Une nouvelle orientation des artistes, basée sur la biotechnologie Durant deux jours (22 et 23 décembre 2012), des plasticiens, des universitaires et des chercheurs, venant de Tunis, Sousse, Sfax... ont pris part aux travaux du 2e colloque annuel ayant pour thème : «Art contemporain et liberté d'expression: interférence des limites et éclatement des genres», organisé par le commissariat régional à la culture, en collaboration avec la Fédération tunisienne des arts plastiques. Plusieurs thèmes ont été abordés, à travers des communications-débats, dont: «La plasticité et le spectaculaire au carrefour des genres»; «Les antécédents de l'interférence des limites dans la pratique artistique contemporaine». «De quel art peut-on encore parler ici et maintenant»; «Parcours de questionnement singulier en rupture avec les grands axiomes partagés», «Les expressions artistiques après-révolution»... L'art contemporain comme zone franche Au cours de son intervention, Khelil Gouiaâ, plasticien et coordinateur du colloque, a indiqué que la transgression dans l'art n'est pas un caractère personnalisant, ni même une tendance formelle à part entière, elle est devenue un leitmotiv de toute création artistique. Et du fait même qu'il est acte transgressif articulé sur ses contextes artefactuels, l'art dénonce, sans cesse, le dépassement de ses concepts primordiaux et la mise en question de sa nature elle-même, pour en tirer une valeur évolutive. Il en va de même des grands axes de la crise de l'art contemporain dans ses méandres conceptualisés les plus complexes, volés par la spontanéité expressive... L'œuvre elle-même, a-t-il poursuivi, a besoin d'être recherchée et reconstituée dans la diversité pratique polysensorielle, la correspondance, l'interférence, voire l'éclatement des genres. «Un tel passage où le phénomène des genres déclenche ses répercussions les plus problématiques devient aujourd'hui l'objet d'une réflexion pertinente», a-t-il conclu. Les expressions artistiques post-révolution De son côté, Brahim Azzabi, plasticien, président de la Fédération tunisienne des arts plastiques, a indiqué que le rôle de l'artiste, dans les circonstances actuelles, consiste à être lui-même, avant d'ajouter que les thèmes des œuvres réalisées par les plasticiens sont relatifs aux préoccupations et aux revendications des masses populaires (œuvres picturales, affiches sur la torture, le jugement du dictateur et de sa suite...). Il a évoqué le cas de jeunes artistes qui ont réalisé une intervention plastique sur les carcasses des voitures de luxe ayant appartenu aux Trabelsi dans un parking à La Goulette. Ce fut un acte instantané dont le but n'était pas de créer des œuvres d'art durables. Il a évoqué dans ce sens une citation célèbre de Paul Klee : «La force du pouvoir créateur ne peut être nommée: elle reste, en fin de compte, pleine de mystère. Car n'est pas mystère ce qui ne nous ébranle pas au plus profond de nous». Arts actuels : interactivité entre idée et pratique et défis de la réalité Mondher Mtibaâ, plasticien, maître-assistant à l'Institut des arts et métiers de Sfax, a, quant à lui, évoqué au cours de son intervention titrée «Arts actuels : interactivité entre idée et pratique et défis de la réalité», la problématique de l'art contemporain qui considère la biotechnologie comme médium de création. Certains artistes contemporains européens ont utilisé des moyens de chirurgie pour donner des images lybrides à leur corps. En effet, l'artiste française Marion Laval Jantet a injecté du sang de cheval dans son corps pour éprouver une sensation originale interne. Ce mouvement s'appelle le transhumanisme qui a pour but d'améliorer les propriétés intellectuelles et esthétiques de l'être humain. Ces artistes, qui se basent sur la biotechnologie, ont pour objectif la création d'un monde nouveau de l'homme futuriste.