Un dirigeant salafiste, Khemaïs Mejri, a accusé, hier, dans une déclaration à la TAP, les établissements pénitentiaires de «traitement négligent» à l'égard des jeunes Béchir El Golli et Mohamed Bakhti. Ces derniers sont décédés, successivement, jeudi et samedi suite à une grève de la faim observée depuis plus de 50 jours, en protestation contre leur arrestation dans l'affaire de l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis. Mejri estime que les services pénitentiaires n'ont pas fait le nécessaire pour sauver les deux jeunes et les obliger à se nourrir. Cette insouciance a provoqué une infection chez l'un et une hémorragie cérébrale chez l'autre, a-t-il déploré. Il a affirmé avoir essayé de convaincre, vainement, les deux grévistes à suspendre cette grève sauvage en demandant l'aide des cheikhs du mouvement. Selon l'expert en sociologie politique, professeur Abdelwaheb Hfaïdh, l'échec de «la communication revendicative» a conduit plusieurs jeunes du mouvement salafiste à faire la grève de la faim comme moyen de diriger la violence contre soi-même et de se victimiser aux yeux de l'opinion publique. Ces jeunes ont voulu suivre l'exemple de quelques membres de la Constituante qui sont entrés en grève de la faim pour faire pression sur le gouvernement, a-t-il ajouté. «Il s'agit d'un des pires moyens de protestation pouvant émaner des représentants du peuple», a-t-il noté. Mais c'est aussi un bras de fer avec la justice qui tarde à trancher les affaires imputées au mouvement salafiste, a-t-il poursuivi. L'expert déplore par ailleurs «l'absence de transparence dans le traitement des dossiers des détenus» ainsi que «le mutisme de la société civile et des médias». Ce qui s'est passé est une grande leçon pour la société civile, le gouvernement et l'opinion publique, a-t-il relevé, dénonçant la politique des deux poids deux mesures adoptée envers les détenus.