Intervenant au cours de cette session, le premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi a souligné, qu'en dépit des effets pervers de la crise, la Tunisie demeure attachée à son modèle de développement de tendance libérale et à la préservation du rôle régulateur de l'Etat, d'une part, et l'ouverture sur l'économie mondialisée et la mise à profit des opportunités qu'elle offre, d'autre part. Selon M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, l'année 2009 sera une année difficile pour les sociétés qui exportent vers la zone euro qui passe actuellement par une période de récession et mis en exergue les mesures présidentielles prises pour aider les entreprises tunisiennes à faire face aux effets pervers de la crise économique mondiale. Le Premier ministre a souligné le rôle socioéconomique des 3.000 entreprises étrangères installées en Tunisie lesquelles offrent 250 mille emplois, ce qui représente des sources de revenus estimés à environ un million de tunisiens. Pour M. Ghannouchi, le mot d'ordre est toute évidence dans la qualité. Il a appelé les entreprises à améliorer la qualité des produits tunisiens afin de maintenir leur positionnement sur les marchés internationaux et de conquérir de nouveaux marchés, affirmant que 900 entreprises sont aujourd'hui certifiées conformes aux normes de la qualité "ISO" sur un total de 5.200 entreprises. Le représentant du Rassemblement constitutionnel démocratique a appelé à mettre en activité les deux technopoles de Jendouba et de Médenine dans les plus brefs délais, à impulser l'investissement privé et à organiser des conférences régionales pour mieux faire connaître les spécificités des régions intérieures à des fins d'investissement. Réagissant à cette intervention, M. Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, a annoncé que les études de faisabilité technico-économique des technopoles dans les régions de Jendouba et de Médenine seront, fin prêtes au mois de juin prochain. Pour le représentant du parti d'opposition légale, le Mouvement des Démocrates socialistes (MDS), la meilleure parade à la crise consiste en l'impulsion de l'investissement local à travers, entre autres, l'accélération du rythme d'aménagement des zones industrielles, tout particulièrement, à l'intérieur des régions et la lutte contre le commerce parallèle. Il s'agit également d'accorder une attention particulière au secteur agricole et à la création des groupements agricoles afin d'atténuer le phénomène de l'exode rural. Dans sa réponse, M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), a indiqué que les banques tunisiennes sont disposées à financer les investissements pour peu que les conditions de viabilité d'un projet soient réunies, en l'occurrence : "l'idée de projet, le sérieux de l'investisseur et l'existence d'un marché à même d'assurer la commercialisation du produit". Interpellé sur cette même question, M. El Hadj Gley, ministre des Technologies de la communication, a déclaré que quelque 54 zones industrielles ont été reliées par un réseau de fibres optiques d'une capacité de 100 mégabits devant profiter à 1.600 entreprises. Le ministre a évoqué, dans la même foulée, les baisses de 25 à 30% instituées au profit des entreprises économiques qui sont reliées à l'étranger avec des moyens de communications modernes (Internet haut débit et satellites). Il a souligné l'enjeu pour les entreprises tunisiennes de tirer le meilleur profit des nouvelles technologies de l'information et de la communication qui ont l'avantage d'améliorer la productivité au fort taux de 30%. Le représentant du MDS a demandé, en outre, des éclairages sur le degré d'efficience et de réussite des stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP) et son apport sur l'intégration totale des stagiaires dans l'entreprise. Lui répondant, M. Slim Tletli, ministre de l'Emploi et de l'Insertion de la jeunesse, a soutenu que 58% des diplômés du supérieur qui en ont bénéficié ont intégré le marché du travail et relevé que ce mécanisme est adapté aux besoins de l'économie et des demandeurs d'emploi. Il a tenu à préciser que ce mécanisme a été restructuré afin d'en améliorer le rendement et passé en revue les incitations instituées en vue d'encourager les entreprises à embaucher le maximum des bénéficiaires du SIVP. S'agissant du commerce parallèle, M. Ridha Touiti, ministre du Commerce, a abordé les efforts déployés pour limiter les effets du phénomène par la diminution des tarifs douaniers qui ont atteint, à l'heure actuelle, 20% et devraient atteindre 15%, à l'horizon 2011, sachant que le taux maximal est estimé à l'heure actuelle à 36%. Le représentant du parti de l'Union Populaire(PUP) a recommandé de créer un fonds national pour les travailleurs licenciés et de promouvoir la culture de l'économie de l'énergie, notamment, auprès des structures municipales et des nouvelles entreprises. Lui répondant M. Ali Chaouch, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger, a indiqué que l'Etat a déjà mis en place un ensemble d'aides au profit de cette catégorie de travailleurs. Parmi ces aides, figurent l'institution, durant une année, d'une prime mensuelle de 200 dinars et le maintien du bénéfice, durant une année également, de la couverture sociale et l'assistance apportée par les programmes d'insertion des licenciés à la charge du ministère de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle de la jeunesse. Le représentant du PUP a aussi suggéré d'adopter une évaluation statistique pour s'assurer du degré de pérennité des entreprises installées, de lutter contre le morcellement de la propriété agricole et de redoubler d'efforts en matière de lutte contre le phénomène de l'évasion fiscale. A ce sujet, M. Rachid Kechiche, ministre des Finances, a souligné que la lutte contre la fraude fiscale reste parmi les principales missions du ministère, insistant sur la nécessité pour les différents acteurs