Le centre d'accueil et d'orientation de la femme, situé à la Kasbah, effectue depuis 2003, date de sa création, un travail social considérable. Toutes les femmes et filles en détresse qui n'ont pas été gâtées par la vie peuvent recourir aux services du centre pour se faire aider et être orientées. Dans la salle d'attente du Centre, des femmes aux allures fatiguées et aux visages cernés et ridés par la misère morale attendent leur tour. Elles veulent parler à l'assistante sociale et lui exposer les problèmes qui les tourmentent. « La majorité des femmes qui nous sollicitent se plaignent des conflits conjugaux et des problèmes de pension alimentaire », explique l'assistante sociale chargée d'accueillir ces femmes en détresse. Il y a aussi les filles en conflit familial, les mères célibataires, des mères impuissantes face à la délinquance de leur fils, des femmes violentées ou harcelées... En 2006, le Centre a eu affaire à environ 700 cas sans compter les personnes déjà suivies. Et il n'y a pas que les femmes, des hommes désorientés et confrontés à un grave conflit familial ou conjugal viennent trouver conseil auprès des sociologues. Dans le Centre on rencontre des femmes blessées, fragilisées et tourmentées, mais aussi des femmes courageuses qui osent mettre un terme à leur souffrance et parler de leurs problèmes. « Il y a des femmes qui subissent la violence conjugale durant des années mais décident de divorcer seulement quand le mari coupe les vivres » confie l'assistante. Ces femmes veulent préserver l'unité de la famille et ne recourent aux solutions juridiques qu'après avoir subi multiples épreuves. Plusieurs cas aussi où les femmes demandent une aide financière parce que leur mari ne verse plus la pension. Environ 80% des problèmes sont liés aux conflits conjugaux qui ont pour origine, dans la plupart des cas, le manque de communication entre le couple et la rupture du dialogue au moindre obstacle. C'est en général après que les choses s'enveniment et deviennent plus complexes que les femmes vivant une situation difficile recourent au service du Centre. « Quel que soit leur récit, il est clair que la détresse morale affecte considérablement les nerfs et l'état psychologique de ces femmes », explique l'assistante sociale. Déchirées entre le ras-le-bol d'une situation insupportable et le désir de conciliation, elles viennent au Centre chercher les réponses et les solutions.
Conseil et orientation Le Centre offre de l'aide à deux niveaux. Le niveau social en abritant les femmes victimes de violences en tout genre ( avec leurs enfants pour 1 à 20 jours), en envoyant des assistantes sociales à domicile pour faire un constat, en tentant la médiation familiale et la réintégration dans la société des personnes isolées. Le Centre prépare aussi des plans d'intervention et le suivi des dossiers. Si aucune solution de conciliation n'est envisageable, le Centre intervient au niveau juridique. La cellule de conseil juridique oriente la femme vers les bonnes solutions et lui indique ses droits. Le travail se fait en collaboration avec des organisations gouvernementales, les Centres de défense sociale, les délégués de l'enfance, les juges de famille et surtout avec l'aide de l'Alliance des femmes de carrière juridique. L'Alliance offre des conseils gratuitement à toute personne désirant se renseigner. Elle intervient aussi près des autorités locales quand le cas le nécessite. Avec le concours de plusieurs organisations et différents intervenants, le Centre rend service aux plus démunis et ne les laisse pas exclus de la protection des droits fondamentaux à laquelle a droit chaque citoyen. Ainsi le centre d'orientation de la femme se présente comme une main tendue à la femme pour qu'elle retrouve sa dignité et la valeur qu 'elle mérite dans la société en tant pilier de la famille. On a besoin de ce genre d'espace de soutien et d'encadrement parce qu'autant la femme tunisienne jouit d'un statut inégalable dans le monde arabe, autant elle a besoin d'organismes et d'associations qui lui permettent de garder ce statut intact et en profiter au maximum.