Les prix du loyer connaissent depuis deux ans une hausse vertigineuse à Sfax. En l'absence d'une tradition de location, les prix du loyer n'ont cessé de maintenir leur tendance haussière. Aujourd'hui, le locataire rencontre des difficultés énormes en cherchant un local pour habitation. Justement, en l'absence d'une réglementation précise, les propriétaires fixent librement leur prix. Pour la majorité des locataires, les prix très élevés du loyer constituent l'un des principales causes qui freinent l'accès à la propriété. M. Fethi et sa femme ont passé toute une semaine pour trouver un étage de villa. Pour un simple fonctionnaire, les prix sont choquants. «J'ai contacté plusieurs médiateurs «samsar». La recherche d'un logement est une affaire difficile. Les Sfaxiens, qui font appel aux petites annonces dans les journaux et les sites internet spécifiques pour louer leurs locaux, ne sont pas assez nombreux. De ce fait, le locataire doit sillonner la ville rue par rue, quartier après quartier pour trouver un local, avec des conditions, bien entendu, contraignantes». Il faut reconnaître que la révolution libyenne a contribué largement à amplifier la demande et accéléré la hausse des prix de l'immobilier, surtout que le nombre des Libyens qui consultent les cliniques et les cabinets de médecins à Sfax n'a cessé de se multiplier. Ces derniers qui viennent généralement en famille préfèrent louer un appartement ou une maison au lieu de se rendre à des hôtels. Certains intermédiaires immobiliers et même des familles ont profité pleinement de cette nouvelle conjoncture en louant à la journée à des prix très élevés (entre 40 et 60 dinars). Les premières victimes de cette hausse inabordable des prix du loyer sont les futurs mariés qui seront obligés de trouver une habitation. Ali, trentenaire, est un chauffeur de camion. Sa fiancée travaille dans un atelier de couture. Depuis deux mois, il cherche désespérément un loyer à prix raisonnable. «Au début, nous avons voulu louer une petite villa ou un étage de villa. Mais nous sommes choqués par les prix du loyer. Les prix d'une simple villa varient entre 350 et 600 dinars. Aujourd'hui et après une dure tournée, nous avons changé d'idée. Désormais, on cherche un petit appartement ou un studio», confie Ali. Chadly est propriétaire de deux studios. Depuis des années, il les loue à des Libyens. Pour lui, c'est plus rentable. «J'ai loué l'un des studios à un couple tunisien à un prix raisonnable qui ne dépasse pas 100 dinars. J'ai eu d'énormes problèmes de paiement, avec toujours les mêmes arguments. C'est pour cette raison que je me suis trouvé dans l'obligation de lui demander de libérer le studio . Et j'ai fait même appel à la police pour régler cette affaire. Avec les Libyens, je n'ai pas eu jusqu'à maintenant un tel problème. Je loue à 40 dinars la nuitée. Généralement, la durée du loyer ne dépasse pas un mois», explique Chadly. Aujourd'hui, les Sfaxiens connaissent d'avance qu'il est impossible d'espérer trouver un logement dans plusieurs zones et certains quartiers, car ils sont exclusivement réservés aux Libyens. Toutefois, l'on apprend que pour faire face au problème de l'augmentation des prix du loyer, certaines familles louent à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Les prix sont moins chers. Mais les locataires sont obligés dans ces conditions de payer les prix du transport. «Nous ne sommes pas habitués à cette situation. Auparavant, Sfax était la ville où un citoyen moyen avec un petit salaire peut vivre. Aujourd'hui, même les fonctionnaires rencontrent des difficultés à se loger. La vie quotidienne devient de plus en plus chère. Une situation très difficile et désolante même», confie Mme Latifa.