la Russie, est le reflet des réserves iraniennes exprimées verbalement depuis deux mois, disent les diplomates.