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Le retour des ciné-clubs ?
Activité cinématographique de Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 06 - 2010

Que peut apporter un ciné-club à la cinéphilie, 10 ans après l'an 2000 et quel rôle pour les ciné-clubs sur la scène culturelle, et sur celle de la capitale en particulier ? Des questions que ne cessent de se poser, dans le milieu culturel, les professionnels et les amateurs de cinéma et auxquelles plusieurs ébauches de réponse ont été avancées. Mais le fait est là, l'essor des «clubs d'amateurs de cinéma où l'on peut étudier la technique et l'histoire du cinéma suite à la projection d'un film» (wikipedia) n'est plus ce qu'il était et nombreuses sont les raisons de ce déclin. Avec la saison 2009/2010, des ciné-clubs sont apparus ou réapparus à Tunis, dans la diversité de ses vocations. Bien que leur nombre reste faible, cela nous laisse espérer une éventuelle amélioration de la situation.
Durant cette dernière saison de l'activité culturelle en général et cinématographique en particulier, force est de constater que les ciné-clubs à Tunis ont été un point fort pour plusieurs raisons, dont la maturité de l'organisation et de la programmation de ceux qui existent déjà, et l'apparition de nouveaux, ce qui rime avec plus de présence des cinéphiles. La cartographie des ciné-clubs à Tunis nous permet de les classifier principalement, selon un critère de visibilité et d'activité, de la manière suivante : les ciné-clubs de la Ftcc, ceux des salles de cinéma, des facultés, des associations et des espaces culturels.
Ces clubs bénéficient pour la plupart d'un emplacement plus ou moins rapproché du centre-ville, ce qui en facilite l'accès. Ceux qui ne sont pas gratuits proposent des prix symboliques (entre 1 et 2,5 dinars par séance) ou préférentiels pour les étudiants. De plus, les cinéphiles, entre anciens et nouveaux, ceux qui ont été perdus de vue, qui ne se connaissent pas ou ne se reconnaissent plus, se retrouvent désormais dans les réseaux sociaux sur Internet (facebook, twitter…) en «groupes» et en «amis communs». Ils peuvent non seulement partager leur passion pour le cinéma, mais se tenir aussi au courant des «évènements» cinématographiques. Les ciné-clubs en profitent pour communiquer sur leur programmation et «inviter» les fidèles de ces réseaux sociaux. Certains facebookers vont jusqu'à lancer des messages du genre «je me rends au ciné-club x ou y : qui m'accompagne ?». Nous avons même vu, à un moment donné, apparaître «le ciné-club de facebook» : un concept qui n'a pas eu les atouts pour réussir, car les «membres» doivent avoir un pied dans la réalité, pour voir le film en parallèle, et un pied dans le virtuel pour en discuter ensuite, ce qui n'est pas évident à faire.
Un moyen de distraction, rien de plus !
Concernant l'importance de l'activité des ciné-clubs en 2009/2010, et si l'on considère l'historique de la cinéphilie en Tunisie, il conviendrait que la Fédération Tunisienne des Ciné-clubs soit la structure la plus active. Cette fédération est celle qui a initié, par sa fondation en 1950, l'activité des ciné-clubs dans notre pays et qui en comptait plus d'une centaine sur tout le territoire tunisien. Or, elle n'en compte plus, aujourd'hui, que deux à Tunis (club adultes et club enfants) et quelque-uns dans les gouvernorats où son activité était forte dès le début (Sfax, Sousse…).
La Ftcc en est responsable, certes. Il ne faut cependant pas nier qu'elle dépend d'un contexte général où le ciné-club n'est plus une école, où la cinéphilie est devenue plus une affaire personnelle qu'un sujet de débat collectif, où les salles de cinéma se font de plus en plus rares — souci de rentabilité ? et où le cinéma en tant que tel est considéré par la masse comme un moyen de distraction et rien de plus. Mais le résultat est là : les ciné-clubs de la Ftcc, au même titre que tous les autres, qui sont devenus des clubs sélectifs, suivis par un cercle restreint de personnes qu'ils sont arrivés à fidéliser et qui ne sont autres que les cinéphiles dans l'ancienne définition du terme : ceux qui aiment regarder les films sur grand écran et en discuter en groupe.
