La galerie Ammar-Farhat abrite depuis le 9 décembre l'exposition collective «Sans transition». De jeunes artistes, presque tous de l'Ecole des beaux-arts, et d'autres plus confirmés ont choisi de confier leurs travaux aux cimaises de la galerie. Ce sont les imposants «bras et mains» de Aïcha Filali qui nous accueillent en premier, une série de montage qui nous plonge dans un ciel infini de bras déployés différemment pour devenir outils et objets picturaux, miroirs d'une société en perpétuel changement. Quelques pas encore, ce sont ses «Sables mouvants» qui nous interpellent et nous emportent sous les jambes et pieds en marche d'une Doxa vue par l'artiste sous l'angle de l'accoutrement. A travers trois propositions, Aïcha Filali fait un clin d'œil à une société en évolution, reste pour nous de choisir le sens de la marche. Décidément, Ibrahim Màtouss ne cessera jamais de nous surprendre avec ses authentiques pyrogravures, il le fait cette fois avec une œuvre qui a pour titre « Ennahék errasmi» où l'on voit un âne qui brait. Le dessin est bien représenté par Oussema Troudi et Héla Lamine, tous deux enseignants à l'Ecole des beaux-arts de Tunis. Le premier présente une grande toile intitulée «All star» et la deuxième nous invite à suivre ses 14 spéculations graphiques où elle se met, parfois, en scène à travers des petits autoportraits qu'elle glisse dans une sorte de récit mythique du quotidien. On ne peut passer outre aux incantations de Khaled Ben Slimane où la calligraphie, épurée et stylisée, épouse subtilement ses traitements de couleurs. En arrière-plan apparaissent ici et là de petites inscriptions gribouillées. Fakhri El Gazel, Dalel Tangour, Dora Dhouib et Wassim Ghozlani exposent des photographies, qu'elles soient prises lors de pérégrinations ou montées grâce à l'outil informatique. Mohamed Ben Slama, présent avec cinq peintures, semble avoir opté dans cette exposition pour deux valeurs, le noir et le blanc. Ses fourmis, qui ont fait «ravage» lors du dernier Printemps des arts, ont quitté depuis le cartable de l'écolier et la toile pour aller se nicher ailleurs. L'artiste a eu l'idée géniale de «recueillir» l'une d'elles, de l'«encadrer» somptueusement pour en faire à elle seule l'objet d'une œuvre qu'il a intitulée «Fourmi». On retrouve également l'artiste Nadia Jelassi avec «ses mises en chaises» ou plutôt en «korsi» où l'objet en question est présenté dans tous ses états sous différents angles. Ça vaut vraiment le détour.