12 morts et 445 blessés dans différents accidents    Championnats arabes d'athlétisme des jeunes : Le Tunisien Ryane Cherni médaillé d'or    Blessé, le nageur tunisien Ahmed Ayoub Hafnaoui est forfait pour les JO 2024    AstraZeneca retire son vaccin ? Voici les raisons    El Teatro : La pièce "2034 : une modeste proposition" , une pièce satirique et cinglante    Décision historique de Biden : il ferme le robinet, pas de bombes pour Israël…    Près de 30 % des hôtels tunisiens sont fermés    Tourisme alternatif en Tunisie | Trois questions à… Houssem Ben Azouz, Président de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien : «Notre pays a le privilège d'offrir une grande diversité de paysages et d'expériences»    Bouderbala: La Tunisie a traité les migrants subsahariens conformément au droit humanitaire    Ellyes Skhiri : La Bundesliga est un terrain propice aux performances    La troupe "Mâlouf Tunisien Paris" en concert le 11 mai à Paris    Un Etat qui extorque ses citoyens    La disparition d'Issam Chaouali lors du match PSG-Dortmund enfin résolue    Conférence ministérielle de haut niveau sur la migration à Copenhague : La Tunisie ne peut faire office de garde-frontière de l'Europe    Présidence du Gouvernement : La stratégie nationale de la jeunesse à l'horizon 2035 adoptée    Crise migratoire et tension sociale : Entre sécurité nationale et approches humanitaires    Ministère des Domaines de l'Etat et Des Affaires Foncières : Pour la bonne gouvernance des biens domaniaux    La Société Atelier du Meuble intérieurs réalise un résultat net en hausse de 47% en 2023    Blé dur – Aux champs de multiplication de semences «SaragoOlla» et «Iride» à Béjà : On récolte beaucoup plus que l'on sème !    Monoprix Tunisie : Découvrez tout Monoprix en une seule application    Le Ballon d'Or de Maradona en vente aux enchères    La Bourse de Tunis, première entreprise tunisienne certifiée ISO 22301    Moez Hadidane : le repli de l'inflation ne signifie pas la baisse des prix !    La ministre de l'Economie en Roadshow en Europe pour attirer de nouveaux investissements    Des sanctions sévères contre les pèlerins sans permis    Pourquoi | La gabegie des affiches…    Héla Jaballah : l'ARP a demandé une plénière en présence de Ahmed Hachani afin d'étudier la question migratoire    CONDOLEANCES : Radhia HEDFI    Jabir Ibn Hayyan: Le «père de la chimie expérimentale»    Retour sur «Danse pour tous» au Théâtre de l'Opéra de Tunis à l'occasion de la Journée internationale de la Danse : 10 heures de danse non-stop    Hommage posthume au précurseur de l'art abstrait en Tunisie, Néjib Belkhoja : Synthèse entre architecture et calligraphie arabe    «Goodbye Julia» de Mohamed Kordofani, actuellement sur nos écrans : Histoire intime pour un Soudan électrique    L'âge de la maturité pour le Stade Tunisien : Centenaire en pleine forme !    Une épine au pied    Au fait du jour | La guerre de cent ans !    EGSG se replace en play-out : La victoire qui ravive la flamme    Démarrage aujourd'hui des épreuves du bac blanc    FTDES: 853 migrants Tunisiens ont atteint les côtes italiennes en avril    Le commandant Ahlem Douzi remporte le prix "Trailblazer", elle a été choisie parmi 100 femmes onusiennes    Météo de ce mercredi    Républicains américains prêts à sanctionner la CPI pour défendre Israël    Accord de règlement entre le syndicat étudiant britannique et son ancienne présidente d'origine tunisienne    La Cinémathèque Tunisienne propose le cycle "Comédies populaires" du 7 au 15 mai (Programme)    Emigration irrégulière : La Tunisie à la croisée des chemins    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action «Cinematdour» (Vidéo)    Nouveau record : Voici la plus longue baguette du monde    La Kabylie est-elle devenue un nouvel Etat indépendant ? Non    Sommet de l'OCI à Banjul : La délégation tunisienne émet des réserves sur les documents de la conférence relatifs à la question palestinienne    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le rôle primordial du psychologue
Sociétés modernes
Publié dans Le Temps le 04 - 03 - 2010

Il est, aujourd'hui, un acteur incontournable dans le développement culturel et socio-économique
Dans l'esprit d'une immense majorité de Tunisiens, le psychologue est un médecin de la santé mentale. On le confond souvent avec le psychiatre et le psychothérapeute, voire même avec les guérisseurs soi-disant détenteurs de pouvoirs extra-lucides. Le plus grave, c'est qu'on n'imagine pas que, dans l'exercice de sa profession, il puisse être d'une utilité quelconque au développement de sa société.