sociaux de lutter contre cette mentalité et d'accepter des mesures radicales contre les contrevenants. Le représentant de l'Union Démocratique Unioniste (UDU) a appelé à promouvoir le secteur public, à améliorer les bilans des entreprises, à travers l'adoption de réformes ciblées, à encourager les jeunes à s'impliquer davantage dans le secteur agricole et à réaliser l'équité fiscale. Le représentant du Mouvement Ettajdid a souligné la nécessité d'inciter les jeunes diplômés issus de l'immigration à venir travailler en Tunisie, mettant en exergue la nécessité de promouvoir l'information économique et de renforcer la presse économique. S'agissant de la contribution des tunisiens à l'étranger à l'impulsion de l'investissement local, le ministre des affaires sociales, de la solidarité et des tunisiens à l'étranger a déclaré que cette catégorie a créé, durant la période 2002-2007, quelque 2530 projets, moyennant un investissement d'un montant de 120 millions de dinars. Ces projets emploient actuellement 9300 personnes. Le représentant du Parti Social Libéral (PSL) a souligné la nécessité de bannir la mentalité d'assisté qui empêche l'initiative, l'esprit de concurrence et la prise de risque. Réagissant à ce constat, M. Hatem Ben Salem, ministre de l'Education et de la Formation, a annoncé que son département a entamé la création, au sein des établissements scolaires, de clubs de création d'entreprises dans l'ultime but de diffuser, auprès des jeunes générations, la culture d'entreprise et la libre initiative. Il a annoncé, également, la mise au point d'une stratégie visant à aider les promus de la formation professionnelle à créer leurs micro-entreprises et a relevé que des réunions seront tenues avec les fédérations patronales en vue de connaître le profil des diplômés demandés pour la réalisation des mégaprojets. Le président de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et la Pêche (UTAP) a insisté sur la nécessité de poursuivre l'action en vue de renforcer les centres d'affaires afin qu'ils contribuent au lancement effectif des projets ainsi que sur le contrôle du financement agricole, la mise à niveau des marchés et des circuits de distribution et le besoin d'apporter davantage de transparence pour garantir un meilleur revenu à l'agriculteur. Il a évoqué également le morcellement de la propriété agricole. A ce propos, M. Bechir Tekkari, ministre de la Justice et des Droits de l'homme a précisé que le morcellement de la propriété agricole est le fruit du transfert de propriété par le biais de l'héritage et annoncé que son département prépare, avec le concours du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, une étude sur la dispersion de ce type de propriété. Le représentant de la centrale patronale ( (UTICA) a appelé à une exploitation optimale des ressources disponibles en matière de création de sources de revenu, d'évaluer le code des droits fiscaux, de réviser le code de la TVA et d'en élargir les champs d'application à toutes les activités. Il a, en outre, recommandé la promulgation au plus vite de la loi sur le commerce de distribution et de généraliser les dernières mesures présidentielles au profit des entreprises exportatrices en difficulté aux autres entreprises affectées par la crise financière mondiale. Traitant du dossier du commerce, M. Béchir Tekkari a annoncé que son département s'emploie, actuellement, à réviser le code des sociétés commerciales en vue de l'adapter aux normes internationales. Il a fait remarquer que le registre du commerce souffre de sa non-actualisation et que le ministère uvre à y remédier et à faciliter son utilisation avec le concours du ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME. Le représentant de la fédération tunisienne des agences de voyage et de tourisme (FTAV) a recommandé d'organiser des campagnes promotionnelles pour conquérir de nouveaux marchés, en vue de développer le rendement du secteur et de préserver la place de la Tunisie en tant que destination touristique privilégiée. (NDR : tout récemment le ministre du tourisme a annoncé une enveloppe de 40 millions de dinars pour la promotion touristique). Le représentant de la centrale syndicale (UGTT) a indiqué que l'entreprise tunisienne est appelée à assumer devant la société une lourde responsabilité. Celle-là même qui consiste à préserver les emplois et à renforcer les acquis socio-économiques accomplis, jusqu'ici, par le pays. M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, a indiqué, à ce propos, que la crise financière impose à la Tunisie deux choix sans plus. Le premier choix consiste en la préservation par les entreprises étrangères de leur site de production en Tunisie, en leur permettant de bénéficier d'un système d'appui devant leur permettre de surmonter les difficultés. La deuxième alternative consiste à attirer d'autres entreprises qui uvrent à délocaliser leurs sites de production Marges de manuvre : Par delà les demandes d'éclairages des uns et les réponses des autres, le premier ministre a tenu a rappeler que la Tunisie dispose encore d'assez de marge de manuvre pour booster l'économie et améliorer sa compétitivité. Il a avancé que les perspectives d'amélioration de la productivité demeurent larges, expliquant que l'écart de productivité avec les pays avancés est notable dans les secteurs des industries manufacturières (27%), des services (40%) et des services destinés au marché intérieur (60%). Il a annoncé qu'un débat national sera prochainement organisé en Tunisie sur la productivité afin d'identifier les moyens de l'améliorer. Il a, par ailleurs, relevé la nécessité d'augmenter le taux d'encadrement estimé, actuellement, à 14%, taux qui peut atteindre 10%, compte non tenu des cadres travaillant dans la fonction publique. En effet, a-t-il ajouté, l'amélioration du taux d'encadrement habilite l'entreprise à maîtriser la crise et à tirer profit des opportunités qu'elle offre.