Les parcs nationaux en Tunisie s'étendent sur 201.797 ha, et renferment souvent des espèces rares, voire uniques. Certains d'entre eux ont même été retenus par l'Unesco comme réserves de la biosphère, à l'instar de Zembra et Zembretta. Convoités pour leurs ressources ou leur emplacement, plusieurs de ces parcs et sites forestiers ont subi des dégradations après la révolution. Retour sur les causes. Après le 14 janvier 2011, beaucoup de parcs nationaux et de sites forestiers ont subi des dégradations de différentes natures. Destruction des infrastructures telles que les clôtures et les portes, pâturage à l'intérieur des parcs, incendies, avec parfois 7 ou 8 incendies par jour dans la même délégation, et coupes illicites dans les forêts. A titre indicatif, la surface incendiée en 2012 a doublé par rapport à la moyenne de 2010, et le nombre d'arbres coupés après la révolution est estimé à plus de 104.000. Les zones les plus touchées se situent au Nord-Ouest du pays, au Nord, dans le gouvernorat de Bizerte, et à la côte-Ouest, plus précisément à Medhaghda (gouvernorat de Mahdia). Les causes des dépassements sont multiples. Selon Habib Abid, directeur de la Conservation des forêts, dans les zones côtières, il existe des personnes qui brûlent des terrains forestiers dont ils sont propriétaires, pour leur faire changer de vocation, et y bâtir des logements en bord de mer. D'autres, généralement des personnes qui vivent dans des conditions économiques difficiles, coupent les arbres pour s'étendre dans la forêt et faire de l'agriculture. La troisième catégorie de personnes qui commettent des actes de dégradation seraient des gens qui profitent de la révolution pour piller les ressources de l'Etat. Méfiance à l'égard des lois A Cap Negro, une aire marine et côtière protégée doit être créée, mais le projet ne fait pas l'unanimité au sein de la population locale. Cette dernière a peur d'être privée des ressources forestières qui constituent leur seule source de revenus. La réglementation qui régit le nouveau parc, serait, selon eux, trop rigide. Est-ce par manque d'information de leur part ou de la méfiance, la loi 2009-49 relative aux aires marines et côtières protégées n'interdit pas vraiment d'exploiter les ressources naturelles, mais prévoit leur utilisation dans le cadre du développement durable. Cela étant dit, aucune précision n'est donnée sur cette exploitation «raisonnée». Tout devrait être spécifié dans les décrets d'application, mais ces derniers n'ont pas encore été promulgués. Entre-temps, certains continuent à couper les arbres de façon anarchique, pour en faire du charbon ou vendre le bois à des marchés tunisiens ou étrangers. Pour remédier à ce problème, la Direction générale des forêts multiplie les actions de sensibilisation auprès de la population locale, avec ses partenaires de l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (Apal), et propose d'autres sources de revenus, qui ne soient pas nocives pour l'environnement. D'autre part, la surveillance dans les forêts a été renforcée pour limiter les excès en tous genres. 50 techniciens et 20 ingénieurs ont d'ailleurs été recrutés en 2012 pour mener à bien cette tâche.