C'est pour, entre autres objectifs, lever les préjugés et les aberrations entourant ce métier qu'une table ronde fut organisée mardi dernier à l'Institut Supérieur des sciences humaines de Tunis à l'occasion de «La fête de la science». Il s'agissait également de rassurer les étudiants de psychologie sur l'employabilité de leur filière, mais en même temps de leur faire prendre conscience des efforts qu'ils sont censés fournir eux-mêmes pour trouver du travail stable, réussir leur carrière et affiner continuellement leur formation et leurs compétences. Quatre professeurs chercheurs se sont relayés pour démontrer le rôle primordial du psychologue dans le développement culturel et socio-économique d'une société moderne. Il s'agit respectivement de M. Chafiq Ghorbel, M.Nouri Romdhane, Mme Nicole Sfayhi et M.Abdelawaheb Mahjoub.
L'importance de la psychologie du travail
Pour M. Ghorbel, psychologue social, la psychologie est d'une grande utilité dans les nombreux domaines de la vie sociale où elle peut être appliquée (monde du travail, secteur de l'économie, institutions, sport, éducation etc.). Pour en donner la preuve, il prend l'exemple de la gestion des ressources humaines dans les entreprises tunisiennes avant et après la libéralisation économique. « Lorsque notre économie évoluait dans un système protégé, explique-t-il, les entreprises locales ne craignaient guère la concurrence des produits étrangers. Le consommateur était obligé d'acheter ce qu'elles fabriquaient, dans la mesure où il n'était pas toujours à même de s'offrir les produits de meilleure qualité fabriqués à l'étranger et surtout dans les pays industrialisés. Sur le plan des recrutements, on n'appliquait que très rarement les critères de compétence. Mais à l'ère de la libéralisation économique et de la concurrence des produits importés, on se rendit compte de la nécessité de gérer plus efficacement les ressources humaines de l'entreprise en vue d'une meilleure compétitivité. C'est pourquoi, on commença, à partir des années 80, à rationaliser les recrutements et les profils ; on prit conscience de l'importance de la psychologie du travail et de la psychologie industrielle, d'où le recours plus fréquent aux cabinets de consulting et aux psychotechniciens. Actuellement, il n'y a pas que les grandes sociétés publiques et les banques qui font appel à ces experts ; mais de plus en plus d'entreprises privées (notamment celles qui sont axées sur la communication) sollicitent les services des cabinets de conseil. »
Des recrutements très insuffisants
M. Nouri Romdhane s'intéresse pour sa part à la place de la psychologie dans l'éducation. Il remarque d'abord que notre système éducatif enregistre un taux d'abandon de 14 % en fin d'études primaires. Ensuite, il évoqua l'exemple du système éducatif français dont s'inspire le nôtre et qui, bien que très défendable en théorie, montra très tôt ses limites quand il fut appliqué. On recruta alors des psychologues pour expliquer les facteurs de cet échec. Ce qui démontre l'apport du psychologue dans la contribution à un environnement scolaire et à un enseignement de qualité. « Chez nous, de nombreuses propositions ont été présentées aux autorités pour réviser le système éducatif. Les responsables au niveau du ministère de l'Education sont tout à fait conscients du rôle primordial que peut jouer le psychologue dans les institutions éducatives, mais les recrutements qui ont été faits jusqu'à présent restent très en deçà des attentes et des normes. Il paraît que l'empêchement qui retarde des recrutements plus conséquents soit d'ordre financier. C'est ce qui a fait que les établissements de notre pays ne fonctionnent encore qu'avec une dizaine de psychologues seulement. Or, je suis convaincu qu'un système qui tourne à vide sans spécialistes pour remédier à ses lacunes est voué d'office à la ruine. Dans ce sens, j'ai toujours dit que l'avenir de la Tunisie se joue au ministère de l'Education »
Prévenir c'est mieux que guérir !
