Aujourd'hui, les jeunes fonctionnaires qui vivent loin de leurs familles supportent toutes les difficultés de la vie, dont principalement le logement. Trouver une petite maison ou un studio à un prix raisonnable dans un endroit sécurisé relève du miracle. Le confort, ça se paye cher de nos jours. Le même problème se pose également pour les étudiantes qui faute de moyens n'ont accès qu'aux logements de moins bonne qualité, les plus inadéquats, les plus vétustes. « Je suis surendettée et j'ai beaucoup de frais à payer. Je dois aussi payer mon loyer. Mais, ce mois je n'y arrive pas, c'est impossible. Je vais chercher un autre logement moins cher ». « Je paye la somme de 80 dinars par mois pour une chambre à trois sans compter les 10 dinars supplémentaires, charges de la télévision et du réfrigérateur... ». « Bien que les conditions de vie soient précaires dans le foyer en comparant le rapport qualité/prix, j'ai choisi de vivre dans un foyer privé que de louer une maison à cause de la hausse des tarifs de logement et de l'insécurité ». Ces quelques témoignages résument l'un des plus importants problèmes dont souffrent les jeunes filles fonctionnaires. Comment trouver un logement acceptable dans un bon emplacement sans être exploité par le propriétaire, les intermédiaires ou même l'agence immobilière ? C'est, en fait, un vrai calvaire pour cette frange de la société qui doit supporter toutes les formes d'exploitation. Car, de nos jours, il est difficile, voire impossible de dénicher un loyer à prix raisonnable dans un endroit décent. Pour ce faire, la fonctionnaire doit réserver plus de la moitié de son salaire pour un studio situé dans l'un des quartiers chics de la capitale. La fièvre des prix touche également les zones modestes. Un studio du côté du Bardo, de Khaznadar, composé d'une pièce, d'une kitchenette et d'une douche peut atteindre les 200 dinars et plus. Mais ce n'est pas tout car la bourse du loyer est toujours à la hausse au centre ville. Les appartements datant même des années 60, mal entretenus et en état de délabrement, font encore de bons marchés pour leurs propriétaires. La plupart d'entre eux ont d'ailleurs quitté la maison d'antan pour habiter une nouvelle maison placée dans un quartier plus chic. Ces derniers font la fine bouche aux locataires étant donné que les tarifs dépassent dans la plupart des cas les 350 dinars.
Abus Face à cette situation, les jeunes locataires font face à des problèmes d'ordre matériel et même social. Elles sont victimes de plusieurs formes d'abus. Nejla, fonctionnaire d'Etat a la trentaine et originaire du Sahel vit dans la capitale depuis quatre ans, emploi oblige. Elle a connu beaucoup de difficultés liées au logement. La fonctionnaire a même été victime de vol. Menacée d'insécurité, elle a toujours été en quête d'un logement stable mais vainement. Car il faut payer cher les bonnes conditions de vie. « J'ai dû trouver un nouveau logement près de mon travail après une expérience particulière chez une locataire quinquagénaire », témoigne Nejla. Et d'ajouter : « la dame a transformé sa maison située en plein centre ville en un foyer privé, mais de manière illégale. Elle nous a imposé un rythme de vie tout particulier. J'étais donc obligée de quitter les lieux.». Conscientes de ce handicap, d'autres fonctionnaires ont choisi les foyers universitaires privés. Elles acceptent de vivre au rythme estudiantin pour garantir leur sécurité. Certaines trouvent leurs comptes car elles ne payent que 25 % du salaire même moins. Mais sont-elles vraiment satisfaites de ces conditions de vie ? En répondant à la question, Sinda, considère que cela « se fait au détriment de beaucoup de choses, notamment, la stabilité psychologique et l'indépendance », témoigne-t-elle. « Il est dur de partager une chambre, une cuisine avec d'autres filles quand on a plus de la trentaine, toutefois on doit cohabiter », ajoute-t-elle. « Nous sommes également obligées de payer des frais supplémentaires exigés par le propriétaire en cas ou vous désireriez vous équiper d'un poste TV ou d'un petit réfrigérateur », toujours d'après Sinda. Elle déplore aussi les conditions d'hygiène dans le foyer. La question de logement à bas prix se pose aussi pour les étudiantes. C'est une catégorie particulière, d'autant plus qu'elle n'est pas en mesure de louer un logement au prix imposé par le marché. Très souvent un groupe d'étudiantes partage le loyer afin d'alléger les charges matérielles supportées par leur famille. Dès lors, le logement, qui constitue déjà un poste important dans le budget de l'ensemble des familles, devient une charge non négligeable pour les parents dont les enfants poursuivent leurs études loin d'eux. Généraliser les études universitaires est certainement un des acquis de la Tunisie. Les solutions arrêtées jusqu'à maintenant n'ont pas résolu le problème qui se pose. Les tarifs de loyers des foyers privés sont toujours considérés chers. Ils flirtent même avec les 200 dinars dans certaines zones. Dans ce cas, plusieurs étudiantes n'auront accès qu'aux logements de moindre qualité, les plus inadéquats, les plus vétustes et les plus insalubres. Le gouvernement ne gagnerait-il pas à financer le développement d'un plus grand nombre de foyers supplémentaires ?