L'intérim apporte beaucoup aux entreprises demandeuses en compétences spécifiques pour une courte durée. Toutefois, la majorité des employés intérimaires souffrent de marginalisation, de manipulation, et sont considérés comme des employés jetables. Dans maintes activités et plusieurs métiers, les opérateurs déplorent le manque de personnel qualifié et chiffrent les éventuels manques à gagner. Parallèlement, les revendications sociales pour l'emploi et la régularisation des situations des travailleurs ne cessent de se multiplier. Au premier rang, figure l'intégration des travailleurs intérimaires qui évoluent dans des conditions peu décentes et sous forme de contrats précaires. Avec ces deux constats, on peut facilement conclure que les techniques, les modes ou encore les institutions de la flexibilisation du travail n'ont été fructueuses ni pour les entreprises ni pour les employés. Force est de constater, alors, que cette notion de flexibilité du travail, qui crée autant de polémiques, obéit à plusieurs interprétations et varie selon les approches adoptées par les parties prenantes, à savoir l'entreprise, le travailleur, le syndicat, l'Etat et les corps intermédiaires de la société civile. Et l'absence d'un cadre juridique clair, en Tunisie, est de nature à creuser cette divergence de visions. Pointés du doigt comme étant la graine du mal du déséquilibre sur le marché du travail, on ne ménage aucun effort pour qualifier ces opérateurs de vendeurs d'heures de main-d'œuvre, commerçants de ressources humaines, ou tout simplement des exploitants de main-d'œuvre. Pourtant, l'objectif de l'intérim est de servir les intérêts des entreprises et des travailleurs. Source de compétitivité En se fiant aux bonnes intentions et aux objectifs des entreprises qui mettent en place des politiques de flexibilisation du travail en vue de s'adapter aux évolutions de l'environnement, la flexibilité se place comme l'un des moteurs de la compétitivité. Aujourd'hui, à l'échelle internationale, les entreprises se concentrent sur le cœur de leurs métiers et ont recours, quasi automatique, pour la sous-traitance des autres activités, à des opérateurs qualifiés et compétents, non seulement en transport, comptabilité ou en communication, mais aussi en gardiennage, jardinage, nettoyage... Outre le bénéfice des services de spécialistes, l'externalisation présente de nombreux avantages pour les entreprises, notamment la maîtrise des coûts et des délais de mise en œuvre et une plus grande flexibilité permettant d'aligner leurs coûts sur ceux de fournisseurs du même domaine. Mieux encore, les dirigeants se trouvent libérés des tâches routinières à faible valeur ajoutée. Ce qui se traduit par une marge supplémentaire pour la réflexion stratégique et le développement de l'entreprise. Dans cette mesure, compétitivité oblige, la flexibilité est vivement recommandée. Un métier en voie de disparition La perte de postes d'emplois a marqué tous les secteurs, ou presque, mais à chaque fois, et en premier lieu, la sous-traitance est pointée du doigt. Ce métier est touché de plein fouet. Pourtant, ces opérateurs flexibles sont censés être les plus dynamiques en période de crise. Il est à rappeler qu'il s'agit d'un secteur d'activité en bonne et due forme. A titre d'exemple, le gardiennage, avec 135.000 postes d'emploi, est régi par des lois internationales et complété par des formations et un agrément du ministère de l'Intérieur. De même, l'intérim apporte beaucoup aux entreprises demandeuses en compétences spécifiques pour une courte durée. Toutefois, la majorité des employés intérimaires souffrent de marginalisation, de manipulation, et sont considérés comme des employés jetables. A vrai dire, l'absence d'un cadre réglementaire clair a dressé, en arrière-plan des politiques de flexibilité du travail, une réalité atroce: des abus, des pratiques illégales, des rémunérations dérisoires, des conditions de travail dégradantes... Bref, une déshumanisation du travail et des travailleurs. Une telle situation a alimenté les tensions sociales et a inscrit au plus haut des demandes, à chaque fois, l'insertion de ces employés dans l'entreprise cliente. Ce qui mène tout droit à la disparition du secteur, malgré ces avantages. Cette tendance a été accélérée par l'interdiction aux entreprises publiques de faire appel à ces entreprises de service. Toutefois, une meilleure organisation du secteur aurait pu sauver des milliers de postes, voire en créer d'autres.