Pourtant, c'est bien le grand nombre qui devrait être dans la ligne de mire de la Ftcc, le cinéma étant un moyen d'éduquer et de cultiver. Alors pourquoi ne va-t-on pas chercher les gens là où ils sont, dans les quartiers populaires et défavorisés, comme dans les quartiers chics, et pourquoi ne pas solliciter des jeunes de ces mêmes endroits pour prendre la relève et animer des ciné-clubs sur place ? Surtout que le club de Tunis de la Ftcc a réussi sa saison 2009/2010 par une programmation intéressante et proche de ses amateurs en adoptant le slogan «Un ticket pour…» où chaque mois est dédié au cinéma d'un pays ou d'un réalisateur. Décembre, par exemple, s'est inscrit sous le thème «Un ticket pour le cinéma tunisien», cycle pendant lequel d'importants films ont été projetés et ont fait l'objet de débats, comme Seuils interdits de Ridha Behi. S'en suivirent «Un ticket pour le cinéma brésilien», «Un ticket pour la musique», la dixième édition de «Cinéma de la paix», qui a été dédié à Asma Fenni, ex-présidente de la fédération, décédée à la fleur de l'âge, «Un ticket pour le théâtre» et, pour la clôture de la saison en mai, «Un ticket pour Hayao Miyazaki» (réalisateur de mangas japonais : Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoké…).
Favoriser la diversité
Un seul club sur tout Tunis fait de la Ftcc un morceau parmi d'autres dans le gâteau de l'activité des ciné-clubs, et cela va peut-être en faveur d'une diversité bénéfique. Dans ce gâteau, le morceau qui contient la cerise reste le ciné-club de la salle CinémAfricArt, qui s'est forgé une réputation solide et, par suite, a fidélisé un public non négligeable, grâce non seulement à sa programmation qui va en parallèle avec celle de la salle (projeter des films du même réalisateur comme pour Elia Souleïman) et en organisant des cycles pour des réalisateurs étrangers : André Téchiné et Alain Renais. Et cela, en partenariat avec les centres culturels de leurs pays, mais aussi en faisant suivre la projection d'un débat, animé par le critique Tahar Chikhaoui, qui dépasse l'histoire et les événements des films pour discuter de la mise en scène, des choix esthétiques, du style, etc. Tout cela en présence des réalisateurs, quand cela est possible, et en invitant des critiques étrangers de renommée, comme Jean Michel Frodon (ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma).
La salle Alhambra à La Marsa a lancé à son tour son ciné-club en 2009, consacré à des classiques du cinéma mondial, comme Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola et Le fanfaron de Dino Risi, avant de migrer vers le concept de semaines dédiées au cinéma d'un pays (cinéma allemand, argentin): un concept fort apprécié par le public, surtout avec la gratuité des projections.
D'autres ciné-clubs à Tunis ont connu leur première année cette saison, notamment ceux des espaces culturels, comme celui de D'Art Ben Abdallah, baptisé Cinéclassic, animé par Naceur Sardi et dédié, comme son nom l'indique, à des thèmes du cinéma classique (le burlesque, le film musical, le western…) et du Club Tahar-Haddad, qui a pris le train de la saison en marche et se consacre, depuis le mois de mars, avec l'animation de Noura Borsali, aux films tunisiens.