Mme Nicole Sfayhi (clinicienne) remarque, quant à elle, qu'en général, on ne fait appel au psychologue que pour une action réparatrice. « Or, nous serions de loin plus utiles au pays et aux institutions qui sollicitent nos services et notre conseil si l'on nous faisait intervenir aux stades du dépistage, de la prévention et de l'accompagnement ! » Elle met ensuite l'accent sur la nécessité d'associer les psychologues à l'information et à l'accompagnement des familles d'adolescents en détresse et des couples dissociés dont les enfants sont traumatisés par la séparation de leurs parents. « Les cellules d'écoute sont une bonne chose, mais là encore c'est pour réparer un mal. Nous devons plutôt anticiper le mal et intervenir pour éviter qu'il ne se produise ! On économise la transmission des souffrances en optant pour la prévention ! ». Elle se pencha enfin sur le cas des enfants des crèches et des jardins d'enfants et déplora l'absence des compétences capables dans ces structures soi-disant éducatives d'aider les enfants à s'épanouir.
Des milliards économisés
L'intervention de M. Abdelwaheb Mahjoub se focalisa sur l'apport financier du travail du psychologue. « Lorsqu'il existe des psychologues à l'école, explique-t-il, l'établissement et son infrastructure pâtissent moins de la violence des élèves et l'on épargne ainsi beaucoup de dépenses inutiles à ses gestionnaires. Quand on fait participer les psychologues aux campagnes de prévention routière, on économise des milliards chaque année. Les institutions de l'Etat recrutent des psychologues chez nous, les associations aussi ; mais aujourd'hui le marché de l'emploi exige la qualité dans la formation du spécialiste recruté. C'est pour cela que nous recommandons aux futurs diplômés de la discipline de se recycler continuellement, d'actualiser et de parfaire leur formation. C'est leur compétence qui fera basculer la balance en leur faveur, conclut-il. »
L'espoir est permis
Dans le débat qui a suivi ces interventions, on souligna la nécessité de combattre les préjugés et les suspicions qui entourent la profession, le devoir d'informer les citoyens et les officiels sur l'apport multiple du psychologue et l'importance du soutien à apporter aux jeunes diplômés afin qu'ils s'aguerrissent dans le métier. On rassura tout de même les étudiants présents sur l'employabilité de leur filière. Ils devront seulement s'armer de patience pour voir tous leurs mérites reconnus parce que notre société est en continuelle évolution vers la vraie modernité.
Badreddine BEN HENDA
--------------------------------------------
Quelques chiffres instructifs
*Sur l'une des affiches placardées sur les murs du département de psychologie à l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, on lit qu'en Tunisie, il y a 70 millions d'oliviers, 10 millions d'habitants et seulement 300 psychologues !
*En Israël, il y a 1 psychologue pour 1500 habitants. C'est la couverture la plus élevée au monde. Aux U.S.A. et dans certains pays européens, le taux est de 1 psychologue pour 2000 habitants.
*La Tunisie perd chaque année 700.000 dinars suite aux accidents de la route ; les pertes s'élèvent annuellement à 260 milliards de millimes. La contribution des psychologues aux campagnes de prévention routière pourrait faire économiser à l'Etat plus de 50 milliards chaque année.
(Chiffres avancés par les professeurs intervenant dans la table ronde)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.