Tous les jours, le centre d'assistance psychologique ouvre grand ses portes, dans la cité du dispensaire à Ben Arous, pour accueillir des femmes de tous milieux ayant subi différentes formes de violence. Bien qu'elle ait été inaugurée, hier, par le ministre de la Santé lors de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, cette structure a commencé à fonctionner il y a une année, apportant une assistance psychologique aux femmes victimes de violence et se trouvant dans un grand état de vulnérabilité. Si ce centre a pu voir le jour, c'est grâce à la collaboration de l'Office national de la famille et de la population (ONFP) et de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement qui ont lancé un projet commun pour contribuer à la promotion de l'égalité des sexes et à la prévention de la violence. A l'intérieur du centre dont les murs ont été fraîchement peints en blanc, deux femmes, installées au box d'accueil, nous accueillent chaleureusement. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les protagonistes du projet ont mis l'accent sur la formation d'agents et de compétences spécialisés dans l'accompagnement et la prise en charge sociale, psychologique et médicale de femmes victimes de violence. C'est surtout par le bouche à oreille que les femmes ont appris l'existence de cette structure. Elles ont été nombreuses à fouler le sol du centre, recherchant réconfort et conseil auprès du personnel spécialisé du centre. A l'accueil, c'est avec le sourire aux lèvres que deux femmes accueillent les visiteuses, arrivant à mettre en confiance ces dernières qui se trouvent souvent dans une grande détresse psychologique. En fonction de leurs besoins, elles sont soit orientées vers une des psychologues du centre ou vers une assistante sociale qui leur dispense les conseils nécessaires pour sortir du cercle vicieux de la violence et retrouver leur autonomie perdue. Subissant quotidiennement des coups de leur compagnon, des femmes se présentent pour demander un soutien psychologique et prendre rendez-vous avec le psychologue du centre. Privées de ressources pécuniaires par leurs maris, d'autres viennent demander conseil auprès d'une assistante sociale pour pouvoir trouver un travail. Animé par une équipe composée de quatre psychologues, d'une juriste, d'une assistante sociale et de deux agents d'accueil, le centre a été aménagé en trois unités: une unité pour l'accompagnement psychologique, une unité pour l'orientation sociale et juridique et une salle pour les réunions. Une pièce a même été aménagée spécialement et remplie de jouets pour accueillir les enfants qui accompagnent leurs mamans. «Notre objectif premier est de dévictimiser les femmes qui viennent ici et qui ont subi une agression, explique la psychologue du centre. Nous agissons suivant le besoin de chacune. Plusieurs profils se présentent ici. Des femmes qui ont reçu des coups, des femmes qui sont violées par leur mari, des femmes qui sont humiliées quotidiennement, des femmes qui sont privées d'argent et qui n'ont aucune ressource financière... Certaines viennent ici uniquement pour trouver une personne qui les écoute et qui leur remonte le moral. Il y a des femmes qui ont besoin d'être suivies par un psychologue ou un psychiatre pour pouvoir s'en sortir. Nous nous chargeons, alors, de leur obtenir un rendez-vous avec un psychiatre à l'hôpital. D'autres ignorent totalement leurs droits. Nous les orientons vers le conseiller juridique du centre qui les renseigne. Il est important que certaines puissent obtenir un certificat pour qu'elles puissent porter plainte si elles le désirent. Mais nous veillons à leur sécurité avant tout ». Pour celles qui n'ont pas de carnet de soins, l'assistante sociale les informe sur la procédure à suivre pour pouvoir se soigner dans les structures hospitalières publiques. Idem pour les femmes qui sont à la recherche d'un emploi leur permettant de devenir autonomes. Le centre leur conseille alors de suivre une formation et les oriente ensuite vers une association qui octroie des microcrédits pour monter des petits projets. Outre l'habilitation sociale et la prise en charge psychologique de la femme victime de violence, le centre comporte également une unité de recherche afin d'évaluer la fréquence ainsi que les types d'agressions subies par les femmes, ce qui permettra de mettre en place une base de données et d'engager des actions à même de lutter contre la violence à l'encontre des femmes en Tunisie.