Né en 1912 à Tunis et décédé le 13 octobre 2012 à Radès (101 ans), le Cheikh El Fadhel Mahmoud Ben Béchir Chemmam a consacré sa vie à contribuer à l'essor de la Tunisie par son immense savoir. Le Cheikh Chemmam était titulaire du diplôme zeitounien « Tatwiaâ » et d'une licence en droit. Il avait enseigné à l'université Zitouna et à la faculté de droit de Tunis. Il avait été conférencier à l'Institut supérieur de magistrature, et membre du Haut Conseil islamique depuis sa création. Il était le fils de Béchir Chemmam, cheikh zaouia, et de Fatma Belkhodja, fille du Cheikh Al Islam Mahmoud Belkhodja et de Douja (Khédija) Darghouth. Comme il était le neveu de Ali Belkhodja (1892-1982), Imam et Mufti Hanafite. Il était marié à feu Hajja Kmar Bent Mohamed Salah Ben M'rad, le Cheikh Al Islam Hanéfite, et il avait trois frères, Zein El Abidine (magistrat), Mhammed (enseignant, professeur d'instruction religieuse) et Abdelhamid (agriculteur) et deux sœurs : Leïla et Rafiâa, tous décédés. Magistrat de carrière (pendant 40 ans), il avait débuté ses fonctions à Béja et a terminé Premier président de la Cour de Cassation. Il était un amoureux de la ville de Radès où il avait occupé successivement plusieurs propriétés, dont la villa «Emna» rue Amilcar, son dernier lieu de résidence qu'il avait fait construire à Mongil par l'intermédiaire d'un architecte réputé sur les hauteurs de Mongil. Il avait tenu pendant plus de 30 ans, dans cette dernière, un club culturel du vendredi richement décoré par une exposition de photos, aux réunions desquelles de nombreuses figures de l'intelligentsia tunisienne assistaient. Sa longévité a fait aussi qu'il a accompagné pratiquement tous les protagonistes du mouvement de libération nationale. Il a écrit une quinzaine d'ouvrages, notamment juridiques, rapportés dans une biographie écrite en langue arabe en 2003 (1) par Abdelkader Moualej, intitulée Le juge Mahmoud Chemmam à travers ses écrits. Parmi ces derniers, deux biographies sur les personnalités de Sadiki et de la Zitouna. Il a aussi écrit notamment un historique des clubs culturels féminins en Tunisie et un opuscule sur sa belle-sœur, la militante féministe musulmane B'chira Ben M'rad que je comptais exploiter pour écrire moi-même un livre retraçant une période importante de l'histoire de la Tunisie, se situant dans les années 1930. D'une manière générale, son œuvre et la riche bibliothèque qu'il laisse sont un atout pour la recherche dans le domaine historique, juridique et religieux. D'ailleurs, durant sa riche vie, de nombreux chercheurs et universitaires l'ont contacté et bénéficié de ses conseils précieux, de même que la Télévision nationale lui a consacré plusieurs émissions et interviews. Le Cheikh Mahmoud Chemmam n'a pas eu d'enfants biologiques, mais le lien, l'affection et la diffusion du savoir qu'il a fédérés autour de lui ont fait des nombreux Tunisiens qui l'on connu, de près ou de loin, ses enfants adoptifs. Que Dieu lui accorde Sa Miséricorde et l'accueille dans Son immense Paradis. (1) Société d'impression culturelle 99 rue Fadhel Ben Achour Hammam-Lif Tél. : 71.290.674