Touchant près de 1% de la population mondiale, le bégaiement, qui survient dans les premières années de l'enfance, prive l'enfant de la possibilité de s'exprimer correctement et rend difficile la communication avec son entourage. Les causes du bégaiement restent méconnues. Les spécialistes de la question penchent pour deux hypothèses à l'origine de ce dysfonctionnement de la prononciation et de l'élocution : le bégaiement serait soit d'origine héréditaire —un lien éventuel existerait avec le chromosome 12— ou pourrait survenir suite à un choc psychologique dans la petite enfance. En Tunisie, près de trois cent mille personnes souffrent de ce problème et connaissent des problèmes de communication avec leur entourage. Les répercussions sociologiques de ce dysfonctionnement sont difficiles à supporter et se traduisent, souvent, par une marginalisation de la personne souffrant de bégaiement. C'est durant la scolarité que les difficultés surviennent. Les enfants, qui bégaient, ont du mal à articuler les syllabes et à communiquer avec leur professeur et obtiennent des résultats très mauvais dans les prestations orales. «Le bégaiement est mal connu et mal accepté par l'entourage, relate A.D, diplômé de l'enseignement supérieur et cadre dans une société privée. On souffre d'une incompréhension des gens qui nous entourent. Cela fait naître une frustration énorme et un sentiment d'injustice. C'est à l'école que les enfants souffrent le plus. Les enseignants montrent peu d'indulgence face à ce handicap. Autant dans les activités écrites nous n'avons pas de problème, autant lorsque nous devons nous exprimer à l'oral, cela devient un calvaire. Les enfants qui bégaient bloquent pratiquement à tous les coups et n'arrivent pas à dire ce qu'ils ont envie d'exprimer. Ils ont du mal à récapituler oralement ce qu'ils ont appris en cours. Cela se répercute négativement sur leurs notes orales». Bégayant légèrement dans son enfance, Abdallah Frikha, aujourd'hui ingénieur agronome, a réussi à vaincre son handicap et a suivi une scolarité brillante. Chaque année, le petit garçon, qui a eu une enfance normale et calme dans la ville de Sfax, obtient de brillants résultats et se classe parmi les premiers ce qui lui ouvre les portes de l'Université. Bac sciences expérimentales en poche, il intègre les classes préparatoires de géologie et de biologie et entreprend des études d'ingénieur. Ayant réussi à surmonter son problème de bégaiement, le jeune homme continue, cependant, à s'y intéresser et décide d'aider d'autres personnes à s'en sortir. Une émission d'envoyé spécial diffusé en 1995 lui fait découvrir une méthode permettant en quatre jours de vaincre définitivement le bégaiement. C'est le déclic. Accompagnant un parent souffrant également de bégaiement, le jeune homme se rend en France en 2011 et suit un stage animé par le fondateur de la méthode d'élimination du bégaiement qui lui apprend la technique à suivre pour maîtriser les troubles de l'élocution et de la prononciation. Représentant en Tunisie l'Institut international d'élimination du bégaiement, Abdallah Frikha organisera du 24 au 27 novembre prochain un stage à Sfax afin d'aider les personnes souffrant de bégaiement à venir à bout de ce handicap.