A l'époque, plus précisément dans les années 1970, il existait en plein cœur de la banlieue nord, une salle de cinéma qui s'appelait «Elyssa Carthage». Construite en 1964, cette salle offrait aux regards du public du burlesque, de l'humour, de la fantaisie et du dépaysement. Fermée pendant plusieurs années, elle réouvre ses portes en 1994 pour accueillir le Théâtre Phou qui l'a choisie pour élire domicile et en faire un espace culturel polyvalent d'art et de création. Elyssa Carthage s'appelle désormais Mad'art, et la compagnie théâtrale s'est longtemps battue pour préserver l'identité de la salle en accordant, dans son programme, une bonne place au cinéma. Elle a ainsi commencé par organiser des projections à thèmes, à offrir la résidence à une association de films d'animation et à accueillir leur premier festival. Mais ces activités cinématographiques avaient besoin de continuité et d'être prises en charge par des professionnels du secteur. Ce n'est qu'en janvier 2012 que Ciné Mad'art est né et que le grand écran d'Elyssa Carthage s'est rallumé, et d'une manière régulière. Toutes les après-midi (sauf les jours où la salle est réservée pour d'autres évènements), les guichets sont ouverts au public assoiffé de salles obscures et de lumière lactée. Peut-on pour autant dire que Ciné Mad'art s'ajoute désormais au parc cinématographique qui s'appauvrit de jour en jour ? En tout cas, la compagnie du Théâtre Phou, avec la précieuse collaboration de Amal Saadallah (diplômée en lettres françaises et en communication) et Kaiess Zaied (réalisateur de courts métrages) –tous les deux passionnés du 7e art qui ont un projet commun appelé Société Cinéphile d'Exploitation de Salles—, tente de combler un certain vide. Les partenaires de cette action font régulièrement des briefings pour choisir les films et donner le ton. En plus du volet commercial, la salle consacre un écran pour un «Ciné club» et un autre pour les «Evènements». Dans le premier volet, Ciné Mad'art ne propose que des nouveautés. Dans le deuxième, tous les mardis à partir de 19h00, les cinéphiles ont rendez-vous avec des films à thème, suivis de débats. Dans le troisième volet, il s'agit de créer tous les deux mois, un évènement. C'est ainsi qu'il y a eu, entre autres, des projections liées à des évènements internationaux comme la fête de la musique, des séances spéciales pour la découverte de nouveaux talents tunisiens ou étrangers et des fenêtres ouvertes sur d'autres cultures cinématographiques, comme la japonaise, celle des mangas. Ciné Mad'art fêtera bientôt son premier anniversaire. Les directeurs de l'espace (Raja Ben Ammar et Moncef Sayem) et leurs jeunes partenaires pensent avoir quand même réussi à créer une belle dynamique. Côté Cinéclubs, le bilan est positif. Mais concernant le volet commercial, il va falloir étudier la fameuse question de rentabilité, l'une des causes principales de la fermeture des salles de cinéma dans tout le pays. En attendant, Amel, Kaiess et le Théâtre Phou rêvent encore d'évènements. Ils comptent en créer un nouveau qui traitera de la direction d'acteurs, et un autre sur le thème de la danse à l'occasion des JDC (Journées de la danse contemporaine). Mais pour inaugurer la nouvelle saison du Cinécub, on nous annonce, entre autres, le «Cinéma mondial tour» qui sera clôturé les 29 et 30 de ce mois. Il s'agit d'une sélection de films documentaires et de fiction et l'initiative est soutenue par les festivals de Rotterdam et d'Amsterdam et proposée par le réseau des salles de cinéma arabes, «Naas» (Network Arab Art House Screans», dont Ciné Mad'art fait partie.