A deux mois du lancement de la stratégie nationale pour l'emploi 2014-2017, qui sera annoncée le 17 décembre prochain, le comité de pilotage élargi en charge de son élaboration est en plein chantier. Les travaux, menés par une équipe d'experts pluridisciplinaires, vont bon train, au rythme des cercles de réflexion et de débat portant sur les nouveaux profils et contours d'une politique d'emploi réelle et effective en mesure de satisfaire les demandes et les revendications de la Révolution du 14 janvier. Certes, il ne semble pas possible d'apporter, à court terme, des solutions miracles qui seraient de nature à débloquer le marché du travail, mais il relève de l'urgence de revoir la situation pour la mise en place d'un nouveau modèle de développement orienté vers l'emploi. Mais quel modèle peut-on adopter dans un contexte économique mondialisé en perpétuelle mutation ? C'est ce qu'a tenu à montrer, hier matin au siège du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, un comité élargi composé d'économistes, d'universitaires et de représentants de ministères concernés, en collaboration avec les différents intervenants (Utica, Ugtt, Utap), opérateurs et société civile. Selon l'un des six axes majeurs de ladite stratégie, ce modèle de développement attendu devrait avoir pour priorités absolues le dynamisme de l'emploi, la promotion sociale et l'équilibre régional. A vrai dire, une nouvelle politique socioéconomique où le capital humain constitue la finalité de toute œuvre de développement intégrale et globale. Tout devrait tenir compte des potentialités de création de postes d'emploi, sur la base de nouveaux mécanismes régulateurs de l'équation offre-demande. Sur cette lancée, le débat s'est, d'emblée, dirigé vers la démarche méthodologique à suivre pour jeter les fondements structurels, institutionnels et juridiques d'un développement ouvert sur l'emploi. MM. Abdelmajid Bedoui et Mongi Mekaddem, deux experts universitaires, n'ont pas manqué de placer l'objet de la réunion dans quatre principes fédérateurs, à la lumière desquels se profile le modèle de développement envisagé. Il s'agit de mettre en relief les grandes mutations mondiales et leur impact sur la question de l'emploi, le diagnostic de l'actuel modèle de développement en Tunisie et sa rentabilité en termes d'offres d'emploi, l'étude comparée des expériences jugées réussies en la matière dans certains pays et les perspectives des procédures à prendre à court, moyen et long termes. C'est dans cette logique, de l'avis de ces experts, qu'il faut aborder la question de l'emploi en tant qu'objectif direct de développement. Sous l'ancien régime, la problématique de l'emploi n'a guère été prise au sérieux. Et le marché du travail était si souple qu'il offrait des postes d'emploi vulnérables à durée déterminée, limitée par des relations professionnelles basées sur les principes des contrats et de la sous-traitance... Avec des rémunérations mensuelles modiques, sans couverture sociale ni encadrement. Aussi les crises économiques successives survenues ces dernières années ont-elles affecté le rythme de développement en Tunisie et ailleurs ? Sans pour autant oublier le flux massif des diplômés du supérieur et les nouveaux arrivants chaque année sur le marché du travail. Autant de demandes additionnelles d'emploi que le modèle de développement existant n'arrive plus à absorber, eu égard à son caractère économique libéral, mondialisé et ouvert sur l'extérieur. D'où le constat : régression du rôle régulateur de l'Etat et effacement progressif de son autorité directive. Et l'on s'est retrouvé face à l'inadaptation de l'offre et de la demande, à cause de l'apparition de nouveaux facteurs économiques et démographiques. D'où l'impératif d'agir en faveur d'un nouveau modèle de développement susceptible de définir le rôle de l'Etat et du secteur public dans l'impulsion de l'emploi et d'améliorer l'employabilité des jeunes demandeurs, sans exclusion sociale ou régionale aucune. Il sera, également, question d'orienter ce modèle vers des secteurs à haute valeur ajoutée, de chercher les pistes d'un système juridique et institutionnel de partenariat public-privé, de favoriser un climat d'affaires stable et compétitif, encourageant l'esprit d'initiative privée. Dans le cadre des normes de transparence et des règles de la bonne gouvernance.