Côté associations, l'un des ciné-clubs qui fait le plus parler de lui, notamment grâce à Internet (site cinematunisien.com), est celui de l'Association des anciennes du lycée de la rue du Pacha, qui a de plus la particularité de se consacrer au cinéma féminin. Reste les ciné-clubs des facultés, dont nous retenons deux, pour la pertinence de leur activité : celui de la Faculté des lettres de La Manouba, animé par Tahar Chikhaoui, qui y enseigne, et celui d'Esprit, une faculté privée à Tunis. Le ciné-club de La Manouba, ouvert aux étudiants et à tous genres de publics, alterne œuvres en rapport avec les cours et autres films phares de l'histoire du cinéma, analysés d'un point de vue esthétique. Quant à celui d'Esprit, il est animé par de jeunes étudiants qui sont en même temps membres de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs. Aidés par leurs professeurs et par l'administration, ils projettent des films engagés ou à thèmes sociaux, comme Ali Zaoua du Marocain Nabil Ayouch et Ouhibbouka ya chaab de Abdellatif Ben Ammar. Ils essayent, quand l'occasion se présente, d'inviter les réalisateurs et en parallèle de suivre les films projetés dans les salles de cinéma.
S'ouvrir sur l'université …
La démarche qui consiste à créer des ciné-clubs dans les facultés est intéressante, dans le sens où les facultés, en tant que micro-sociétés, peuvent constituer un échantillon représentatif de l'état des lieux de la cinéphilie, sachant qu'un ciné-club est basé sur trois éléments principaux : le cinéphile, le film et le débat suscité par l'un sur l'autre. «Après le choix des films, vient l'étape de convaincre les étudiants de venir les voir», nous dit Maaouia Ben Hamed, animateur du ciné-club de la faculté privée. «Pour cela, nos professeurs et nos amis nous faisaient de la publicité. Plus tard, ceux qui sont vraiment mordus restent, les autres s'en détachent progressivement». La raison de cet attachement ou de ce désenchantement peut venir du film lui-même: «Nombreux sont les étudiants qui quittent la projection dès qu'il y a une scène osée», affirme Bilel Mekki, ex-étudiant à la Manouba et chargé de communication au CinémAfricArt. Il en est de même dans les projections de la faculté privée où, nous explique Maaouia Ben Hamed, «on essaye de démontrer aux étudiants que ces scènes sont justifiées en faisant leur analyse dans la construction du film et en leur disant que le cinéma n'est pas plus violent que la société».
Le débat est un autre moment «délicat» dans une séance de ciné-club. Des étudiants éduqués différemment et avec des valeurs divergentes se retrouvent, en émettant des avis différents sur les sujets des films, en conflit, ce qu'il faut gérer. Cela est non seulement dû à cette différence de culture: «Nous avons des étudiants étrangers qui ne perçoivent pas forcément du même œil que nous la cause palestinienne, ajoute l'animateur, et cela peut faire monter le ton». C'est sans doute aussi dû au fait que les étudiants n'ont pas toujours les outils nécessaire à la lecture d'un film et qu'ils ne s'en tiennent qu'au sujet, en omettant la construction, étant pour la plupart habitués à consommer des films commerciaux, qu'ils soient hollywoodiens ou égyptiens. Et puis, dans un contexte où voir un film à plusieurs est un événement rare, il est normal que la culture du débat soit à consolider chez les étudiants, ce qui est d'ailleurs vrai du grand public. Le ras de marée de films commerciaux et moins commerciaux — pour les cinéphiles les plus avertis — rendu possible par l'écran de la télévision et les DVD piratés, dont les cinéclubs eux-mêmes, à part ceux des salles de cinéma, font usage (!) ne permet tout de même pas d'annoncer la mort de la cinéphilie : il l'a en quelque sorte ravivée, puisque cela facilite l'accès à des films venant de pays qui nous sont parfois très étrangers.
La cinéphilie tendrait plutôt vers une autre forme de son exercice, aussi contesté soit-il par les uns et les autres. L'essentiel est de s'armer d'un regard cultivé et intelligent à l'égard de l'image que l'on reçoit. Ce regard, c'est entre autres dans les ciné-clubs qu'on le cultive, dans le partage qui est à son tour une ouverture d'esprit, laquelle complète celle qui consiste à s'ouvrir sur des œuvres créées ailleurs que chez nous.


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