«A l'horizon 2030, moyennant une politique volontariste d'efficacité énergétique, le total des économies d'énergie finale cumulées serait de l'ordre de 65 Mtep» Ces dernières années, les marchés de ces ressources fossiles, principalement le pétrole et le gaz naturel, ont subi des turbulences continues. En effet, la flambée vertigineuse des prix est de nature à entraver la bonne marche de tout tissu économique. Et la situation ne cesse de s'aggraver au fil du temps, suite à la croissance de la demande mondiale de toute forme d'énergie et l'incertitude qui règne dans maintes régions du monde. Les répercussions sont néfastes pour toutes les activités économiques. D'ailleurs, suite à ce renchérissement continu, les coûts de revient seront constamment révisés à la hausse. Incapables de répercuter toute la hausse sur les clients, les entreprises grignoteront leurs marges bénéficiaires. Peu compétitives, suite aux renchérissements de leurs produits, certaines entreprises trouveront du mal à écouler leurs productions. La persistance d'une telle situation conduira à des situations dramatiques, sur les plans économiques et sociaux, de la faillite systémique des entreprises au chômage technique galopant. S'agissant d'une problématique de coût, il incombe à toutes les parties prenantes de réviser la structure des charges, notamment relatives à l'énergie. Ainsi, il s'avère que l'utilisation rationnelle de l'énergie constitue un vecteur d'efficacité énergétique jouant un rôle important dans le développement économique et social du pays. Consciente de l'ampleur de la variable énergétique, la Tunisie s'est engagée depuis un temps dans des programmes de rationalisation de la consommation d'énergie. Pour ce faire, des techniques, des équipements, des fonds, mais surtout des experts ont été mobilisés pour optimiser les consommations énergétiques des professionnels. «A l'horizon 2030, moyennant une politique volontariste d'efficacité énergétique, le total des économies d'énergie finale cumulées serait de l'ordre de 65 Mtep», mentionne une étude sur la maîtrise de l'énergie à l'horizon 2030. Dans une première phase, afin de mieux cibler les actions d'efficacité énergétique à entreprendre à court et moyen terme, il a été procédé à une répartition sectorielle du potentiel des économies d'énergie primaire. Les analystes montrent que sur la période 2005-2011, le secteur industriel a représenté 44,5% du potentiel global, contre 29,5% pour le transport et 26% pour le résidentiel et le tertiaire. Parallèlement, le secteur de l'industrie est le plus gros consommateur d'énergie représentant 36% de la consommation totale d'énergie finale commercialisée en Tunisie. D'où la nécessité de porter un intérêt particulier à la consommation de l'énergie de ce secteur, voire un engagement immédiat. A ce titre, il est à noter que des mauvaises pratiques, des équipements non appropriés et des incitations inadéquates sont les principales causes du manque d'efficacité énergétique, voire des gaspillages du tissu industriel tunisien. Les programmes visent à hisser le rendement des opérateurs du secteur aux normes des entreprises européennes. «En atteignant cet objectif, les économies d'énergie finale cumulées, à l'horizon 2030 pour le secteur industriel, atteignent 16 Mtep, ce qui représente l'équivalent de sept années de consommation d'énergie finale du secteur.» Pour la réalisation de cet objectif, l'Anme a mis en place un dispositif de sensibilisation, concertation et promotion. Ce travail de proximité auprès des professionnels consiste en des opérations spécifiques de concertation et de dialogue avec trois catégories d'industries (ciment, autres grands consommateurs d'énergie et industrie légère), et ce, moyennant l'organisation de «tables rondes» ou «ateliers de concertation» avec les dirigeants de haut niveau de l'industrie et des industries énergétiques, ainsi qu'avec les associations professionnelles. Mieux encore, plusieurs experts et équipes techniques sont mobilisés pour effectuer les programmes d'audits nécessaires. A la lumière des réalisations passées en matière d'audit énergétique, plusieurs recommandations, surtout pour les gros consommateurs d'énergie, ont été avancées. S'agissant des nouveaux projets, une assistance s'impose pour une meilleure sélection des équipements, des techniques de travail et éventuellement à la conception du projet. Substituer le gasoil et le fuel Le recours au développement de la cogénération constitue l'un des piliers de la stratégie de maîtrise de l'énergie dans le tissu industriel. « Le potentiel global de la cogénération est estimé à 600 MW dont 400 MW dans le secteur de l'industrie. » selon la même étude. La démarche repose sur un diagnostic du potentiel technique et économique de la cogénération en Tunisie et une identification précise du marché potentiel et du groupe cible à moyen et à long terme. Ensuite, la mise en place d'un fonds spécifique destiné à contribuer aux investissements en équipements de cogénération, et autres frais s'y afférent à des conditions avantageuses pour les investisseurs (octroi de taux d'intérêt bonifiés). Enfin, la mise en place de mesures d'accompagnement et de communication sur la technologie de la cogénération. Les professionnels bénéficieront d'une base de données sur les équipements disponibles dans le monde, le renforcement des capacités dans le domaine de l'intégration de la cogénération dans le réseau électrique, ainsi que des études de faisabilité, de dimensionnement, d'installation et de maintenance des équipements de cogénération. Parmi les autres alternatives, le gaz naturel constitue l'une des plus réalisables. D'ores et déjà, une série de mesures incitatives a été arrêtée en vue de favoriser une plus grande utilisation du gaz naturel comme alternative au gasoil et au fuel. La redéfinition de nouveaux mécanismes tarifaires et réglementaires ainsi que la reformulation de mécanismes financiers sont de nature à encourager, davantage, les entreprises à se convertir au gaz naturel et à favoriser une connexion aux réseaux de gaz à moindre coût. D'après l'étude, «la connexion de plus ou moins 300 entreprises prioritaires déjà programmées, l'énergie déplacée a avoisiné les 460 Ktep à la fin de 2011.» Dans cette nouvelle phase, tous les projets méritent d'être consolidés, voire multipliés, pour assurer une meilleure efficacité énergétique en vue de soutenir la compétitivité du tissu industriel, préserver les fonds de subvention et renforcer les fondamentaux économiques.