On a aujourd'hui l'impression que dans son nouveau contexte, la sélection n'a pas de mal à trouver sa place et que sa protection est de plus en plus assurée. Même si certaines compétitions sont mal placées, comme la Coupe d'Afrique des Nations, dont on se demande pourquoi elle se déroule tous les deux ans. On connaît l'argument : cette périodicité permet le développement du football dans le continent, mais, d'un autre côté, comment les clubs peuvent-ils accepter de perdre un ou plusieurs joueurs pendant plus d'un mois? Ou de les libérer en pleine semaine pour des matches amicaux à l'autre bout de la terre? Il est clair que la CAF ne pense qu'à ses propres intérêts et qu'il n'y a aucune harmonie dans la programmation des différentes compétitions. Il n'empêche que le statut de la sélection tunisienne a évolué dans le bon sens. Surtout que sur les terrains, les joueurs sont devenus beaucoup plus maîtres de leur destin. Par le passé, ils étaient soumis au bon vouloir des entraîneurs qui imposaient une véritable restriction dans le jeu. D'où la question: le sélectionneur d'aujourd'hui a-t-il réussi à se démarquer du mode de travail et de la ligne de conduite des entraîneurs qui l'ont précédé et qui ont fortement influencé la manière de jouer de l'équipe pendant de longues années? Si on prend l'exemple de Sami Trabelsi, on constate que son rôle a forcément changé. En effet, et même s'il continue à prendre les meilleurs ou ceux qu'il considère les plus complémentaires, sa tâche est devenue en revanche plus complexe. Un bon nombre de joueurs évoluent à l'étranger, pratiquent un football éloigné de celui de l'équipe nationale. Le calendrier est plus fourni. Des éliminatoires par-ci, des coupes par-là. Il y a une accumulation qui ne se justifie pas, qui entraîne une surcharge et prive les joueurs de la concentration nécessaire pour les matches internationaux. Du coup, c'est la qualité du spectacle qui en souffre. On regrette après chaque grand rendez-vous international que les équipes ne disposent pas de leurs meilleurs atouts. Le sélectionneur peut se plaindre de ne pas pouvoir préparer les compétitions dans les meilleures conditions. Le système n'est cependant performant pour personne. Les clubs râlent, les entraîneurs aussi et les affrontements sont de plus en plus nombreux. Parce que personne ne tente de fixer un objectif commun. C'est un cercle vicieux dans lequel le joueur se retrouve au beau milieu. C'est triste pour l'épreuve, le public et les joueurs. Pourtant, avec du dialogue, du respect et du bon sens, on ne devrait pas en arriver là. Quoi qu'il en soit, la sélection continue toujours à exercer une forte attraction. Ses matches demeurent des moments privilégiés, autant pour les joueurs que pour le public. Il ne suffit plus d'exister, il faut aussi évoluer, se développer. Le temps de passage moyen, ainsi que l'impression qui se dégage des différentes prestations accréditent la thèse d'une marge de manœuvre importante de l'équipe de Tunisie. Elle domine toujours le lot, mais elle ne domine pas suffisamment son sujet. Elle suscite davantage le respect que la crainte. Sans aller jusqu'à dire qu'elle est bonne à prendre, il nous semble que son sacre n'est pas écrit d'avance. Un bataillon en ordre de marche et un ensemble qui vit autant d'espoirs que de craintes, la sélection est ainsi à sa place, qui n'est ni celle du cancre ni celle du surdoué. Et il ne serait pas utopique de lui souhaiter bonne chance pour le match de qualification de ce soir...