Suite à la publication, le 9 octobre 2012, d'un article sur les malvoyants, nous avons reçu la réaction suivante de Dr Ridha Mabrouk, fondateur de Nadi Al Bassar. «Je lis dans votre journal, du mardi 9 octobre, un article intitulé : «Une première expérience*» sous la signature de Samira Hamrouni. Cela me suggère quelques remarques pour la bonne information de vos lecteurs. Vous voudrez bien les inclure dans le commentaire de cet article particulièrement intéressant. Sfax a été à l'avant-garde dans beaucoup de domaines. L'initiative décrite est louable et généreuse. Cependant, pour sa bonne réussite et ne pas être à l'origine de déceptions futures pour ces petits, des conditions doivent être bien remplies. L'intégration dans l'école publique de non-voyants est une grande chose. Elle exige que leurs camarades voyants aient acquis assez d'esprit civique pour dépasser leur complexe de supériorité. Le rôle de l'éducation et de l'environnement est évidemment d'un grand poids. N'oublions pas que notre langage lui-même continue à isoler ces petits en les appelant handicapés. Pour mémoire, jusqu'à récemment, nous avons combattu pour remplacer le mot handicapé visuel par malvoyant. A l'école, présenter un semblant de pitié ou être gentil vis-à-vis d'un camarade non voyant est seulement signe de grand cœur. De leur côté, ces petits malheureux doivent avoir perdu leur complexe d'infériorité une fois qu'ils auront acquis une préparation adéquate et avec une bonne formation actuellement parfaitement disponible grâce aux progrès des sciences visuelles en général. Il leur suffit aussi de se rappeler des noms qui illustrent notre littérature et notre poésie : Taha Husseïn et Abou El Ala El Maâri. La langue arabe désigne aveugle par «El Bassir». «Annour» est cité plus de 100 fois dans le Coran et «El Aïn» signifie l'œil et la source d'eau. Sur le plan mondial, la technologie médicale a révolutionné le mode de vie du non-voyant par la révolution du Braille et, plus récemment la rééducation fonctionnelle a eu le même effet sur le mode de vie du malvoyant. Disons, sans fausse modestie, que notre pays n'est pas en retard dans ce domaine puisqu'en 1954, une machine à écrire spéciale a pu être mise au service d'un malvoyant. Il s'agissait déjà d'une initiative charitable privée. Ce fut l'origine de la création des amis des malvoyants. Pour ce qui concerne les petits en question, il faut d'abord bien distinguer s'il s'agit de non-voyants définitifs ou s'ils souffrent d'une capacité visuelle résiduelle éteinte qu'on peut ranimer. De toute façon, il faut accorder à chacun de ces groupes la formation adéquate, et surtout ne pas les abandonner en chemin. La continuité, au moins au début, est la condition préalable pour le succès. La recherche et la technologie nous apportent en effet chaque jour des nouveautés, cela, sans parler du progrès de la chirurgie oculaire. Je suis donc optimiste. Mais hélas, la société actuelle répond difficilement au droit de chacun à la santé et à l'éducation. Je doute qu'elle puisse répondre en même temps aux besoins spécifiques de certains groupes de la population. En réalité, il s'agit d'éliminer ou de réduire l'isolement injuste de certains groupes de la population. Cela témoigne d'un niveau de développement appréciable. C'est notre but. Nous avons les hommes et les moyens de le faire. Reste la volonté politique. L'expérience décrite par la journaliste Samira Hamrouni exprime le sentiment profond de beaucoup d'entre nous d'être utiles et de contribuer à l'épanouissement de notre société avec toutes ses composantes. C'est une belle occasion d'attirer l'attention de nos législateurs sur la nécessité de revoir notre ancien système d'organisation charitable** ou de copier la fondation de l'Occident. Ainsi, le public et le privé se donneront la main pour le bonheur de nos petits. * Parlant de l'intégration des écoliers non voyants dans une école sfaxienne ordinaire ** Supprimé sans raison valable