A l'occasion du mois national des arts plastiques, l'Union des artistes plasticiens tunisiens a organisé les 9 et 10 juin à Hammamet, un colloque autour du thème « Les arts plastiques, la formation et l'institution » auquel ont participé plusieurs artistes et enseignants universitaires. Dans son allocution d'ouverture, Mongi Maatoug, Président de l'UAPT, a tenu à souligner la pertinence du thème du colloque compte tenu de son actualité. « Tout le monde doit assumer la responsabilité du secteur des arts plastiques aussi bien l'artiste que l'institution qui l'encadre » a-t-il déclaré, ajoutant que « plasticiens et institutions sont embarqués sur le même bateau. Le ministère de la culture, quant à lui, doit choisir le meilleur cap, autrement dit, une stratégie culturelle où le statut de l'artiste doit être établi en tenant compte de sa production, de sa vie ainsi que de l'image artistique qu'il représente à l'étranger ».
Au sujet de la formation, le Président de l'UAPT a notamment appelé à baliser un itinéraire accompli au niveau de la formation des arts plastiques. « Par ailleurs, nous avons remarqué que les arts plastiques sont négligés et marginalisés et qu'il est aujourd'hui temps de donner de la considération aux vrais pionniers, aux créateurs et formateurs sans oublier l'appui juridique, social, économique et financier. En un mot, intégrer l'artiste dans le processus du développement économique ».
L'interculturalité, un pilier
« L'UAPT existe depuis 44 ans. Elle a été créée en 1968. Actuellement, le secteur des arts plastiques compte un Syndicat des métiers d'arts plastiques et une Ligue des arts plastiques dont le président est le peintre Khalil Gouiaa » a rappelé Fathi Ben Ameur. Quant à Abdallah Abou Abess, artiste plasticien, il a évoqué au cours de sa lecture concernant le rapport de l'artiste avec l'institution, l'étape où l'artiste a précédé l'institution et l'étape où l'institution a contribué à la création de l'artiste. Prenant le cas de la Poste tunisienne, il a entre autres, relevé que cette institution a privilégié durant une longue période le rapport avec un seul artiste en l'occurrence, Hatem El Mekki pour 38 émissions de timbres. Pour sa part, Zoubeir Turki avait des rapports étroits avec le ministère de la culture puisqu'il était le conseiller permanent du ministre.
« L'institution essaie de participer à l'existence de l'artiste en décidant des distinctions, des achats d'œuvres etc. », a noté l'intervenant, soulevant également un certain nombre d'insuffisances au niveau de la coopération et la coordination entre lycées et facultés, de la définition des valeurs et des références ainsi que de l'absence de musée.
Khaled Abida, enseignant et plasticien, a abordé la question de l'enseignement et la nécessité d'instituer une spécificité culturelle. Selon lui, « la spécificité culturelle d'étique » est une donnée indispensable dans un monde globalisé. « L'interculturalité est un pilier essentiel dans la création artistique » a-t-il fait savoir. Citant le philosophe Dominique Château, il a mis l'accent sur le rapport du concept post visuel à celui de l'audiovisuel exhortant à une culture alternative ouverte et privilégiant l'esprit critique.
« La politique et son influence sur la formation des arts plastiques » telle est la communication présentée par Mondher Mtibaa, enseignant et artiste plasticien dans laquelle il a reconnu le nivellement par le bas de l'enseignement des arts plastiques qui s'est considérablement appauvri en raison d'une politique inadaptée. « Aujourd'hui, le danger qui menace le secteur des arts plastiques provient des restrictions des libertés d'expression, de création et d'édition » a fait remarquer l'intervenant. Sami Ben Ameur s'est intéressé aux défis au niveau de la formation dans les arts plastiques proposant une pédagogie basée sur les connaissances ainsi que le transfert et l'adaptation aux autres disciplines artistiques. Il a suggéré « une exception éducative à l'instar de l'exception culturelle ».