Le retard enregistré dans la réalisation des projets publics est dû, entre autres, au départ des entrepreneurs et aux perturbations sociales. Certains appels d'offres ont été lancés six fois pour un seul marché Certains promoteurs privés ont renoncé à la réalisation de leurs projets pour diverses raisons dont l'impossibilité d'avoir un financement des banques Le ministère du Développement régional et de la Planification a proposé la création d'un Fonds régional d'investissement pour multiplier la création de projets privés d'autant plus que les promoteurs font face souvent à un problème de financement de la part des banques. Un projet a été ainsi adressé au chef du gouvernement. C'est ce qu'a déclaré hier après-midi M. Jameleddine Gharbi, ministre du Développement régional et de la Planification, lors d'une conférence de presse tenue en compagnie de certains hauts responsables. Ce fonds peut favoriser la déconcentration et atténuer les problèmes financiers qui se dressent devant les promoteurs. Il serait financé par l'Etat, les collectivités locales, les sociétés d'investissement à capital risque et même les citoyens qui seraient intéressés par la souscription pour une valeur de 10 à 100 dinars. «Plusieurs filières pourraient ainsi être développées, estime le ministre, comme celles qui concernent les secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du transport, de la commercialisation...» Pour favoriser la décentralisation et la déconcentration, il est nécessaire, cependant, de renforcer les ressources humaines au niveau des structures administratives et financières. «Dans certaines agences bancaires, explique l'orateur, un seul agent est au service des promoteurs. Il suffit que celui-ci s'absente pour que l'activité marque un arrêt, ce qui est n'est pas normal». Au début de son intervention, le ministre a indiqué que le niveau de développement est satisfaisant mais n'a pas encore atteint l'excellence dans la mesure où les investissements privés et publics font encore face à plusieurs problèmes dont certains sont liés au manque de décentralisation et à l'absence d'une stratégie prospective de développement régional. D'où la proposition du ministère de renforcer la déconcentration régionale et locale. Retard dans la réalisation des projets Des commissions locales et régionales regroupant les responsables concernés et les représentants des professionnels et de la société civile ont été d'ailleurs constituées en vue de réfléchir sur l'avenir de l'investissment régional. Une conférence a été aussi organisé le 19 janvier 2012 pour réfléchir sur les critères à adopter au sujet de la répartition des investissements publics dans les délégations. Mme Mongia Khémiri, directrice générale du suivi et de l'évaluation, a donné un aperçu sur les différents projets publics réalisés, en cours et programmés. Ainsi, 7.945 projets publics d'une valeur de 11.068 MD concernent les 24 gouvernorats. Sur les 654 projets qui connaissent des problèmes divers, 400 ont trouvé une issue favorable grâce à une coordination avec les différents ministères. Parmi les lacunes constatées au niveau de la réalisation des projets, celles qui ont trait au côté sécuritaire et les perturbations sociales. Plusieurs entreprises chargées d'effectuer des travaux ont dû renoncer de peur de voir leurs équipements et matériel endommagés. Certaines offres ont été publiées six fois pour un même marché en vue de trouver l'entrepreneur qui accepte de faire les travaux. Des projets qui intéressent notamment l'infrastructure de base sont en phase d'étude alors que d'autres sont réalisés ou en cours d'exécution. Par exemple, dans le gouvernorat de Tunis 43 projets — dans les secteurs du transport, de l'agriculture, de l'équipement, de la santé, de l'enseignement supérieur — ont été déjà réalisés avec un coût qui représente 13,19% du coût total des projets publics. Les projets publics en cours de réalisation dans le même gouvernorat sont au nombre de 53. Dans les régions, les investissements publics devraient participer à atténuer le déséquilibre régional et les disparités entre le littoral et les gouvernorats de l'intérieur. Refus des projets privés par les banques De son côté, M. Samir Lazaar, directeur général du développement régional, a mis en exergue les objectifs du programme mis en place afin de développer les différentes régions. Il s'agit essentiellement de multiplier la création des postes d'emploi en accordant, d'abord, aux travailleurs des chantiers leur dû et en ouvrant de nouveaux chantiers. Le programme vise, en outre, à améliorer les conditions de vie des habitants, à diminuer les disparités et à mettre en place les commodités nécessaires comme l'éclairage, l'aménagement des trottoirs... Ainsi, 630 MD sont alloués pour réaliser divers projets entrant dans ce cadre. A noter que 48% des fonds sont consacrés à l'aménagement des pistes rurales, 18% à l'eau potable, 9% à l'éclairage rural, 8% à l'amélioration de l'habitat et 6% au renforcement des sources de revenu. Un montant de 480 MD de l'ensemble des fonds prévus ont été répartis en tenant compte des critères relatifs à l'infrastructure et à la dimension socioéconomique.Comme l'a souligné Mme Najoua Belhadj, directrice générale de la délégation du développement régional, «l'approche participative est bien consacrée dans les projets qui concernent 90 délégations, lesquels ont été étudiés par le conseil local puis par le conseil régional. Un contrat-programme sur une période de cinq ans a été conclu, par la suite, avec le ministère». Le programme permet dans une première phase de réaliser 55 projets et, dans une seconde phase, 35 projets. Les retards de réalisation sont imputés, entre autres, aux problèmes fonciers, au changement de vocation des terres, au nombre insuffisant des terrains... Dans le secteur privé, il s'est avéré quer 305 des promoteurs ont renoncé à leurs projets, préférant un travail rémunéré, sans compter les 232 projets refusés par les banques. D'où le travail effectué par les services du ministère en vue de résoudre certains problèmes en proposant la signature de contrats avec les banques pour fournir les financements nécessaires.