Augmentation sensible du nombre des coups de filet opérés dans les fiefs des jihadistes Les services de renseignements de plus en plus actifs et efficaces La CIA et le FBI de la partie La perquisition policière effectuée dimanche à l'aube, à Douar Hicher, et qui s'est traduite par l'arrestation de deux suspects, la saisie d'armes et de munitions, ainsi que par la mort accidentelle de la femme de l'un des suspects est venue confirmer une certitude, à savoir que l'Etat est «enfin» passé, concrètement et matériellement, à la vitesse supérieure dans sa lutte contre le terrorisme. Une lutte désormais sans pitié, sans merci, la succession des événements survenus au cours des derniers mois ayant établi, on ne peut plus clairement, l'existence de réelles menaces de la nébuleuse intégriste dans nos murs. Déjà, La Presse y a fait allusion, en exclusivité, depuis belle burette, en déclenchant, alors, la sonnette d'alarme qui n'est pas, fort heureusement, tombée dans l'oreille d'un sourd ! La preuve: cette impressionnante série de coups de filet (une quinzaine) réussis récemment dans plusieurs régions du pays (Le Kef, Jendouba, Kairouan, Medenine, Bizerte, Sousse, le Grand-Tunis...) et qui ont eu pour effet de torpiller plusieurs bases de jihadistes qu'on considérait, jusque-là, comme inviolables, parce que tout simplement bien gardées et presque non identifiables. Mobilisation générale En termes de sécurité et de renseignements, soutiennent des experts en la matière, ce premier bilan est non seulement flatteur mais aussi prometteur. Flatteur, parce que nos forces de sécurité intérieure n'étaient pas préparées à la lutte contre le terrorisme. Un terrain qui leur était étranger et dans lequel elles sont donc à leurs premiers balbutiements, en dépit d'une expérience éphémère vécue dans les années 90, sous la forme de la campagne musclée menée par Ben Ali en vue du déracinement du mouvement d'Ennahdha. Prometteurs, le bilan l'est aussi, dans la mesure où «l'ennemi» n'est plus inaccessible, et cela à la faveur d'un plan préventif minutieusement établi, par banque de données et recoupements interposés. Le tout dans une imposante mobilisation générale des différentes structures du ministère de l'Intérieur (police, garde nationale, services spéciaux, brigades anti-terrorisme, brigades spéciales, renseignements...), sans compter le concours précieux de l'armée et des hélicoptères. «Désormais, jubile un policier sous le couvert de l'anonymat, on part à l'offensive, et la marge de réussite de nos descentes ne cesse de progresser, grâce à une meilleure exploitation des renseignements recueillis, d'une part, et à un effort plus audacieux en matière d'infiltration des rangs des jihadistes, d'autre part». Pour notre interlocuteur, «pas question de céder à l'euphorie, étant donné qu'on a encore du pain sur la planche, surtout que le nombre de jihadistes tant tunisiens qu'étrangers se compte par centaines parmi nous. Mais, notez bien qu'ils n'iront pas loin, et rira bien qui rira le dernier». Des frontières quadrillées Le plan préventif pilote pour les besoins de la cause par le ministère de l'Intérieur ne se distingue pas seulement par son travail de sape dans les quatre coins de la République, mais aussi par une stratégie de quadrillage de nos frontières. Celles-ci, de l'aveu d'un douanier, n'ont jamais été aussi sollicitées sécuritairement et militairement qu'elles le sont en ce moment. En effet, outre les nouveaux postes de garde montés récemment par le ministère de la Défense, nos frontières terrestres avec l'Algérie et la Libye «pullulent», désormais, d'agents de police et de la garde nationale, ainsi que de soldats en œuvre, de jour comme de nuit. Tout ce beau monde est armé de munitions, d'appareils de détection sophistiqués et de logistique (camions, véhicules tout-terrain, hélicoptères...) en nombre suffisant. Un seul mot d'ordre : colmater toutes les brèches qui facilitaient, jusque-là, le passage clandestin aussi bien des jihadistes que des réseaux de contrebande. Mais ce qui est encore plus rassurant, c'est que ce plan de quadrillage des frontières est aujourd'hui exécuté avec la collaboration étroite des services de sécurité, militaire et de renseignements algériens et libyens. Une collaboration rendue inévitable par la volonté manifeste des politiques des trois pays de combattre énergiquement, et de façon plus musclée, les menaces de plus en plus sérieuses que représente le redoutable réseau d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L'Oncle Sam est passé par là Reste à dire que cette stratégie commune entre les trois pays a été, en grande partie, motivée, de l'aveu de la partie algérienne et de ses médias, par les précieux renseignements fournis par les Etats-Unis sur le mouvement des réseaux jihadistes épié aux portes des frontières des trois pays. Le «cadeau» offert par la CIA et le FBI, photos satellite à l'appui, a permis, jusqu'à présent, le démantèlement de trois camps d'entraînement installés par Aqmi à Souk Ahras, côté algérien, et à Jendouba, côté tunisien. Au suivant...